Non mais vous rigolez ?
J’écoute personnellement peu de musique. Les débats radicaux sur la contrefaçon musicale m’étaient un peu étrangers et je ne regardais la question que sous l’angle des effets de bord induits par la lutte anti-piratage… jusqu’à maintenant.
Aujourd’hui nous avons voulu acheter un vieil album de musique plus à la mode. Avec un léger doute en nous connectant nous l’avons tout de même trouvé rapidement. Voilà le résultat de notre expérience. Ceci n’est pas une fiction.
C’est le bordel
FNAC. C’est là que nous sommes allés en premier. Quand on recherche on trouve plusieurs fois l’album. Le prix est différent, l’un est aussi accessible en mp3 l’autre non. Le prix varie du simple au triple. Je comprends l’idée d’agréger plusieurs commerçants sur la même plateforme mais là c’est franchement malvenu comme résultat. Ne proposer qu’une fois l’album avec ensuite la liste de marchands serait plus naturel.
Bon, on clique sur le seul accessible en mp3. C’est le lien « officiel », celui vendu par la FNAC elle-même. Sur la page de l’album on nous propose le disque physique ou la version téléchargeable. Très bien.
Ça coute moins cher mais vous l’achetez plus cher
Ah non, pas très bien en fait ! Ils nous font une bonne blague. La version dématérialisée, qui ne demande pas de stock et de transport, elle n’est pas au prix initialement affiché. On voit dans la page de l’album qu’elle est un tiers plus cher. Oui, vous avez bien lu, le dématérialisé coute quand même un tiers de plus que le support physique.
De qui se moque-t-on ? Indépendamment du prix lui-même, impossible de cautionner un délire pareil. Nous partons ailleurs.
C’est *vraiment* le bordel
Amazon. On recommence là bas. Recherche de l’album. Là ce n’est pas deux ou trois résultats mais plus d’une trentaine, pour le même album (même pochette). Et je prends lequel moi ? Là aussi ça doit venir de plusieurs commerçants mais le nom du commerçant n’est pas explicité donc c’est vraiment du clic au hasard.
On ne peut même pas dire qu’on va prendre le moins cher, les prix sont standardisés. Sauf exception c’est 0,99 € le titre et 9,99 € l’album. La concurrence n’existe pas, il y a visiblement un accord de groupe.
Seul le premier item, accessible avec et sans support physique, est un peu moins chère. Il se révèle que c’est l’item d’Amazon lui-même, les autres sont des partenaires là juste pour la forme (et perdre le client).
Quand il y en a moins ça coute plus cher
En filtrant seulement ceux accessibles en mp3 on se rend compte, magie de l’internet que la version avec des pistes bonus est moins chère que la version nue. Je crois qu’on va prendre la version enrichie de bonus alors. Bon, en même temps les bonus ne sont que deux remix. S’il faut se les farcir pour payer moins cher, j’effacerai moi-même les deux fichiers mp3 ensuite.
Cette version avec bonus est au même prix que l’album physique, qui elle a toujours eu les soit-disants « bonus » même si ce n’est pas indiqué. Comprendre : la version nue mp3 est plus chère parce qu’ils ont retiré des pistes présentes dans l’album initial. C’est magique Internet non ?
Ça coute moins cher, alors on va quand même le faire payer plus
Soyons redevables à Amazon. Eux, à contenu égal, ne facturent pas plus cher pour la version sans support physique.
Pourtant à y regarder de plus près on peut quand même si dire qu’on paye encore plus cher le mp3 que le disque, alors que ce dernier a un stock et un objet à produire.
Amazon offre en effet gratuitement la livraison express en moins de 24h quand on prend le CD physique. Hors Amazon Premium c’est un service qu’ils vendent entre 8 et 10 €. Au final on achète surtout la livraison. Le prix réel du CD est très faible, probablement à peine la moitié de ce qui est affiché.
Sur la version dématérialisée il y a aussi un coût de mise en téléchargement mais ce coût pour à peine 100 Mo est ridicule par rapport à un coût de livraison express.
Le résultat, c’est que si met de côté la livraison qui est un service inutile lors du mp3, on paye la musique bien moins chère sur CD que sur mp3, quasiment moitié moins.
Avez-vous le logiciel super indispensable mais inutile ?
Soyons fous, on va payer le même prix qu’avec support physique. On aura le support physique en moins, des fichiers de moins bonne qualité que ce qu’on aurait extrait nous, mais au moins ça va être simple et rapide. On est dimanche, le confort se monnaye, on achète.
Aie, Amazon impose le téléchargement d’un logiciel Windows pour télécharger la douzaine de fichiers mp3. C’est quand même étrange qu’ils ne soient pas capables de nous les proposer directement dans le navigateur ou via une simple archive zip.
On télécharge, ça remet le panier à zéro, on ne sait pas pourquoi. C’est juste agaçant. On ajoute de nouveau au panier, on n’a pas fait tout ce chemin juste pour rien quand même. On achète, soyons fous.
Oui, mais au moins c’est plus rapide et plus pratique avecle logiciel (ben tiens…)
Le logiciel est-il vraiment fait pour nous simplifier la vie ? À l’achat le navigateur télécharge automatiquement un petit fichier avec une extension bizarre et voilà. Oui, nous travaillons ou avons travaillé tous les deux dans le web mais il a fallu vérifié dans nos mails et revenir lire la page de confirmation du site d’Amazon pour nous rendre compte qu’il avait téléchargé ce petit fichier et qu’il fallait le lancer à l’aide du super outil de téléchargement installé auparavant. C’est peut être que c’est dimanche, mais je ne peux pas croire qu’on vient de simplifier la vie du client.
Téléchargeons alors. Au bout de 35 minutes le téléchargement en est à un tiers. Aux deux tiers le logiciel semblait bloqué, il a fallu lui dire d’arrêter puis reprendre les téléchargements pour qu’il veuille bien continuer. J’ai téléchargé des DVD complets de distribution linux plus vite que ça. Voilà pour les côtés pratiques et rapides.
Factuellement j’aurai plus vite fait de faire 30 minutes de métro pour aller à la FNAC des Champs Élysées ouverte le dimanche, chercher le CD, faire la queue pour payer, revenir et extraire les pistes audio en mp3. Je ne parle même pas de l’idée d’aller trouver une version piratée sur Internet.
Oui, mais au moins c’est mieux fait qu’à la maison
Il faut quand même pointer le positif. Cette fois ci on a des fichiers globalement de bonne qualité, avec l’illustration intégrée dans les pistes, et les méta-données principales déjà renseignées.
Pas de quoi pavoiser tout de même : Pour des versions fournies par la maison de disque ils auraient pu faire l’effort de mettre la date de la piste et non la date de l’album, de renseigner aussi le compositeur et les autres méta-données de détail, mais c’est déjà ça.
Ouvrir une offre légale
Nous sommes dans la mauvaise blague depuis le début. Il a fallu presque deux heures, une expérience désastreuse et un prix injustifié pour télécharger un pauvre album légalement.
Sérieusement, ce qui pose problème ce n’est pas tant la disponibilité de l’offre légale ou la volonté de payer, c’est vraiment la façon dont toute l’industrie musicale aborde le dématérialisé.
Devoir subit un parcours du combattant, utiliser un logiciel spécial, payer plus cher qu’un CD et mettre plus d’une heure trente pour télécharger un pauvre album, je n’en reviens pas. Dire qu’on subventionne de façon délirante tous les acteurs de ce cirque qui osent après considérer que c’est la faute des méchants pirates si leur offre légale fonctionne mal…
Laisser un commentaire