Catégorie : Gérard Collomb

  • « la poli­tique raison­nable et humaine que nous menons »

    J’avais commencé à lister un histo­rique de ces dernières années mais je vais vous dire autre chose.

    J’ai honte.

    J’ai­me­rais ne plus avoir honte. On peut avoir des diver­gences fortes sur la poli­tique à mener, mais j’ai­me­rais ne plus avoir honte de ma police, de comment elle met en œuvre cette poli­tique.

    Je ne veux plus entendre que notre police confisque duvets et couver­tures à des personnes qui dorment dehors en plein hiver. C’est illé­gal mais c’est aussi inhu­main.

    Je ne veux plus entendre que notre police lacère ou jette des tentes de personnes sans domi­ciles. Ces tentes sont peut-être elles-mêmes anor­mal mais fragi­li­ser ces gens dehors en plein hiver n’est pas justi­fiable pour autant.

    Je ne veux plus entendre qu’on enferme illé­ga­le­ment, qu’on créé des centres de réten­tion arti­fi­ciels sans leur en donner le nom et le statut.

    Je ne veux plus entendre qu’on traite des enfants légè­re­ment et qu’on les laisse à la rue, parce que c’est plus simple, en se défaus­sant sur leurs parents, ou simple­ment en leur niant leur mino­rité.

    Je ne veux plus lire des récits qui me font honte dans les commu­niqués d’ONG au dessus de tout soupçon de partia­lité et jusque dans la presse inter­na­tio­nale. C’est toute la France qui devrait avoir honte, honte au point de ne pas oser faire une quel­conque décla­ra­tion inter­na­tio­nale avant de régler ça.

    J’ai honte et c’est grave.

    C’est grave parce que ce sont des actions de forces de l’ordre qui se croient au dessus de la loi, qui font justice eux même. On a là un terreau fertile pour les déra­pages les plus graves.

    C’est grave parce que ce sont des fonc­tion­naires qui acceptent des ordres illé­gaux et inhu­mains, et ça doit faire réflé­chir vu le passé de la France.

    C’est grave parce que sont des respon­sables poli­tiques qui cautionnent voire qui soutiennent. Pire, ils vont vanter le trai­te­ment humain alors qu’ils ont des alertes cohé­rentes et persis­tantes d’ac­teurs incon­tes­tables. Bref, pour montrer leur fermeté ils renforcent le senti­ment que tout est permis.

    J’ai honte, c’est grave et j’ai peur.

    J’ai désor­mais peur quand je vois la police, celle qui devrait me proté­ger. Je n’ima­gine plus parti­ci­per à une mani­fes­ta­tion légale, décla­rée et paci­fique sans craindre de reve­nir avec des héma­tomes voire mutilé par une grenade.

    J’ai peur d’une police ivre de son pouvoir et qui n’a plus aucune limite. Même quand il y a mort après inter­pel­la­tion, on lit ensuite dans la presse qu’il n’y a rien eu d’anor­mal ou de répré­hen­sible de la part des forces de l’ordre, limite que le passé du décédé justi­fie bien ce qui lui est arrivé.

    Élevé dans le respect de l’ordre et dans l’idée que la police est là pour moi, à toute occa­sion, aujourd’­hui je change de trot­toir si je le peux pour éviter toute rencontre avec la police. On ne sait jamais, parce que je n’ai plus aucune confiance.

    J’ai honte, c’est grave, j’ai peur et je veux du chan­ge­ment.

    Je crève d’en­vie de deman­der la démis­sion de ministres, préfets et autres personnes à respon­sa­bi­lité dans toute cette chaîne défaillante mais je veux surtout du chan­ge­ment.

    Je veux un ministre qui trace clai­re­ment les limites de l’inac­cep­table. Je suis prêt à ne pas faire atten­tion s’il prend plein de précau­tions oratoires, s’il dit que ce sont des faits isolés alors qu’il est désor­mais évident que ce n’est pas le cas, mais je veux qu’il le fasse, clai­re­ment.

    Je veux que derrière il y ait des enquêtes et des sanc­tions. Je veux qu’il y ait des syndi­cats qui reprennent voix pour dire qu’ils s’op­po­se­ront aux ordres illé­gaux et immo­raux. Je veux des poli­ciers qui s’ex­priment, même anony­me­ment.

    Je veux qu’on margi­na­lise l’inac­cep­table, que ça rede­vienne inac­cep­table. Je veux pouvoir être fier de mon pays et de sa police.

    J’ai honte, c’est grave, j’ai peur, je veux du chan­ge­ment et c’est urgent.

    Si j’ai peur, moi qui ai toujours défendu la police pendant toute ma vie, j’ima­gine ce qu’il doit en être pour ceux qui n’ont pas une situa­tion aussi privi­lé­giée que la mienne.

    On va ramer pour retrou­ver de la confiance, pour retrou­ver du lien entre le citoyen et les forces de l’ordre. Ce ne sont pas des belles paroles qui vont chan­ger des choses. Il faut du visible, du poing sur la table, et pas qu’un peu, pas juste pendant une opéra­tion de commu­ni­ca­tion de quelques jours.

    Même ainsi ça va prendre du temps, des années peut-être, mais si on ne le fait pas rapi­de­ment ça risque vite de deve­nir trop tard. J’es­père que ça ne l’est pas déjà.

    C’est main­te­nant qu’il y a un train à prendre, pour qu’un jour je ne pleure pas de dégoût quand j’en­tends parler de « la poli­tique raison­nable et humaine que nous menons » à la radio.

  • [poli­tique] Ils préfèrent foutre le bordel (que de faire 7h de train par jour pour aller travailler)

    Il y a tout un monde entre la théo­rie sur le papier et la réalité sur le terrain. Le problème c’est quand celui en charge se permet d’être hautain avec les gens sur le terrain.

    Il suffit de quelques mots d’un concerné pour se rendre compte combien les mots d’hu­meur à l’ori­gine de la polé­mique sont ceux de quelqu’un décon­necté du terrain.

    Mention spéciale à notre ministre Gérard Collomb dont les propos sont rappor­tés par Marianne. Lui n’a même plus de limites dans son statut de privi­lé­gié, ou alors il a conscience de ce qu’il dit et c’est encore pire :

    « C’est pas le problème de 180 kilo­mètres », assure Gérard Collomb, qui estime que les deux points se relient en trois coups d’ac­cé­lé­ra­teur : « Si vous êtes relié par une auto­route ou une voie ferrée qui peut y aller… Je viens de Lyon, j’ai pas de problème pour venir chez vous. »

    Ça permet d’ailleurs à Marianne de rappe­ler que ces 180 km prennent plus de temps qu’un Paris-Lyon, que ce soit en voiture ou en train – entre 5 et 7 heures aller-retour, rien que ça, pour du quoti­dien c’est un peu diffi­cile –, et de rappe­ler l’état de la poli­tique d’in­fra­struc­tures hors des liai­sons pour cadres qui vont sur Paris :

    Comme semble l’igno­rer Gérard Collomb, la desserte des terri­toires ruraux est de fait en déliques­cence. La SNCF a récem­ment supprimé quatre arrêts à la gare de La Souter­raine, alors que le nombre de voya­geurs y a augmenté de 60% en sept ans. Et A Ussel, la situa­tion n’est guère meilleure. « Ussel est coin­cée », pointe Frédé­ric Cueille de la CGT des chemi­nots limou­sins, qui déplore dans La Montagne un « encla­ve­ment » des zones rurales : « L’objec­tif de la SNCF est de fermer vingt-deux des vingt-sept points de vente. Ussel et Égle­tons sont mena­cées… ».