Ils interceptent nos lettres. Par respect pour votre vie privée ils ne regardent pas le contenu même de la lettre. Par contre ils notent dans un cahier la date, l’expéditeur et le destinataire, ainsi que le poids de la lettre, sa forme, et le bureau de poste utilisé pour l’envoi. Tout ça est noté, classé, sauvegardé, officiellement pour 5 ans.
Pour être complet ils font aussi de même avec les livres que nous lisons, les journaux que nous ouvrons, la musique que nous écoutons, les programmes télévision que nous regardons, les discussions que nous avons avec nos amis, nos dossiers professionnels et nos conversations téléphoniques.
Tout ça est de plus analysé par une équipe dite « boite noire ». Elle est chargée de tout croiser et de remonter les comportements qui lui semblent les plus suspects.
On ne connait pas les critères pour être suspect, afin que personne ne sache comment les contourner. Peut-être est-ce de lire un contenu qui semble lui-même suspect selon l’opinion de l’équipe. Peut-être est-ce simplement de parler à quelqu’un qui est lui-même lié directement ou indirectement à un suspect. Peut-être est-ce exprimer une opinion positive d’un évènement qu’on est sensé juger négativement. Peut-être est-ce plus compliqué, ou plus arbitraire.
On sait juste que si nous sommes qualifiés suspects, là ils auront aussi le droit d’ouvrir les lettres, d’enregistrer le téléphone et d’écouter nos conversations. Ils auront même le droit d’enregistrer tout ce que nous écrivons, peu importe où. Ils écoutent, lisent, mais aussi archivent pour cinq ans – ou plus si vous utilisez une langue qu’ils ne savent pas décoder.
Et si un livre, un tract, un journal, une musique ou un programme télé diffuse des informations vraiment gênantes d’après eux, il pourra être mis à l’index, et banni de toute diffusion publique pour éviter qu’on ne puisse y accéder.
Après tout c’est pour notre bien.
Non, ce n’est ni un délire paranoïaque ni de la science fiction à la Orwell dans 1984. C’est ce qu’on est effectivement en train de faire voter en France, aujourd’hui, officiellement.
On parle juste de le faire pour tout ce qui transite par Internet. Juste. Alors qu’aujourd’hui Internet devient le média qu’on utilise pour quasiment tout : livres, presse, divertissement, conversations publiques ou privées, échanges et documents professionnels, et même les discussions téléphoniques (dont skype et assimilés).
Bon, rassurez-vous ils ont prévu d’inclure aussi les téléphones portables classiques et, si vous êtes suspect, de pouvoir entre chez vous poser micros et traceurs GPS. Ainsi ils ne se limitent quand même pas à Internet.
Et on est en train d’accepter ça.
Après tout c’est pour notre bien, non ?
Quand c’est qu’on se rebelle ?
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