Catégorie : Architectures ouvertes

  • Peut-on faire repo­ser des déci­sions publiques sur des boites noires ?

    C’est ce qui est en train d’ar­ri­ver à Martell Chubbs en Cali­for­nie, accusé récem­ment de meurtre dans une affaire qui remonte à 1977, inculpé parce que son ADN corres­pon­drait à l’ADN trouvé sur place, selon les bases de données géné­tiques de la police améri­caine. Chubbs a donc demandé à inspec­ter le code du logi­ciel qui a fait la corré­la­tion entre son ADN et celui recueillit à l’époque afin de consta­ter l’exac­ti­tude des résul­tats. Bien sûr, le construc­teur du programme a refusé, faisant valoir le risque encouru par le dévoi­le­ment du code de son programme proprié­taire. Le tribu­nal a donc rejetté la demande de l’ac­cusé, lais­sant la défense libre d’exa­mi­ner le témoin expert, mais pas l’ou­til que le témoin invoque. D’autres tribu­naux améri­cains ont rendu des déci­sions semblables.

    […] “L’im­mu­nité logi­cielle n’existe pas”, rappelle Rebecca Wexler. Les erreurs de program­ma­tion peuvent modi­fier les rapports de vrais­sem­blance de l’ADN d’un facteur 10. Quand des experts ont mis à jour un bug dans un logi­ciel d’al­coo­test, la Cour suprême du Minne­sota a inter­dit qu’il puisse servir de preuve dans tout juge­ment futur.

    via Inter­net Actu

    Comme le dit l’ar­ticle, rien que le scan­dale récent de triche de Volks­wa­gen sur les contrôles anti-pollu­tion montre qu’un logi­ciel ne reste qu’un outil. Si on ne peut pas étudier les limites de l’ou­til, son analyse ne vaut rien.

    Le pire c’est que des problèmes graves dans les analyses ou procé­dures d’ana­lyses d’ADN, de cheveux, d’al­coo­lé­mie… on en trouve une bonne poignée en cher­chant un peu. Mais offi­ciel­le­ment, impos­sible de contes­ter les logi­ciels pour lesquels il n’y a encore eu aucun scan­dale.

    peut-on faire repo­ser des déci­sions publiques sur des boites noires ?

  • États-Unis : victoire cruciale pour la neutra­lité du Net

    Les cinq commis­saires qui dirigent la FCC ont consi­déré par trois voix contre deux que l’In­ter­net améri­cain devait désor­mais être consi­déré comme un « bien public » au même titre que le réseau télé­pho­nique, ce qui donne à la Commis­sion le pouvoir de faire appliquer la neutra­lité d’In­ter­net sur le terri­toire améri­cain.

    […] La Commis­sion peut désor­mais inter­dire aux four­nis­seurs d’ac­cès à Inter­net de bloquer arbi­trai­re­ment des conte­nus légaux, de ralen­tir ou d’ac­cé­lé­rer les flux de données sans justi­fi­ca­tion ou de prio­ri­ser certains conte­nus tran­si­tant par leur réseau moyen­nant paie­ment.

    C’est encore plein de détail, le combat est loin d’être fini, et n’a même qu’à peine commencé en Europe, mais c’est la bonne nouvelle de la semaine. Très impor­tante pour l’ave­nir.

  • Trois choses sur lesquelles vous devriez copier Google

    • Takeout : Pouvoir télé­char­ger toutes vos données dans un format stan­dard via un gros fichier zip.
    • Vali­da­tion en deux étapes : La possi­bi­lité d’im­po­ser un aller-retour par SMS ou l’uti­li­sa­tion d’une appli­ca­tion smart­phone en plus du mot de passe, pour sécu­ri­ser correc­te­ment votre compte.
    • Gestion­naire de compte inac­tif : Un système pour donner accès à vos données à une personne dési­gnée à l’avance si jamais votre compte devient inac­tif trop long­temps (avec une alerte pour vous permettre d’an­nu­ler l’opé­ra­tion juste avant qu’elle inter­vienne).

    Parce que pouvoir critiquer ce qui ne va pas implique aussi de pouvoir montrer ce qui est bien fait.

  • Reti­ring the Netflix Public API

    To better focus our efforts and to align them with the needs of our global member base, we will be reti­ring the public API program. Effec­tive on Novem­ber 14, 2014, public API deve­lo­pers will no longer be able to access Netflix content. All requests to the public API will return 404 errors.

    […]

    Thank you to all of the deve­lo­pers who have parti­ci­pa­ted in the ecosys­tem throu­ghout the years.

    Termi­ner comme ça c’est ajou­ter une insulte à l’hu­mi­la­tion.

    Vous nous avez bien servi, main­te­nant nous capi­ta­li­sons sur ce que vous avez créé et qui nous rému­nère le plus et nous vous coupons l’ac­cès au reste. L’éco­sys­tème ne nous inté­res­sait que le temps qu’on gagne une posi­tion domi­nante.

  • [blog] Suivi des discus­sions

    Vieux sujet traîné en commun avec Karl et David (mais pas que) : Faire en sorte de décen­tra­li­ser les blogs et les discus­sions qui s’en suivent.

    L’his­toire

    Par le passé nous avions Track­back. On envoyait une noti­fi­ca­tion aux conte­nus liés, avec le lien vers notre contenu, le nom du blog, un extrait et un titre. Le codage carac­tère était globa­le­ment mal géré, les titres et extraits se sont révé­lés globa­le­ment inutiles voire contre-produc­tifs, mais c’était implé­menté un peu partout et ça, tech­nique­ment, ça fonc­tion­nait assez bien.

    Pour faire court, les gens conti­nuaient à commen­ter dans le billet d’ori­gine plutôt que de commen­ter dans un nouveau billet chez eux. Par contre les track­backs étaient très utili­sés pour le spam, avec au final un ratio signal/bruit vrai­ment mauvais et donc l’aban­don du système.

    Il y a aussi eu Ping­back. Système simi­laire mais avec une auto­dé­cou­verte plus sympa et l’ar­rêt de trans­mis­sion des titres et extraits. Vu que ces derniers n’étaient jamais person­na­li­sés spéci­fique­ment pour la noti­fi­ca­tion, autant les récu­pé­rer direc­te­ment à partir du lien si jamais on en a besoin.

    Diffé­rence, Ping­back propo­sait de véri­fier la présence d’un lien sortant dans le contenu tiers avant de vali­der une liai­son entrante. Cette diffé­rence fut peu impac­tante au finale. L’idée a aussi été implé­men­tée dans les track­back mais les spameurs ont vite appris à faire des liens sortants pour poster leur spam, quitte à faire des liens invi­sibles pour le lecteur ou des liens tempo­raires suppri­més après l’opé­ra­tion.

    Je trouve aussi l’idée discu­table dans le sens où la valeur ajou­tée du lien n’est pas la même dans les deux sens. Si je réalise analyse sur une dépêche AFP, il peut être utile d’avoir une noti­fi­ca­tion chez plusieurs personnes qui reprennent verba­tim cette dépêche, mais cela n’au­rait aucun sens d’en lier plus d’un à partir de mon analyse (ce que la véri­fi­ca­tion de ping­back impose).

    Wiki­pe­dia cite aussi Refback. Je ne l’avais jamais vu forma­lisé sous ce nom mais la pratique est connue : Explo­rer les entêtes HTTP Refer­rer pour repé­rer de nouveaux liens entrants auto­ma­tique­ment. Les spam­meurs jouaient à faus­ser ces entêtes depuis long­temps donc là aussi ça n’a pas changé grand chose.

    Tous ces systèmes ne spéci­fient que la noti­fi­ca­tion. Il s’agit de parler un langage commun au niveau de cette noti­fi­ca­tion pour que ce soit plus simple pour tout le monde. Il reste à l’édi­teur du site lié de choi­sir ce qu’il fait de la noti­fi­ca­tion : L’af­fi­cher auto­ma­tique­ment avec une modé­ra­tion a poste­riori, gérer une liste blanche, mettre un système anti-spam auto­ma­tisé, ou même faire une vali­da­tion manuelle a priori.

    Il y a aussi Salmon, très orienté commen­taire, mais extrê­me­ment complexe et quasi­ment pas implé­menté (les deux sont certai­ne­ment liés). J’ai du mal à voir ce proto­cole réel­le­ment implé­menté partout.

    Webmen­tion

    Aujourd’­hui on parle de Webmen­tion. Même séman­tique que Ping­back, même méca­nismes d’au­to­dé­cou­vertes (seule la valeur de « rel » change), même requête initiale et mêmes para­mètres (seuls les noms des para­mètres changent légè­re­ment pour reti­rer les trois derniers carac­tères).

    Les diffé­rences tiennent exclu­si­ve­ment dans la préci­sion de la méthode HTTP à utili­ser (POST) et dans les codes de retours (Webmen­tion utilise les codes HTTP stan­dards et un lien vers la mention créée, là où Ping­back renvoie une code de retour dans le corps de la réponse).

    C’est tech­nique­ment plus satis­fai­sant pour les affi­cio­na­dos de HTTP mais la valeur ajou­tée fonc­tion­nelle est nulle. On ne fait rien de plus, rien de moins, et pas vrai­ment diffé­rem­ment. J’échoue d’ailleurs à

    Sachant que ping­back a une implé­men­ta­tion dispo­nible sur à peu près tous les gros moteurs de blogs, je ne trouve pas que cela justi­fie de lancer un nouveau proto­cole. En l’état c’est d’une utilité encore plus faible que ce que j’ima­gi­nais initia­le­ment. Pas de quoi m’em­bê­ter à l’im­plé­men­ter.

    En fait à choi­sir entre ping­back et webmen­tion, une fonc­tion­na­lité forte de ping­back est l’at­tri­but ping­back, qui permet­trait de faire une noti­fi­ca­tion auto­ma­tique suivant ce dernier proto­cole, et donc de rempla­cer (en opt-in) l’en­tête HTTP Refer­rer là où elle est bloquée par HTTPS. Cette possi­bi­lité me semble bien plus utile que le respect théo­rique de HTTP (je sens que je vais atti­rer pas mal de commen­taires avec cette phrase mais j’as­sume).

    Suivi des discus­sion

    Et puis j’ai l’im­pres­sion qu’on regresse un peu par rapport au track­back initial. Ping­back et Webmen­tion noti­fient d’un lien entrant, pas d’un suivi de discus­sion.

    Je peux avoir un lien entrant sans aucun ajout à la discus­sion, juste un relai. Inver­se­ment je peux avoir un nouveau contenu qui apporte à la discus­sion et qui méri­te­rait de noti­fier plusieurs conte­nus déjà exis­tant sans forcé­ment s’im­po­ser de faire des liens.

    Autre commen­taire de Karl : Certains aime­ront avoir plus qu’un lien, avec un petit texte sur le pourquoi de la noti­fi­ca­tion, de ce qu’ajoute ce nouveau contenu au sujet déjà en cours – par exemple pour orien­ter la modé­ra­tion et le choix de (non-)publi­ca­tion. Pas forcé­ment perti­nent de le rendre obli­ga­toire (ça empê­che­rait pas mal d’au­to­ma­tismes) mais le rendre possible serait utile.

    Et si je n’im­pose pas de lien dans le contenu noti­fié, il faudra que je puisse en authen­ti­fier l’ori­gine. Un système de signa­ture simpliste devrait suffire mais sera néces­saire.

    Faire une spéci­fi­ca­tion qui implé­mente ça demande deux heures tout au plus. Rien n’em­pêche même qu’elle soit compa­tible avec Webmen­tion et qu’on puisse avoir un point d’en­trée unique. Simple­ment ça n’a de sens que si je ne suis pas le seul à jouer.

    David, Karl, les autres ? vous en pensez quoi ?

  • The lie of the API

    Quelques réponses sur un billet qui a beau­coup circulé : The lie of the API.

    Ça flatte beau­coup la mouvance HATEOAS mais je n’ac­croche pas. Même avec des clients très smart, impos­sible de faire un même site pour les visites « navi­ga­teur » et les accès « API ».

    Le logi­ciel client de l’API ne sera jamais assez intel­li­gent pour comprendre autant le contexte que l’hu­main derrière son navi­ga­teur, et jamais assez souple pour gérer des chan­ge­ments non prévus.

    Donc partons de notre biblio­thèque qui expose des collec­tions avec des conte­nus, chacun reliés à des auteurs.

    Et si demain je change mes repré­sen­ta­tions pour ne plus mettre les bio des auteurs dans la fiche du livre direc­te­ment ? Certes tech­nique­ment il est possible de faire un robot qui sache récu­pé­rer cette bio sur la fiche de l’au­teur, mais quelle est la proba­bi­lité que les robots actuels gèrent le chan­ge­ment ?

    Et si demain le site web est changé pour que le point d’en­trée premier soit l’au­teur ? Le logi­ciel saura-t-il recher­cher un livre dont il ne connait pas l’adresse ?

    Et si demain je change le système de clas­si­fi­ca­tion des livres pour passer de BISAC à la CLIL française ? Quelle proba­bi­lité que le robot et l’ap­pli­ca­tif derrière gère ça de façon trans­pa­rente ?

    La partie desti­née au robot (qu’on nomme géné­ra­le­ment « API ») n’a simple­ment pas les mêmes besoins que la partie desti­née aux humains (qu’on nomme souvent « web »). On peut faire conci­lier les deux au début, mais ça va casser au fur et à mesure des évolu­tions de la partie desti­née aux humains.

    Tout ça pour quoi ? La satis­fac­tion intel­lec­tuelle du déve­lop­peur qui se dit qu’il corres­pond au schéma idéal du web. La valeur ajou­tée ne me semble pas justi­fier le risque.

    C’est d’au­tant plus vrai qu’en réalité les clients qui codent des robots hyper­me­dia corrects il n’y en a pas tant que ça. Rapi­de­ment des tiers vont coder des robots en faisant de l’in­gé­nie­rie inverse sur les adresses, les iden­ti­fiants, la struc­ture, les données. Ça sera peut être de leur faute, mais ça va casser si vous faites des chan­ge­ments en vous repo­sant unique­ment sur le côté hyper­me­dia.

    D’où la ques­tion : Souhai­tez-vous que ça fonc­tionne ou avoir raison ?

  • La fin d’AdB­lock ? Google prend le contrôle exclu­sif des exten­sions Chrome

    La fin d’AdB­lock ? Google prend le contrôle exclu­sif des exten­sions Chrome. Le titre est là pour faire du buzz mais le problème est réel : Celui du contrôle de l’éco­sys­tème et de l’as­sujet­tis­se­ment à une ou plusieurs multi­na­tio­nale qui décident ce qu’on a le droit ou non de faire sur le web, avec nos conte­nus.

    Rappe­lez-vous qu’en mars de l’an­née dernière Google qui menaçait de mettre des appli­ca­tions Android dehors si elles ne passaient pas par la solu­tion de paie­ment inté­grée de Google (avec les commis­sions adéquates). Rappe­lez-vous encore aujourd’­hui Google qui bloque les reve­nus publi­ci­taires dès qu’on voit un bout de peau dénu­dée sur le site web.

    Le fait de pouvoir faire ou pas ce qu’on veut sur la porte d’en­trée sur le web est juste un enjeu de société. À la limite ne pas pouvoir placer d’ex­ten­sions est moins dange­reux : on ne risque pas de se voir orienté incons­ciem­ment par ce qui est présent.

     

  • Bonnes pratiques API – les fichiers

    J’ai eu la chance d’échan­ger autour des API à trois confé­rences récem­ment. Les sujets ont été globa­le­ment les mêmes mais sous des angles diffé­rents.

    Mes réflexions avancent suite aux discus­sions et aux diffé­rents retours. Main­te­nant c’est à moi de travailler un peu pour ordon­ner tout ça et le retrans­crire quelque part.

    Entre temps je mets en ligne mes notes et mes présen­ta­tions pour ceux que ça inté­resse.

    Je vous recom­mande surtout les notes et la présen­ta­tion Paris-Web comme premières lectures. Norma­le­ment les trois présen­ta­tions ont été enre­gis­trées en vidéo, vous devriez les retrou­ver sur les pages des diffé­rents événe­ments le temps que le montage soit terminé (mais en géné­ral ça prend du temps).

  • À quoi ça sert

    Quand vous aurez tous vos conte­nus sur Amazon, toute votre commu­ni­ca­tion sur Google et toutes vos rela­tions sur Face­book, et que deux ans après l’un des trois ou les trois vous dit « vous signez ici ou vous aban­don­nez tout ce que vous avez », il sera un peu tard.

    Ce scéna­rio n’est même plus de la prédic­tion, c’est le présent et ça a déjà commencé. Le billet précé­dent sur la messa­ge­rie instan­ta­née n’est qu’une anec­dote, mais qui fait partie d’un mouve­ment de fond bien puis­sant.

    Ce qui m’agace le plus c’est que les gens laissent faire, et même semblent ne pas s’en préoc­cu­per.

    Parfois j’ai presque envie de lais­ser tomber le web à tel point je me dis « c’est foutu les gens s’en moquent ».

    J’ai l’air bien beau à résis­ter en contrô­lant mes adresses et mes iden­ti­fiants avec mon nom de domaine, voire mes services sur mon serveur perso. C’est utile pour moi mais ce n’est acces­sible qu’à une mino­rité. Mener le combat seul ne sert à rien : Si vous vous êtes tous vendus, alors pour conti­nuer à vivre en rela­tion avec vous je n’ai d’autre choix que de faire de pareil.

    Seuls nous n’avons quasi­ment aucune chance de propo­ser une alter­na­tive, pour­tant c’est juste essen­tiel pour nous, notre avenir, et celui de nos enfants. Si ça vous parait encore être une « grande phrase », c’est que vous ne réali­sez pas encore ce qui se joue aujourd’­hui.

  • Messa­ge­rie instan­ta­née et jardins fermés

    Je suis très pessi­miste sur les évolu­tions récentes dans la messa­ge­rie instan­ta­née.

    Le mieux

    Pendant un temps ça s’est un peu amélioré. Les non-tech­ni­ciens ne le voyaient pas mais on a commencé à ouvrir un peu les réseaux. Le proto­cole ouvert et stan­dar­disé XMPP s’est plus ou moins imposé comme base, et Jabber (le réseau des serveurs XMPP ouverts) commençait à prendre pas mal d’im­por­tance.

    Apple iChat, Google et même MSN savaient désor­mais plus ou moins commu­niquer entre eux via ce proto­cole, éven­tuel­le­ment avec quelques arti­fices. Chacun pouvait aussi monter son propre sous-réseau chez lui ou dans son entre­prise, avec sa propre adresse, et commu­niquer avec les gros réseaux de façon trans­pa­rente. Même Skype avait annoncé déve­lop­per un connec­teur pour la partie texte de sa messa­ge­rie. AIM avait de plus commencé à s’ou­vrir au réseau de Google, ce qui était un premier pas.

    Mais ce n’est pas tout : AIM, ICQ, Yahoo! Face­book et bien d’autres ont migré vers ce même proto­cole.Même si leurs réseaux restent isolés les uns des autres, il était possible d’uti­li­ser le même proto­cole et donc d’avoir des appli­ca­tions qui faisaient tout. C’était encore loin d’être idéal, parfois les fonc­tion­na­li­tés avan­cées des diffé­rents réseau n’étaient pas gérées, et pour certains l’im­plé­men­ta­tion était expé­ri­men­tale ou en déve­lop­pe­ment, mais la direc­tion était plus qu’en­cou­ra­geante. Même twit­ter avait une inter­face avec le proto­cole XMPP pour certains flux.

    Les appli­ca­tions Pidgin et Adium permet­taient ce qui manquait encore, en implé­men­tant tous les proto­coles prin­ci­paux. Sous réserve d’avoir un compte sur chaque réseau il était possible de centra­li­ser toute la messa­ge­rie sur une seule appli­ca­tion et de ne pas se préoc­cu­per de savoir qui est sur quel réseau (ou même qu’il existe diffé­rents réseaux).

    Il n’y a presque que Skype qui restait dans son coin mais, au moins dans nos pays, il était quasi­ment exclu­si­ve­ment utilisé pour la voix, pas pour la messa­ge­rie instan­ta­née.

    Et le moins bien

    Malheu­reu­se­ment le « je veux mon réseau social comme Face­book » semble être à la mode et on a tout détri­coté tout juste quelques mois.

    Twit­ter ? Ils ont fermé leur inter­face XMPP, et les évolu­tions montrent qu’ils tentent de contrô­ler les diffé­rentes appli­ca­tions clientes. Le nombre maxi­mum d’uti­li­sa­teurs par appli­ca­tion non-offi­cielles fait qu’il est illu­soir d’ima­gi­ner une compa­ti­bi­lité stable et pérenne avec des appli­ca­tions de messa­ge­rie instan­ta­née.

    MSN ? Ils ont racheté Skype et a annoncé migrer ses utili­sa­teurs de Windows Live vers ce réseau. Le réseau MSN fonc­tionne encore alors que sa date d’ex­tinc­tion est désor­mais passée, mais rien ne permet de dire si ça perdu­rera encore long­temps.

    Le proto­cole Skype n’est malheu­reu­se­ment pas ouvert et ce ne semble pas être la direc­tion souhai­tée en interne. Il est probable qu’il faille désor­mais commu­niquer avec les contacts MSN via Skype et unique­ment Skype.

    Il existe encore un plugin Skype pour Pidgin mais il impose d’avoir le client Skype lancé et connecté, ne couvre pas le mobile, et semble ne pas fonc­tion­ner correc­te­ment pour les utili­sa­teurs qui ont fusionné leur compte Skype et leur compte MSN.

    Google ? Google vient d’an­non­cer le passage à Hangout. Ils avaient déjà éteint un bref moment les échanges entre leurs serveurs de messa­ge­rie et les serveurs tiers, rompant l’in­te­ro­pé­ra­bi­lité. Désor­mais c’est tout le proto­cole XMPP qui est jeté. Impos­sible de commu­niquer avec des utili­sa­teurs non Google une fois que vous avez migré, pas même avec les utili­sa­teurs du réseau AIM qui avaient une liai­son spéci­fique. Impos­sible aussi d’uti­li­ser un client autre que les clients Google.

    L’an­cien réseau XMPP de Google est encore là mais on ne sait pas pour combien de temps. Toujours est-il que les utili­sa­teurs vont migrer vers Hangout au fur et à mesure (consciem­ment ou non) et ce sont autant de gens qui devien­dront injoi­gnables pour ceux qui n’y sont pas encore. Pire : Il semble qu’ils sont encore vus comme connec­tés, mais ne peuvent pas lire vos messages ou vous en envoyer.

    Là aussi, le proto­cole n’est pas connu, donc il faudra avoir un logi­ciel spéci­fique pour Hangout, impos­sible d’uti­li­ser Pidgin ou un équi­valent.

    Sans avenir

    Twit­ter, MSN et Google s’en­ferment chacun dans leur pré : impos­sible de commu­niquer avec eux depuis l’ex­té­rieur, ou d’avoir une même appli­ca­tion qui se connecte aux diffé­rents réseaux. Diffi­cile de comp­ter sur Face­book pour s’ou­vrir, et les autres qui étaient au stade de déve­lop­pe­ment ou d’ex­pé­ri­men­ta­tion ne risquent pas d’in­ves­tir pour péren­ni­ser la chose désor­mais.

    Bref : Vous appar­te­nez au réseau que vous choi­sis­sez, et vous n’êtes qu’un pion dans la guerre qui oppose les multi­na­tio­nales d’In­ter­net. Le courant domi­nant est main­te­nant de fermer les fron­tières et de capi­ta­li­ser sur les utili­sa­teurs pieds et poings liés, c’est à dire vous. Votre proprié­taire pourra vous impo­ser les conte­nus, les services ou la publi­cité qu’il souhaite (rassu­rez-vous, il atten­dra un peu que ça se calme avant de le faire, histoire de ne pas risquer une migra­tion en masse). Une société souhaite lancer des conte­nus ou inno­ver ? OK si elle paye votre proprié­taire et n’entre pas en concur­rence avec lui. Moins vous pour­rez commu­niquer avec l’ex­té­rieur, mieux ce sera car vous serez sous contrôle de votre proprié­taire de réseau.

    Sauf renver­se­ment de situa­tion ou prise de conscience excep­tion­nelle des utili­sa­teurs :

    • Jabber est mort à court ou moyen terme, sauf pour quelques geeks et inter­nautes convain­cus
    • Vous ne pour­rez plus choi­sir vos appli­ca­tions, il faudra accep­ter les appli­ca­tions offi­cielles, en leur donnant les droits qu’elles demandent, en accep­tant publi­ci­tés, mises en avant ou marke­ting qu’elles choi­sissent
    • Si vous n’ac­cep­tez pas de vous lais­ser enfer­mer et menot­ter sur un seul réseau, il faudra instal­ler et lancer simul­ta­né­ment plusieurs logi­ciels diffé­rents non inter­opé­rables
    • Le web ouvert est mal barré