Le tatouage d’un ebook c’est un peu comme le gravage anti-vol des vitres automobiles. L’objectif est autant de pouvoir identifier l’objet pour en retrouver son propriétaire que de dissuader les gens de voler l’objet lui-même.
Comme les analogies automobiles n’aident quasiment jamais à comprendre quoi que ce soit, voici ce qu’on peut avoir dans un fichier EPUB :
- Des informations dissuasives : Souvent une page de garde en début ou fin de livre avec des données nominatives et/ou l’indication que le livre est marqué ainsi que sa diffusion est interdite (implicitement : que si vous le faites on vous retrouvera), éventuellement en fin de chaque page et/ou chapitre.
- Des informations d’identification invisibles à la lecture mais posées de façon qu’elles soient impossible (raisonnablement difficile) à retirer ; dans les images et/ou dans les données du livre elles-mêmes.
Mais pourquoi tout ça ?
Voyez ça comme une alternative qui fait levier pour faire abandonner les verrous techniques (DRM Adobe, Fariplay et autres Kindle) à ceux qui n’arrivent pas à envisager de laisser des fichiers sans « protection » : Pas de problème d’interopérabilité, de compatibilité, de double identification, de pérennité du fichier.
Personne ne trouve ça génial, même ceux qui ne jure que par ça. Il s’agit d’un « mieux que les verrous techniques » (qui combinent les mêmes problèmes mais en ajoutent d’autres) et c’est déjà pas mal.
L’idée de l’identification c’est que si on trouve un fichier sur le réseau, on puisse remonter jusqu’au client à qui il a été vendu. Si l’identification est bien faite (difficile à retirer sans dégrader le fichier), ça peut fonctionner. Ça n’a l’air de rien mais un tatouage est presque plus difficile à enlever qu’un verrou cryptographique.
Et ensuite ? Ça dépend du dépositaire des droits d’auteur, mais j’imagine que dans le cas d’une violation massive cela puisse être suffisant pour demander des actes judiciaires supplémentaires (perquisition ?) pour envisager une mise en accusation si celui qui diffuse est bien celui qui a acheté. Je n’ai aucun cas en tête ceci dit.
La vraie fonctionnalité du tatouage reste la partie dissuasion. Même si le tatouage ne contient généralement rien que vos amis ignorent ou qui ne se retrouve déjà dans l’annuaire, sur votre CV et un peu partout dans les bases de données de vos fournisseurs, commerçants (en ligne ou non) et administrations, personne n’aime avoir son nom et ses coordonnées dans les mains d’inconnus.
De fait ça incite les gens honnêtes à ne partager le fichier qu’à leurs connaissances proches, et c’est bien l’objectif. Les vrais pirates eux ne mettront probablement pas leur vrai nom de toutes façons.
Pourquoi me dit-on que c’est dangereux alors ?
L’idée c’est d’identifier. On peut faire beaucoup de choses dangereuses avec de l’identification : en partant d’un profilage publicitaire intrusif à la perte de vie privée en passant par un État qui contrôlerait vos lectures ou les utiliserait pour tirer de mauvaises conclusions. On touche finalement quelque part à la surveillance généralisée et à la liberté d’expression. Effrayant hein ?
Pour modérer : La partie identification n’est généralement qu’une chaîne de caractères obscure et indéchiffrable. Même si vous arriviez à l’extraire, seul le distributeur d’origine saurait faire la relation avec des noms ou coordonnées.
Il est aussi toujours bon de le rappeler, si vous gardez vos fichiers pour vous, personne ne relira rien de ce qu’ils contiennent. Ça peut paraitre un peu idiot à dire mais c’est cohérent avec le fait qu’il vous est interdit de diffuser ces fichiers à des tiers.
Enfin, il faut bien voir que l’objectif c’est de proposer une alternative aux verrous techniques, pas d’inciter ceux qui envisagent de vendre les fichiers nus à ajouter un tatouage. La position c’est qu’il vaut mieux un tatouage qu’un verrou technique, ce dernier ayant à peu près les mêmes défauts mais aussi d’autres en plus. Il ne s’agit donc pas de prétendre à l’absence de risques ou de problèmes, mais plutôt d’avancer vers un mieux (ou un moins pire, suivant l’angle de vue).
N’oubliez pas non plus que dans l’histoire vos données sont présentes chez le revendeur et remontées jusqu’au distributeur voire à l’éditeur, puis présente aussi en partie au niveau de votre banque et potentiellement de bien plus de prestataires. Le danger principal semble plutôt par là.
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