On avance dans beaucoup de boîtes sur le télétravail mais peu vont jusqu’au bout de la logique. On donne un ordinateur portable, parfois un écran, et vogue la galère. En réalité j’ai besoin de bien plus et non je n’ai pas forcément déjà le matériel de qualité disponible pour ça.
J’ai besoin d’un bureau à ma taille, d’un fauteuil de qualité pour rester huit heures par jour, d’être bien vu et bien entendu pour les visio, d’un wifi qui aille jusqu’à mon bureau, d’un clavier et d’une souris externes de qualité, ainsi que d’un casque pour bien entendre – à réduction de bruit active si possible parce que je ne suis pas toujours seul dans l’appartement, et que je ne maitrise ni les travaux des voisins ni ceux dans la rue.
Parfois j’ai des choses de la liste, parfois non, parfois pas d’une qualité suffisante, parfois j’ai simplement envie d’en avoir la pleine jouissance sans me dire que je suis contraint par l’usage professionnel, et je n’ai en tout cas aucune envie de prendre à mon compte le remplacement ou la réparation de matériels qui servent en réalité principalement pour mon activité salariée.
Bref, il est du rôle de l’entreprise de fournir un poste de travail de qualité pour le télétravail, de la même façon qu’elle le fait déjà pour ses propres locaux. Ça ne devrait pas être optionnel. Ça l’est d’autant moins quand l’extension du télétravail permet à l’entreprise de payer moins de postes de travail dans ses locaux.
Alors quoi ? J’ai fait l’exercice en cherchant du très haut de gamme (voir ce second billet à ce sujet). Ça parait exagéré mais vous risquez d’être surpris dans la suite.
€ TTC | € HT | |
Bureau assis-debout électrique Flexispot EC5 ou E6 (suivant la hauteur) + Plateau Ikea Linnmon 150×75 | 450 | 375 |
Fauteuil ergonomique – Herman Miller Embody – RH New Logic 220 – Kinnarps 9000 – BMA Axia | 1 500 | 1 250 |
Webcam haute qualité Logitech StreamCam | 160 | 135 |
Micro HD + Bras articulé Blue Yeticaster | 230 | 190 |
Casque anti-bruit bluetooth et filaire Bose 700 | 320 | 270 |
Écran secondaire très large haute déf. avec hub pour réduction du câblage Dell U4021QW (40″ 21/9e) | 1 800 | 1 500 |
Clavier et trackpad ou souris bluetooth | 275 | 230 |
Lampe de bureau | 150 | 125 |
Couple de boitiers CPL avec WIFI Devolo Magic 2 WiFi | 200 | 170 |
TOTAL | 5 100 € TTC | 4 240 € HT |
On peut faire tomber 25 % avec un environnement moins haut de gamme, ou retirer 60 % pour un environnement plus basique.
La réalité c’est que si tout le monde n’aura pas besoin de toute la liste (ou même envie que toute la liste), on ne parle pas de quelques centaines d’euros donnés pour accompagner le petit matériel.
Et pourtant, pour ce super haut de gamme qui va impacter confort et productivité, même en affectant l’intégralité du matériel même à ceux qui n’en ont pas besoin, en le renouvelant à la fréquence ridiculement courte de 3 ans, on arrive à… 120 € hors taxes par mois.
Sur un amortissement plus réaliste de 5 ans on tombe à 90 € hors taxes mensuels. À ce tarif c’est jouable même pour un indépendant.
Managers, entreprises, directions des ressources humaines, il est temps de vous réveiller et faire un pas raisonnable. Économiser 100 € mensuels en ne fournissant pas le matériel pertinent à des salariés payés plus de 5 000 € cotisations sociales incluses. Les 100 à 300 € annuels pour du petit matériel qui sont souvent alloués à ce titre ne sont pas au niveau. C’est ridicule et méprisant.
Même en ajoutant une quote-part du chauffage, des charges et de la valeur locative de l’espace utilisé (oui c’est légitime), on arrive à moins de 250 € par mois.
Un poste de travail dans les locaux de l’entreprise, espace et services inclus, c’est beaucoup plus proche de 500 à 1 000 €. Autant vous dire qu’en réalité on ne parle pas de frais, on parle d’économies.
Même pour le télétravail partiel, pour peu que les présences moins importantes permettent de retirer quelques postes ou qu’on vous demande de rembourser moins d’abonnement de transport, on s’y retrouve.
Note : J’adorerais monter un service clef en main pour les entreprises qui gère l’équipement des postes de télétravail. On n’est alors pas forcément sur ces tarifs mais c’est dans tous les cas largement raisonnable pour une entreprise qui investit vraiment sur l’environnement de travail de ses salariés.
Si ça vous intéresse d’en parler (soit pour entreprendre soit pour y souscrire), faites moi signe. Si jamais il y a assez d’intéressés pour amorcer l’idée d’un service de qualité, ça mérite attention.
9 réponses à “Poste de télétravail”
Bien entendu là dessus il faut ajouter l’ordinateur portable lui-même, mais c’est vrai qu’on soit en présence ou en télétravail.
Là dessus, comme le reste, sur _le_ matériel le plus important et qui a un impact immédiat sur la productivité, sachant qu’il va durer au moins trois ans, surtout sur du matériel peu évolutif après coup, économiser est une _très_ mauvaise option.
Bonjour Eric,
J’étais effectivement surpris de ne pas voir de software. Quid de la licence Microsoft si on travaille chez soi sur un Linux ? Quid de l’antivirus ? des logiciels ou suites logicielles ? Pour le premier confinement on a vu beaucoup de cas pour lesquels les salariés allaient récupérer leur poste de travail au bureau pour le ramener à la maison. Or c’est une hérésie en terme de sécurité informatique et de souveraineté des données de l’entreprise. En effet, au sein de l’entreprise elle-même, le responsable RGPD doit savoir exactement où sont stockées les données des clients, utilisateurs, etc, comment, et pendant combien de temps. Or si les employés du service marketing emmènent tout ça chez eux, bonjour les risques de vols/pertes de données. Egalement, les développeurs qui doivent mettre en place des filtrages sur IP pour accéder aux API, depuis leur IP à domicile. On a pu voir dans l’éducation nationale le nombre d’adoption de solutions « Cloud » qui répondaient à l’urgence mais nullement aux questions de souveraineté numérique.
J’avoue ne pas avoir de billes à donner là dessus. Je travaille avec des dev qui dans l’ensemble étaient déjà mobiles donc pour qui la question logicielle ne de pose pas tant que ça, si ce n’est éventuellement lancer un VPN les rares moments où il y a besoin de se toucher aux machines de prod
Je suggère aussi un multi-port USB (USB 3 évidemment et/ou USB-C) pour relier tout cela, et une multiprise parafoudre pour les alimenter.
Exemples :
https://www.fnac.com/mp40631061/Ports-Hub-USB-3-0-7-Commutateur-USB-Multiple-Splitter-Panel-Porta-pour-PC-Portable-Wenxibe064/w-4
https://www.boulanger.com/ref/1052326
À charge aussi à l’employeur de fournir un ENT, extranet ou autre cloud (pour l’espace disque et des appli spécifiques), et de permettre a l’employé-e de se payer un VRAI antivirus pour la sécurité de touTEs.
(Sans compter la formation aux BP d’hygiène… ou au moins orienter vers les guides de l’ANSSI.)
Je n’ai pas mis de hub parce que l’écran que j’ai proposé est en USB-C et repartage déjà des ports.
Bonjour Éric,
Merci pour cet article intéressant.
Que mon entreprise me fournisse le matériel pour que je puisse télétravailler dans de bonnes conditions est primordial pour moi, mais quid du après ? Je quitte l’entreprise, dois-je redonner l’ensemble du matériel à l’entreprise ?
Faisons un récap :
– L’ordinateur : sans aucun doute
– Le bureau : possiblement
– Le fauteuil : possiblement
– La webcam : sans aucun doute
– Micro-HD : c’est assez personnel (contact direct) je dirais que non
– Bras-articulé : sans aucun doute
– Casque anti-bruit : c’est assez personnel (contact direct) je dirais que non
– Écran secondaire : sans aucun doute
– Clavier et souris : c’est assez personnel (contact direct) je dirais que non
– Lampe de bureau : possiblement
– Boitiers CPL : possiblement
J’ai nuancé mes réponses en 3 critères :
– Sans aucun doute : ce matériel peut-être reconditionné (nettoyage, formatage complet)
– Possiblement : ce matériel peut-être reconditonné mais sera-t-il adapté à la prochaine personne ?
– Non : ce matériel est en contact direct avec l’humain (contact physique permanent – doigts, bouche, oreilles).
Casque et micro c’est assurément non.
Clavier et souris, personnellement j’ai du mal à les réutiliser sans, au préalable, y faire un nettoyage complet (démontage des touches, aspi, produit anti-bactéries). Bon nombre d’entreprise ne se souci pas de ce nettoyage et te refile un clavier et une souris du bureau voisin.
Et puis viennent les questions suivantes :
– « Ça l’est d’autant moins quand l’extension du télétravail permet à l’entreprise de payer moins de postes de travail dans ses locaux » : ok mais que fait-elle du matériel récupéré ? Revente, réattribution à une autre personne ?
– Le matériel que j’obtiens pour télétravailler doit-il être neuf ?
– Le matériel reconditionné que je récupère est-il adapté à mes besoins ? On a tous eu le cas du fauteuil défoncé que l’on récupère lors de son 1er jour de taf
– Et le matériel spécifique (ex. boitiers CPL) ne va-t-il pas rester sur les bras de l’entreprise car j’étais le seul à utiliser ces boitiers ?
– Dans ces conditions puis-je garder le bureau, le fauteuil, la lampe de bureau, les boitiers CPL voire même le tout ? Qu’en est-il légalement ?
Ton idée de service me plaît bien, si tu souhaites en discuter n’hésite pas.
Bonne journée
En fait la réponse est assez simple. Tout le matériel payé par l’entreprise appartient à l’entreprise. L’entreprise est dans l’obligation légale de le récupérer quand tu perds ton statut de salarié.
On peut éventuellement te le laisser si :
– Le matériel est amorti au niveau comptable *et* a une valeur de revente négligeable sur le marché
– Tu achètes le matériel à la société à un prix correspondant au moins à la valeur comptable résiduelle du matériel + la TVA
– La valeur résiduelle du matériel est portée comme prime de départ sur le solde de tout compte, et dans ce cas là l’entreprise devra payer des charges sociales dessus, toi le déclarer comme revenu pour tes impôts.
À défaut d’entrer dans un des deux premiers cas, l’urssaf et le fisc risquent de ne pas aimer et déclencher des redressements. C’est vrai pour tout le matériel, sans exception (mais un matériel peu cher et sans amortissement sera facilement considéré comme ayant une valeur négligeable). L’achat demande l’accord des deux parties.
Je crois (c’est à vérifier) que l’entreprise peut aussi co-financer à 50% un matériel à usage mixte, et dans ce cas le matériel est propriété du salarié. Je n’en connais cependant pas les contours.
Sur le « mais que fait-elle du matériel récupéré ? » en fait cette question est résolue depuis longtemps. Les entreprises gèrent déjà ce type de question pour les postes informatiques par exemple. Certaines réutilisent. Certaines proposent l’achat au salarié (surtout pour les postes informatiques). D’autres revendent et il y a des prestataires dédiés à la récupération/revente de matériel de seconde main en provenance des entreprises (et je parle là presque plus des bureaux et chaises que du matériel électronique lui-même). Enfin, justement pour ne pas avoir à s’en préoccuper, il y a la solution de la location. Même si ça revient plus cher, c’est une solution qui peut avoir pas mal de sens et qui est très utilisée (à la fois pour le matériel informatique et pour les locaux eux-mêmes, mobilier inclus).
J’ai souvenir d’un article que tu avais écrit il y a une (dizaine ?) de paires d’années sur le coût du hardware, rapporté au temps/coût horaire. Genre si tu économises sur le hardware, pour passer du temps à attendre devant ton écran qu’une action soit prise en compte, c’était une fausse économie.
Avec cet article, je vois la même chose, à plus grande échelle.
Et merci ! Parce que j’avais en angle mort la connexion Internet. J’ai réalisé ça en voyant la référence au boîtier CPL. Je passais souvent en 4G+ (avec un routeur mobile, j’aime bien travailler d’où je veux) parce que mon ADSL de campagne n’était pas assez fiable… sauf qu’avec les boitiers CPL, woah, c’est le jour et la nuit (enfin, c’était la nuit, maintenant c’est le jour). J’apprécie leur niveau de configuration (extinction du Wi-Fi, veille si pas d’activité réseau).
Bref, merci encore.
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