Catégorie : Typographie

  • Du nom en capi­tales

    Je croise de plus en plus de textes où les noms de famille sont inscrits en capi­tales. Je n’ai plus le lien vers le texte qui a déclen­ché l’hu­meur du jour mais j’ai encore en tête un court texte du gouver­ne­ment où en moins de 5 lignes on avait le droit à trois Bernard CAZENEUVE dont la typo­gra­phie jurait à mes yeux.

    Rien de plus, même si j’ai du en profi­ter pour dire que je maudis de la même façon ceux qui prennent l’ha­bi­tude de mettre le nom de famille avant le prénom.

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    Je suis un peu d’ac­cord avec ça. Je ne serais pas étonné que l’usage se soit formé dans les registres et listes admi­nis­tra­tives. Je ne me rappelle pas ce type de typo­gra­phie dans les anciennes calli­gra­phies ou dans mes romans par exemple. Il en va de même pour l’usage du nom avant le prénom, qui dans notre culture me semble essen­tiel­le­ment d’ori­gine scolaire pour simpli­fier les listes d’ap­pel des profes­seurs.

    Je serais curieux de savoir si les registres de baptêmes ou d’état civil au 18e ou 19e siècle utili­saient des capi­tales pour les noms de famille. J’en doute.

    Mon impres­sion c’est que certains ont pris l’ha­bi­tude des formu­laires et de l’école et ont fait débor­der ces construc­tions de façon impropre dans les usages de tous les jours.

    L’ad­mi­nis­tra­tif prend le pas sur nos vies, et ceci n’en est qu’un exemple. Je mets ça dans la même case que ces poli­ciers avec un jargon tel qu’ils en deviennent inca­pables de parler de « voiture » plutôt que de « véhi­cule », quand bien même le terme ne pose aucun problème juri­dique ou de compré­hen­sion.

    Au final désor­mais l’ordre prénom/nom n’est plus garanti à 100%, et la mise en capi­tale en devient parfois néces­saire pour lever des ambi­guï­tés chez certains.

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    Il reste que plusieurs personnes m’ont exprimé des diffi­cul­tés person­nelles. Avoir un nom qui peut aussi passer pour un prénom est source de confu­sion, et une moti­va­tion pour le passer en capi­tales.

    Je pensais que l’ordre habi­tuel prénom/nom suffi­sait, mais ce n’est visi­ble­ment pas le cas. Bref, je comprends, surtout si c’est mis en signa­ture ou réfé­rence.

    Pour la prose, où fina­le­ment distin­guer ou pas le prénom n’est pas l’es­sen­tiel, je préfé­re­rais toute­fois qu’on s’abs­tienne de mettre un nom unique­ment en capi­tales. Ceci n’est bien sûr qu’une opinion pure­ment subjec­tive et person­nelle. Je trouve ça lourd à la lecture, simple­ment.

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    Oui, je sais que dans d’autres pays l’ordre nom/prénom peut être diffé­rent. Non ça n’a rien à voir avec l’usage de mettre les noms en capi­tales.

    Effec­ti­ve­ment, je ne saurais pas iden­ti­fier le prénom dans « Choi Min Sik » si on ne me met pas le nom en capi­tales. Pour autant je ne saurais pas mieux le faire si on me met le nom en capi­tales. Le reste est-il un seul prénom ? un prénom prin­ci­pal et un secon­daire ? un prénom et un nom de caste, de clan ou hérité d’une façon ou d’une autre ? un prénom et un titre ? et dans quel ordre ?

    Mettons que j’ar­rive à avoir un prénom, que vais-je bien pouvoir en faire ? Chez moi je sais quand utili­ser le nom et quand utili­ser le prénom. Je connais les usages de certains pays proches qui imposent l’usage des titres là où ici on peut s’en passer. Mais vu qu’on parle d’autres cultu­res… je suis un peu à sec. Ce qui m’in­té­res­sera c’est comment m’adres­ser à la personne, et indi­vi­dua­li­ser le nom ou le prénom ne sera pas vrai­ment mon problème.

    D’ailleurs les concepts de prénom et de capi­tales eux-même ne sont pas univer­sels. Même là où il y a des capi­tales, je ne jure­rais pas que le sens qui s’en dégage soit toujours le même qu’ici. Si vrai­ment il s’agis­sait d’avoir une conven­tion univer­selle, il faudrait juste­ment abso­lu­ment bannir la mise en capi­tale des noms de famille.

    Main­te­nant je parlais de typo­gra­phie. C’est quand même quelque chose de très local. Même avec nos voisins proches, nous ne parta­geons pas les mêmes usages à ce niveau.

    Mon humeur n’avait pas de portée autre que celle de la typo­gra­phie française. Savoir que d’autres cultures gèrent diffé­rem­ment les noms est un peu hors contexte. Si déjà on arri­vait à se mettre d’ac­cord chez nous pour les cas simples, ça serait pas mal.

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    Un point inté­res­sant : Pourquoi même aurais-je besoin d’in­di­vi­dua­li­ser le prénom ?

    Vu que juste­ment désor­mais on croise des personnes de culture diffé­rentes au coin du web, je ne peux avoir aucun préjugé sur comment utili­ser cette infor­ma­tion. Même si je reste aux usages français, je n’ai vrai­ment besoin d’in­di­vi­dua­li­ser le prénom que pour m’adres­ser direc­te­ment à quelqu’un de manière infor­melle.

  • De la longueur des lignes

    En fait, les sources varient de 50 à 75 carac­tères par ligne

    Nico­las Hoizey

    Ça va me donner l’oc­ca­sion d’écrire un billet que j’ai long­temps voulu faire.

    TL;DR: Ce n’est pas si simple. En limi­tant la longueur des lignes on cherche deux effets. Aucun n’est lié au nombre de carac­tères sur la ligne.

    Où est ma ligne ?

    Le premier effet est de faci­li­ter le repé­rage du début de la ligne suivante. Ce premier point est aussi celui qui permet d’évi­ter l’ef­fet « les lignes semblent comme des vagues » chez certains lecteurs.

    La taille idéale dépend en partie de la hauteur de ligne et de l’in­ter­ligne qui va avec. Regrou­per les lignes en para­graphes de taille raison­nable et suffi­sam­ment sépa­rés entre eux aide aussi, ainsi les titres inter­mé­diaires pour se repé­rer entre les para­graphes.

    Ça fait partie d’un tout. Un texte mono­bloc avec une toute petite hauteur et un inter­ligne mini­mum ne se lira correc­te­ment qu’en colonne étroite. Chan­gez un seul des éléments et vous pour­rez élar­gir un peu.

    Beeline reader tente une approche paral­lèle en colo­ri­sant les lignes pour faci­li­ter le repé­rage. À essayer pour ceux qui ont un peu de fatigue.

    Angle de vision

    Toute­fois, même avec un texte en grands carac­tères et inter­ligne double, il faut comp­ter avec un absolu. Pour faci­le­ment reve­nir à la ligne suivante, l’œil doit pouvoir embras­ser simul­ta­né­ment le début et la fin de la ligne.

    La longueur limite dépend alors unique­ment de la distance du texte par rapport aux yeux, quelle que soit la taille des carac­tères.

    Lecture rapide

    Le second effet qu’on recherche est de permettre au cerveau d’ap­pré­hen­der le texte plus large­ment, sans avoir à suivre mot à mot.

    Norma­le­ment vous connais­sez déjà le mot de la ligne suivante avant d’y passer. Votre cerveau l’a retenu et vous permet une lecture conti­nue, sans le dixième de seconde de pause à chaque ligne. C’est vrai aussi pour l’en­semble du texte : Votre cerveau analyse déjà la suite.

    Pous­sez ce concept jusqu’au bout et vous obte­nez ce qu’on appelle la lecture rapide. Au lieu de suivre la ligne du début à la fin vous fixez un ou deux points sur chaque ligne. Même sans aller jusque là, il est peu probable que vous lisiez habi­tuel­le­ment en pur séquen­tiel. Un texte trop long rend diffi­cile cette lecture d’en­semble et vous force juste­ment à lire la ligne en séquen­tiel, comme vous le faisiez au CP.

    Là aussi, il faut que la ligne tienne dans un angle de vision réduit permet­tant au plus deux points de fixa­tion.

    Combien de carac­tères alors ?

    C’est là l’as­tuce. Aucun critère ne tient au nombre de carac­tères. Augmen­tez tant que vous voulez la densité de carac­tères sur une ligne. La lecture pourra en deve­nir plus diffi­cile mais ça n’im­pac­tera nulle­ment la longueur idéale des lignes.

    Bref, on ne compte pas en nombre de carac­tères.

    Même la taille des carac­tères ne compte pas tant que ça pour calcu­ler la longueur de ligne. On le prend en compte dans la capa­cité à indi­vi­dua­li­ser les lignes pour faci­li­ter le repé­rage du début de la ligne suivante mais le critère prin­ci­pal reste l’angle de vision.

    Pourquoi parle-t-on du nombre de carac­tères alors ? Parce que c’est une mesure simple, plus ou moins liée à la hauteur des carac­tères. La hauteur elle-même compte un peu dans l’équa­tion puisqu’elle joue sur l’in­di­vi­dua­li­sa­tion des lignes mais elle est surtout norma­le­ment réglée en fonc­tion de la distance entre l’œil et l’écran, c’est à dire par rapport à un angle de vision théo­rique.

    On peut parler en nombre de carac­tères mais si vous prenez une police plus ou moins dense, ce sera à vous d’adap­ter en fonc­tion (si la police est dense, vous pouvez mettre plus de carac­tères par ligne). Même chose si vous choi­sis­sez une taille de texte plus grande ou plus petite que souhai­table pour l’usage recher­ché (si vous gros­sis­sez votre texte, n’aug­men­tez pas d’au­tant la longueur de vos lignes, donc comp­tez moins de carac­tères).

    Mais combien alors ?

    Nico­las cite des sources parlant d’en­vi­ron 30 em. Les jour­naux qui font du colo­nage proposent beau­coup moins.

    Faute de faire plusieurs colonnes correc­te­ment, j’ai tendance à ouvrir un peu plus que la recom­man­da­tion et aller entre 32 et 36 em… pour une police serif de la densité de Geor­gia avec une taille par défaut de 1 rem, un inter­ligne agrandi et une sépa­ra­tion du texte en para­graphes pas trop longs sépa­rés par des titres.

    C’est un tout vous dis-je (et c’est subjec­tif, je ne donne que mes choix).

  • ⌃ctrl + ⌘cmd + ␣espace

    Je fais atten­tion à ma typo­gra­phie, et en parti­cu­lier les majus­cules accen­tuées, les cadra­tins ou les chevrons de cita­tion. Je tape aussi de plus en plus le point médian · pour les formes de genre pluriel.

    Il reste que je cherche fréquem­ment les autres combi­nai­sons. Si vous êtes comme moi, Romy a fait une excel­lente anti-sèche sur ce que propose le clavier mac. Visi­ble­ment il existe aussi une solu­tion native pour ceux qui sont déjà sous Sierra.

    Elle y liste aussi la combi­nai­son ⌃ctrl + ⌘cmd + ␣espace pour déclen­cher un sélec­teur de saisie complet.

    J’avoue qu’il me manque encore la touche compose qu’on trouve sur toutes les distri­bu­tions à base de Linux. Elle permet de compo­ser une grande partie des carac­tères euro­péens absents du clavier, et en parti­cu­lier d’in­sé­rer des diacri­tiques où on souhaite.

  • Quota­tion marks in Europe

    Pour les typo­geeks d’entre vous

  • Study confirms that ending your texts with a period is terrible

    Now a study has confir­med it. Resear­chers, led by Bingham­ton Univer­si­ty’s Celia Klin, report that text messages ending with a period are percei­ved as being less sincere, proba­bly because the people sending them are heart­less.

    The Washing­ton Post

    C’est marrant, je me faisais la même réflexion il y a peu pour les emails. Le point à la fin de la dernière phrase de chaque para­graphe semblait être une atti­tude fermée et auto­ri­taire.