Le droit d’auteur n’est finalement qu’une exception très encadrée à la règle générale que l’immatériel est un bien commun. Tout ce qui ne respecte pas les critères de cette exception ne bénéficie d’aucune exclusivité.
C’est ce que rappelle le lien d’aujourd’hui quand le juge cherche et échoue à trouver la démarche créative originale dans des photos, et les déclare hors de tout champ de droit d’auteur.
Néanmoins il ne suffit pas de décrire une composition (1er plan, fond gris posé sur un support plat) il faut indiquer en quoi ce qui apparaît extrêmement banal peut être le résultat de choix artistiques révélateurs de la personnalité de son auteur.
De la même façon il appartient au photographe d’expliquer pourquoi un faible éclairage et la présence d’ombres ne sont pas la manifestation de l’absence de toute qualité technique du cliché mais au contraire le résultat d’un choix personnel en vue de produire un effet particulier.[…]
Néanmoins, il ne suffit pas de décrire les caractéristiques techniques d’une photographie qui en l’espèce sont extrêmement banales ; il convient d’indiquer en quoi celles-ci sont le résultat de choix esthétiques en vue de produire un effet particulier et non pas une exacte reproduction de l’objet en cause.
[…]
Néanmoins le choix de photographier un avion ou une partie d’avion dans un coucher de soleil n’est pas original alors que le coucher de soleil est un élément très recherché des photographes et qu’il est exploité de multiples manières.
L’exercice est d’autant plus intéressant en ce qu’il force le juge à être un critique de la démarche intellectuelle et de l’originalité. J’ai toujours vu des interprétations très larges de ces critères aussi j’ai l’impression que les auteurs des photos jugées se sont surtout trompés en décrivant la procédure de prise de vue et le résultat plutôt que la démarche intellectuelle qui les a entraînées (ou peut-être n’y en a-t-il pas eu ?). Le résultat c’est que ces photos sont considérées libres de droit.
Le petit rappel
J’en avais déjà parlé mais le lobby de la propriété intellectuelle a tellement bien fonctionné que les gens ont désormais du mal à admettre qu’un auteur puisse ne pas avoir de droit spécifique sur une image, un texte ou une vidéo. Pourtant les reproductions fidèles, les prises de vues banales et sans démarche intellectuelle originale, les articles de presse et l’information elle-même ne sont pas soumis au droit d’auteur, et l’auteur n’a aucune légitimité à en restreindre la diffusion ou la modification. C’est vrai quel que soit le temps passé, l’investissement réalisé, ou la difficulté de création, malgré les tentatives de syndicats pour retirer tout accès gratuit à l’immatériel.
Mieux: L’oeuvre résultante peut être originale dans le sens « différente de ce qui existe ailleurs », cela n’implique pas forcément une protection si cette originalité ne découle pas d’une démarche volontaire et originale de l’auteur.
À l’inverse, un résultat banal peut découler d’une démarche intellectuelle originale, et je suis bien à mal de savoir comment serait jugé un tel cas.
Laisser un commentaire