Qu’avez-vous appris dans vos études supérieures qui vous serve encore aujourd’hui ? Moi pas grand chose, et je pense qu’il en va de même pour la plupart des informaticiens qui sont passés par le circuit des écoles d’ingénieur classiques. Pour les autres il y a probablement plus de concret mais on regarde bien vite au-delà des acquis de la formation initiale.
Il parait qu’on nous apprend à apprendre, à réfléchir, à trouver des solutions à des problèmes nouveaux, que c’est le cœur de notre métier.
C’est peut-être vrai mais à ce moment là c’est ensuite que ça dérape.
Ensuite on ne parle plus de formation ni d’apprentissage. Même le stage de fin d’étude n’est qu’une autorisation à être un peu moins productif ou à passer quelques jours à lire des documentations.
« Tu es déjà bien assez cher, on ne peut pas se permettre de te former à ce que tu ne connais pas. Si tu ne sais pas c’est que tu n’es pas la personne qu’il nous faut. Nous on veut quelqu’un qui puisse nous apporter de l’expérience. »
Plus on avance, plus on exige que l’informaticien sache. Il doit savoir tout faire, tout estimer, faire les bons choix du premier coup, imaginer l’architecture pour les 2 ans à venir d’un produit dont on n’a pas encore décidé à quoi il ressemblera le mois prochain, comme s’il avait la science infuse.
Dans le meilleur des cas on déclenchera une prestation d’accompagnement dans l’année sur un sujet hautement technique ou une formation exceptionnelle de deux jours sur une techno super récente, un peu comme si le savoir pouvait s’acheter sur étalage.
Ne marchons-nous pas un peu sur la tête ?
En plus d’être inefficace, cette façon de faire rend les collaborateurs soit mal dans leur peau (via la pression, le sentiment de ne pas y arriver) soit désimpliqués (quand ils finissent par perdre confiance ou lâcher l’envie d’y arriver). Bien entendu le donneur d’ordre finit par raffermir ses attentes et son contrôle, alimentant la pompe pour un joli cercle vicieux dont il est difficile de sortir.
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Et c’est de pire en pire au fur et à mesure des responsabilités. Quand on parle de lead, je crois que je ne connais quasiment personne qu’on ait formé à ce poste et aux enjeux. Tu l’es ou tu ne l’es pas. Ça s’arrête là. Tu coûte déjà trop cher et personne n’est là pour prendre du temps à ça.
Quand on commence à parler de management ça devient délirant. Personne n’explique, comme si avoir été encadré (pour ceux qui l’ont vraiment été) suffisait à savoir répondre aux besoins d’une équipe.
Pas très étonnant qu’on tombe facilement dans le culte du cargo au niveau des méthodes et des croyances.
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