Soupçon de radi­ca­lité

D’un côté, ils nous soupçon­naient d’être d’ex­trême gauche, de l’autre ils sous-enten­daient qu’on était isla­mistes.

Sud Ouest, à propos d’une perqui­si­tion admi­nis­tra­tive en Dordogne

Ce n’est qu’un exemple mais ça ne semble pas anec­do­tique comme événe­ment. La force public et l’État combattent l’ex­trême et le radi­cal sous couvert de terro­risme.

La peur nous fait faire n’im­porte quoi. Avoir les mauvaises opinions devient dange­reux pour soi. Être même simple­ment sur la voie vers ces opinions devient condam­nable. Chacun, des méde­cins aux insti­tu­teurs, est mis en devoir de dénon­cer son voisin soupçonné d’être en voie de radi­ca­li­sa­tion. On imagine des lieux de déra­di­ca­li­sa­tion, et le gouver­ne­ment va même jusqu’à faire tester la léga­lité de centres d’in­ter­ne­ment pour radi­ca­li­sés.

On peut penser au terro­risme, mais au final la police de la pensée poli­tique n’est pas loin. Nous ne jugeons plus des faits et des actes, mais des opinions poli­tiques. Quoi que nous pensions de ces idées, nous sommes sur un terrain très glis­sant.

Aujourd’­hui l’anar­chisme est de l’ex­trême gauche, extrême, radi­cal au point de justi­fier une intru­sion forcée de l’État. Vouloir enfer­mer des gens simple­ment soupçon­nés de peut être être à même de trou­bler l’ordre public, sans déci­sion d’un juge, non. Il y a 70 ans c’était le contraire. Ce qui est radi­cal ou extrême est unique­ment rela­tif à la pensée commune du moment.

Rica­nons de 1984, mais de la guerre à la novlangue poli­tique en passant par la réha­bi­li­ta­tion de la pensée des déviants, nous en avons fait un présent… juste un peu moins cari­ca­tu­ral (ou peut être juste que nous sommes trop au milieu pour en prendre tota­le­ment conscience).


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Commentaires

2 réponses à “Soupçon de radi­ca­lité”

  1. Avatar de Stéphane Deschamps

    Je pense effectivement que nous sommes trop « dedans » pour nous rendre compte de l’aspect caricatural.

    Enfin si, un peu, ça vient avec l’affliction.

    Si ça continue (et le gouvernement n’a pas l’air de vouloir que ça s’arrête), les historiens de dans 40 ans schématiseront en quelque chose qui ressemble à l’institutionnalisation de la délation collabo d’il y a 70 ans, oui.

  2. […] C’est effrayant quelque part. Surtout quand on en vient à policer les opinions, ou la radicalité des opinions d’autrui. […]

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