E. Macron reprend encore l’idée du plafonnement des indemnités prud’hommales en cas de licenciement.
L’idée c’est de limiter la responsabilité de l’entreprise quand elle viole la loi ou le contrat de travail. En creux ça veut aussi dire que la victime de ces illégalités ne serait pas indemnisée à hauteur du préjudice. C’est déjà la partie la plus faible des deux mais tant pis pour elle si elle est victime, à elle d’assumer.
Je ne comprends même pas dans quel monde on peut imaginer ça légitime ou même souhaitable. Quelqu’un m’explique ?
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Qu’on ne me dise pas que les plafonds sont étudiés en fonction de cas pratiques et ne changeront rien en réalité. Si ça ne changeait rien, il n’y aurait pas besoin de les mettre en œuvre.
Lors des discussions précédentes le ministre avait dit faire en sorte que le plafond corresponde en théorie à la moyenne des indemnisations de la catégorie. Par définition ça veut dire qu’à peu près la moitié des indemnisations sont réduites, mais que les autres ne sont pas augmentées pour autant. Bref, ça change, et pas qu’un peu.
En pratique je me rappelle que dans mon cas il était prévu que le plancher d’indemnisation minimum de 6 mois de salaire devienne un plafond d’indemnisation maximum. Je ne sais pas vous mais pour moi ça changeait tout.
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Je n’achète pas non plus l’argument d’amélioration de l’efficacité et des délais. Quand les parties sont d’accord il y a déjà un processus de conciliation avec des barèmes de référence. Si on cherche à faire des plafonds c’est bien que ça ne fonctionne pas.
Il faudra toujours juger qui a raison, et évaluer le dommage (ce serait un plafond, pas un forfait). Les délais seront toujours énormes rien que pour obtenir la première audience de conciliation qui ne sert à rien. Si on veut raccourcir les délais il y a de quoi faire, et ça ne se joue pas sur les montants des indemnités.
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Si la mesure est soutenue c’est surtout pour les entreprises, pour faciliter le calcul qu’elles font déjà : « si je licencie alors que je n’ai pas le droit, combien ça va me coûter ».
Là il s’agit non seulement de sécuriser financièrement une action qu’on sait déjà illégale, mais en plus d’en diminuer le montant.
De là à dire qu’on fragilise les droits et qu’on renforce l’entreprise face au salarié, il n’y a qu’un pas. Et ‘op, je le franchis.
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Le dernier argument c’est celui du pauvre gérant de TPE qui fait des erreurs de bonne foi.
Outre que le plafonnement couvre surtout tous les autres cas, j’ai toujours du mal à voir pourquoi ce serait au salarié d’assumer l’erreur et de payer le dommage créé par son employeur, fut-il de bonne foi.
En cette période de chômage de masse le salarié (lui aussi souvent pauvre) est-il à ce point en position aisée pour qu’on doive laisser les conséquences à sa charge ?
Aidons ces gérants de TPE via une ligne de support juridique, proposons-leur une assurance gérée par le privé ou par l’État pour gérer ce genre de problèmes, mais en aucun cas il n’est légitime de faire payer la victime qui est déjà celle qui est le plus en position de faiblesse.
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Tout ça répond à une seule logique bien connue du libéralisme contemporain : Il faut privilégier l’entreprise sur l’individu, l’entrepreneur sur le salarié, l’économie sur la vie personnelle. L’idéologie jamais confirmée dans l’histoire, c’est que ça profitera in fine à la population, quitte à sacrifier quelques années voire quelques générations le temps que ça s’équilibre.
Merci mais non merci.
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