Catégorie : Justice

  • FBI admits flaws in hair analy­sis over decades

    The Justice Depart­ment and FBI have formally acknow­led­ged that nearly every exami­ner in an elite FBI foren­sic unit gave flawed testi­mony in almost all trials in which they offe­red evidence against crimi­nal defen­dants over more than a two-decade period before 2000.

    Of 28 exami­ners with the FBI Labo­ra­to­ry’s micro­sco­pic hair compa­ri­son unit, 26 overs­ta­ted foren­sic matches in ways that favo­red prose­cu­tors in more than 95 percent of the 268 trials revie­wed so far

    […] The cases include those of 32 defen­dants senten­ced to death. Of those, 14 have been execu­ted or died in prison

    C’est un désastre humain gravis­sime. Pour autant, il est facile, des années après, d’af­fir­mer que les bases scien­ti­fiques d’alors n’étaient pas fiables.

    Des erreurs ont été faites, d’autres le seront. Ce que nous tenons pour acquis fera peut être bien rire nos enfants.

    Fina­le­ment ce qui est à remarquer n’est pas là. C’est dans la manière dont le FBI a réagit :

    “The tools don’t exist to handle syste­ma­tic errors in our crimi­nal justice system,” Garrett said. “The FBI deserves every recog­ni­tion for doing some­thing really remar­kable here. The problem is there may be few judges, prose­cu­tors or defense lawyers who are able or willing to do anything about it.”

    Fede­ral autho­ri­ties are offe­ring new DNA testing in cases with errors, if sought by a judge or prose­cu­tor, and agreeing to drop proce­du­ral objec­tions to appeals in fede­ral cases.

    Ce n’est pas la presse, des asso­cia­tions ou un lanceur d’alerte qui a levé le lièvre. C’est le FBI lui-même qui a détecté des anoma­lies, a enquêté sur ses propres procé­dures, et en a tiré les conclu­sions. Mieux : Ils ont commu­niqué sur le problème, offi­ciel­le­ment, en détail, et tentent d’agir pour atté­nuer l’im­pact.

    Cette conclu­sion qui semble aller de soi n’au­rait pas eu lieu partout. Peut-être suis-je pessi­miste, mais en France j’ai peur que nous aurions eu une loi ou une circu­laire empê­chant de réou­vrir les anciennes procé­dures sur ce motif, « afin de ne pas surchar­ger la justice » et sous prétexte que les juges et jurés ont pris en compte tous les éléments du procès, pas que celui incri­miné.

    Nous faisons tous des erreurs, la diffé­rence tient dans comment nous réagis­sons ensuite.

    à lire sur The Washing­ton Post

  • Paypal Cuts Off Mega Because It Actually Keeps Your Files Secret

    MEGA has demons­tra­ted that it is as compliant with its legal obli­ga­tions as USA cloud storage services opera­ted by Google, Micro­soft, Apple, Drop­box, Box, Spide­roak etc, but PayPal has advi­sed that MEGA’s « unique encryp­tion model » presents an insur­moun­table diffi­culty.

    […]

    And, this all goes back to this dange­rous effort by the White House a few years ago to set up these « volun­tary agree­ments » in which payment compa­nies would agree to cut off service to sites that the enter­tain­ment indus­try decla­red « bad. » There’s no due process. There’s no adju­di­ca­tion. There’s just one indus­try getting to declare websites it doesn’t like as « bad » and all payment compa­nies refu­sing to serve it. This seems like a pretty big problem.

    — Tech­dirt

    Quand les proces­sus extra-judi­ciaires deviennent le moyen d’ac­tion de prin­cipe, que ce soit aux USA ou en France, l’État de droit est un loin­tain souve­nir.

    Quand le chif­fre­ment de bout en bout motive de couper les vivres, nous avons à nous inquié­ter, quoi qu’on pense de Mega ou de son contenu.

  • Compa­rai­son de peines

    Parce qu’à la fois ça ne veut rien dire et qu’il est impos­sible de juger à partir de 5 lignes de presse, à la fois ça semble telle­ment symp­to­ma­tique de l’ordre habi­tuel des choses…

  • Yahoo exec goes mano a mano with NSA direc­tor over crypto back­doors

    Alex Stamos: “Thank you, Admi­ral. My name is Alex Stamos, I’m the CISO for Yahoo!. … So it sounds like you agree with Direc­tor Comey that we should be buil­ding defects into the encryp­tion in our products so that the US govern­ment can decrypt…

    […]

    AS: We’ll agree to disa­gree on that. So, if we’re going to build defects/back­doors or golden master keys for the US govern­ment, do you believe we should do so — we have about 1.3 billion users around the world — should we do for the Chinese govern­ment, the Russian govern­ment, the Saudi Arabian govern­ment, the Israeli govern­ment, the French govern­ment? Which of those coun­tries should we give back­doors to?

    MR: So, I’m not gonna… I mean, the way you framed the ques­tion isn’t desi­gned to elicit a response.

    — Arstech­nica

    Nos États construisent leur propre défaite. Au lieu de promou­voir une sécu­rité à toute épreuve, qui ne peut qu’être favo­rable à la démo­cra­tie, ils encou­ragent l’idée qu’il est normal qu’un État fouille et écoute tout sur simple requête.

  • Taux d’in­car­cé­ra­tion

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    Prenez la posi­tion de la France (98 incar­cé­ra­tions sur 100 000 personnes), regar­dez qui empri­sonne plus et qui empri­sonne moins. Où voulez-vous vivre ?

    Bien évidem­ment, on montre une corré­la­tion mais une fois qu’on voit qu’un groupe de pays a peu d’in­car­cé­ra­tions par rapport à sa popu­la­tion, diffi­cile de savoir quelle et la cause et quelle est la consé­quence.

    Sont-ils plus agréables à vivre parce que juste­ment ils ont des solu­tions de réin­ser­tion et réadap­ta­tion qui rendent moins perti­nentes les incar­cé­ra­tions et qui fonc­tionnent mieux ? ou est-ce qu’ils ont moins à s’en servir parce qu’à l’ori­gine se sont des pays avec moins de problèmes ?

  • Échelles de peines

    Sérieu­se­ment…

    En peu de jours :

    • Un homme condamné à un an de prison ferme pour maltrai­tance sur son chat (qu’il faisant voler sur des vidéos)
    • Un homme condamné à six mois de prison ferme pour viol sur personne handi­ca­pée mentale

    Sur un registre plus léger

    • Un procu­reur sait désor­mais qu’on ne lui repro­chera pas d’avoir récu­péré illé­ga­le­ment des infor­ma­tions sur des jour­na­listes, qui sont pour­tant théo­rique­ment léga­le­ment proté­gés contre ce type d’enquêtes.
    • Un jour­na­liste a été condamné pour avoir rapporté avoir trouvé des docu­ments de l’État via une recherche publique sur Google et les avoir télé­char­gés.

    Je sais que chaque cas est spéci­fique, qu’il est impos­sible de compa­rer tel quel, mais je ne peux m’em­pê­cher de me dire qu’on a quand même parfois des échelles qui sont assez inco­hé­rentes.

  • Immu­nité – vote à main levée

    Certains méca­nismes insti­tu­tion­nels peuvent sembler lourds ou exagé­rés, mais ils sont là pour garan­tir nos liber­tés et notre démo­cra­tie en des jours plus sombres.

    Malgré tout le mal que je pense de la non-levée de l’im­mu­nité de Serge Dassault, la dernière chose qu’il faudrait c’est lever le secret du vote du bureau du Sénat ou reti­rer globa­le­ment l’im­mu­nité des séna­teurs.

    Votes à bulle­tins secrets

    L’im­mu­nité doit proté­ger des pres­sions, et là c’est ce qu’on vit. Cela m’in­cite encore plus à m’op­po­ser au vote à main levée – Cathe­rine Procac­cia.

    N’ou­blions pas que nous parlons ici de corrup­tion et même de meurtre pour faire taire les alertes. Malgré tout nous sommes aujourd’­hui dans un contexte rela­ti­ve­ment calme. Le jour où nous aurons à juger un problème de plus grand ampleur encore, où les séna­teurs auront poten­tiel­le­ment peur pour leur vie, n’ai­me­rions-nous pas qu’ils puissent voter à bulle­tins secrets ? J’irai même plus loin à deman­der que la répar­ti­tion des votes elle-même soit confi­den­tielle dans le bureau.

    Si aujourd’­hui nous insti­tuons un vote à main levée par trans­pa­rence, nous y perdons sur le long terme. Juger de nos procé­dures à l’aune des jours où tout est calme est de bien mauvais conseil.

    La trans­pa­rence de la part des élus n’est en soi pas illé­gi­time, mais dans ce cas il faut leur permettre d’avoir de la force, et donc ici de voter en assem­blée plénière (et sans votes de groupe). Il est bien plus diffi­cile de faire taire person­nel­le­ment par la menace physique 348 séna­teurs qu’une poignée de gens dans un bureau.

    Immu­nité

    L’im­mu­nité part du même prin­cipe. Elle garan­tit la repré­sen­ta­tion du peuple contre l’ar­bi­traire poli­cier ou judi­ciaire. Aujourd’­hui c’est un non-risque et nous devrions lever les immu­ni­tés assez faci­le­ment sur simple demande raison­na­ble­ment justi­fiée – ce qui malheu­reu­se­ment n’a pas été fait.

    Demain il est possible que ce soit la seule alter­na­tive pour éviter que des dépu­tés de l’op­po­si­tion soient d’un coup mis en garde à vue oppor­tu­né­ment avant un vote impor­tant, ou que coller des procès longs soient une manière de faire pres­sion sur un repré­sen­tant pour l’ex­clure ou le discré­di­ter.

    Pensez à l’Égypte et à tous ces pays qui ont fait leur révo­lu­tion récem­ment, à ceux qui voient leurs dépu­tés empri­son­nés. Ce n’est pas une ques­tion pure­ment rhéto­rique, cela arrive dans d’autres pays et il s’agit d’un méca­nisme pour limi­ter les problèmes si un jour notre pays est moins calme qu’aujourd’­hui.

    Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Même si cela nous coûte aujourd’­hui, donne parfois un peu d’injus­tice ou quelques déra­pages, voire des scan­dales comme celui de Serge Dassault, ils ne sont que tempo­raires et bien moins grave que ce que nous risquons à reti­rer cette immu­nité.

    Et alors ?

    Tout n’est pas beau dans le meilleur des mondes. Le système fonc­tionne si nos repré­sen­tants agissent avec honnê­teté, sérieux et droi­ture.

    Je n’ose­rai pas deman­der qu’ils laissent l’as­pect parti­san de côté, mais c’est toujours Cathe­rine Procac­cia qui nous montre qu’il y a problème de ce côté là :

    Cela m’in­cite encore plus à m’op­po­ser au vote à main levée, car on ne regar­dera plus le dossier mais si c’est quelqu’un de droite ou de gauche qu’on protège.

    Le secret du vote est un compro­mis vis à vis des exigences d’un repré­sen­tant du peuple de façon à le sécu­ri­ser contre les pres­sions insur­mon­tables. Ici on est juste en train de dire soit que le jeu des partis est une pres­sion insur­mon­table pour la démo­cra­tie – ce qui en soit est sacré­ment grave si c’est vrai, et méri­te­rait qu’on les dissolve rapi­de­ment – soit que les dépu­tés préfèrent agir par inté­rêt poli­tique person­nel  avant toute autre consi­dé­ra­tion même face à des problé­ma­tiques qui impliquent corrup­tions massives et meurtres – ce qui est fina­le­ment tout aussi grave et méri­te­rait qu’on change immé­dia­te­ment l’in­té­gra­lité des dépu­tés et séna­teurs.

    La remarque de Cathe­rine Procac­cia est d’au­tant moins perti­nente qu’à une ou deux excep­tions près, il est presque acquis que le vote s’est bien joué dans une oppo­si­tion droite – gauche quand bien même le sujet ne s’y prêtait pas du tout et malgré le secret du vote.

    Donc voilà notre problème : Nos repré­sen­tants ont oublié leur rôle et leur charge, et se croient dans un jeu télé­visé où l’objec­tif est de gagner person­nel­le­ment puis par équipe.

    Solu­tions ?

    Reti­rer leur immu­nité ou leur impo­ser une trans­pa­rence des votes fera légè­re­ment recu­ler certains symp­tômes mais ne règlera en rien le problème de fond.

    Une première solu­tion serait de refondre certains systèmes qui donnent une trop forte prime au parti gagnant, et plus globa­le­ment aux très grands partis. Plus de partis implique plus de sensi­bi­li­tés diffé­rentes, plus d’op­tions pour à la fois suivre son opinion et suivre son groupe.

    Mais surtout limi­ter les mandats devient sacré­ment urgent, autant dans le cumul que dans la durée. Nous avons fait un premier pas, il est essen­tiel d’al­ler encore plus loin. Il faut reti­rer des inci­ta­tions à voter en groupe et dans un inté­rêt person­nel de réélec­tion toujours gran­dis­sant.

    Il y a d’autres mesures, comme regar­der de plus près les conflits d’in­té­rêts, surveiller les renvois d’as­cen­seur pour les nomi­na­tions, limi­ter les para­chu­tages lors des candi­da­tures aux élec­tions, et plus globa­le­ment reti­rer un maxi­mum de possi­bi­li­tés de s’as­su­rer une carrière au détri­ment de l’in­té­rêt natio­nal.

    Ce sera un combat perma­nent et jamais gagné, mais nous avons déjà des choses évidentes par lesquelles commen­cer. À commen­cer peut être déjà par arrê­ter d’élire tous ceux qui se contentent de voter en fonc­tion du critère majo­rité / oppo­si­tion et pas en fonc­tion du contenu des textes.