Catégorie : International

  • Anti-Israel Acti­vism Crimi­na­li­zed in the Land of Char­lie Hebdo and “Free Speech“

    Un groupe appe­lant au boycott des produits d’Is­raël vient d’être défi­ni­ti­ve­ment condamné. L’ap­pel au boycott est en soi inter­dit mais là ils l’ont été sur le critère de discri­mi­na­tion/racisme (le boycott est en fonc­tion de l’ori­gine géogra­phique, ce qui est inter­dit).

    Je ne saurais juger si ce groupe avait unique­ment une visée poli­tique ou s’il y avait aussi une conso­nance nette­ment discri­mi­na­toire anti­sé­mite. Glenn Green­wald réagit dans The Inter­cept. Le discours sur la liberté d’ex­pres­sion est un peu à côté de la plaque à mon humble avis : La France et les États-Unis ont des équi­libres diffé­rents à ce niveau. Je me garde bien de consi­dé­rer que l’un ou l’autre a « raison ». J’en doute. Partir sur ce débat me parait futile.

    Par contre, un tweet précis tape là où ça fait mal :

    Ça cari­ca­ture, mais il y a quand même un fond que je ne me sens pas de consi­dé­rer comme faux, et ça me gêne forte­ment.

    Je ne suis même pas certain que ce soit (ici) le problème d’un pénible amal­game (volon­taire ou non) entre critique d’Is­raël et anti-sémi­tisme. Un appel au boycott des USA aurait aussi poten­tiel­le­ment été condamné, mais pas un appel au boycott de la Corée du nord. Dans un État de droit basé sur des liber­tés, cette diffé­rence me gêne. Je ne sais pas mettre les bons mots dessus, je ne sais pas où placer la ligne rouge, mais il y a un truc qui fonc­tionne mal et qui ne me rend pas fier.

    et parce que ce sujet est déli­cat, je préfère préve­nir : tout commen­taire que je consi­dè­re­rai comme agres­sif sera d’of­fice retiré, quel que soit le fond du discours ; de la même façon, toute discus­sion sur la situa­tion en Pales­tine ou les actions d’Is­raël serait tota­le­ment hors sujet dans le cadre de ce billet, et serait reti­rée de la même façon.

  • Pendant des décen­nies

    Pendant des décen­nies

    J’en­tends parler de vengeance, de guerre, de bombes. Je ne juge pas le besoin d’agir, mais est-ce vrai­ment ça qui mettra fin au terro­risme ? Où est-ce au contraire ce qui peut renfor­cer leur propre vengeance, leur senti­ment d’injus­tice, les divi­sions chez nous et leur capa­cité à recru­ter ?

    Et si nous appre­nions de notre passé ? Depuis 40 ans nous avons plus ou moins direc­te­ment encou­ragé des guerres et armé des oppo­sants à de nombreux régimes. Nous avons aussi nous-même mené certaines guerres, ou bombardé et tué à distance.

    D’énormes moyens. Il serait malhon­nête de dire qu’il n’y a eu aucun résul­tat : la situa­tion d’aujourd’­hui est en grande partie le résul­tat d’hier. Recom­men­ce­rons-nous ?

    Ça ne résou­dra rien en soi, et il faut bien entendu agir en paral­lèle. Pour autant, voilà une conduite dont je serais fier, une qui serait en ligne droite avec l’in­ter­ven­tion de Domi­nique de Ville­pin à l’ONU il y a quelques années : assu­mer de ne pas se lancer dans une guerre qui n’a d’objec­tifs que de montrer qu’on agit, sans réel­le­ment être la solu­tion à quoi que ce soit, et qui coûtera cher en vies humaines là où nous enver­rons nos bombes.

    Aurons-nous le courage de refu­ser la fausse solu­tion facile et de réflé­chir au long terme, tout en sachant que ça ne flat­tera pas nos instincts ? Il y a quelques années nous avons tous été fiers d’un discours de Domi­nique de Ville­pin. J’ai­me­rais tant qu’il en soit de nouveau ainsi.

    Voilà un exemple de ce que nous pour­rions dire. Le droit de vote aux étran­gers n’est qu’un exemple.

    Si c’est plus consen­suel, même si ça me parait moins fort comme symbole, nous pouvons aussi simple­ment de multi­plier par dix notre promesse d’ac­cueil des réfu­giés, et en faire notre réponse aux atten­tats.

    Parce que fina­le­ment, ces réfu­giés fuient les mêmes forces que nous, mais eux c’est tous les jours, armes lourdes et bombar­de­ments, parfois nos propres bombes.

    À l’heure où on parle de défendre la France, ses valeurs, son histoire, le concept de liberté, égalité et frater­ni­té… ça aurait telle­ment plus de sens d’ima­gi­ner quelque chose comme ça. Je peux vous dire qu’on parle­rait de la France comme d’un vrai pays de liber­tés et de frater­nité pendant des décen­nies avec un truc du genre.

    Ça n’ar­rê­te­rait pas le terro­risme dès aujourd’­hui, mais les bombes non plus. Au moins ça n’en créera pas de nouveaux adeptes pour demain.

    Mais pour ça il faut du courage. Le courage d’agir même si on risque sa réélec­tion, même si on se soumet aux critiques débiles de laxisme. Le courage de penser une poli­tique au lieu de faire du spec­tacle et du marke­ting.

    Je sais que mon opinion est très large­ment mino­ri­taire en France, encore plus aujourd’­hui, mais permet­tez-moi de rêver – ou aidez-moi à diffu­ser ce message si vous y rêvez aussi.


    Image d’en­tête sous licence Crea­tive Commons BY-SA détour­née à partir d’une image de elPa­da­wan

  • Russian Ships Near Data Cables Are Too Close for U.S. Comfort

    Cmdr. William Marks, a Navy spokes­man in Washing­ton, said: “It would be a concern to hear any coun­try was tampe­ring with commu­ni­ca­tion cables; howe­ver, due to the clas­si­fied nature of subma­rine opera­tions, we do not discuss speci­fics.”

    […] What worries Penta­gon plan­ners most is that the Russians appear to be looking for vulne­ra­bi­li­ties at much grea­ter depths, where the cables are hard to moni­tor and breaks are hard to find and repair.

    […] The excep­tions are special cables, with secret loca­tions, that have been commis­sio­ned by the United States for mili­tary opera­tions; they do not show up on widely avai­lable maps, and it is possible the Russians are hunting for those, offi­cials said.

    — NY Times

    Dit autre­ment, les USA sont inquiets que la Russie puisse envi­sa­ger de faire ce qu’ils aime­raient se réser­ver à eux seuls.

    L’ar­ticle parle de guerre froide, on en n’est pas loin. Savoir les USA seuls maîtres du monde n’est pas forcé­ment plus réjouis­sant. Si quelqu’un a une solu­tion, qu’il la parta­ge…

  • Syrie : Salim Bengha­lem, la cible des frappes françaises à Rakka

    Une semaine après l’an­nonce par le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, du bombar­de­ment, dans la nuit du 8 au 9 octobre, d’un camp de l’Etat isla­mique près de Rakka, en Syrie, la version offi­cielle livrée par les auto­ri­tés françaises résiste de moins en moins à l’exa­men de certains faits nouveaux.

    D’après le minis­tère de la défense, ce centre d’en­traî­ne­ment consti­tuait une menace pour la France et l’Eu­rope et héber­geait des « combat­tants étran­gers, dont proba­ble­ment des Français et des fran­co­phones ». Il assu­rait cepen­dant ne pas connaître l’iden­tité des personnes visées. Selon nos infor­ma­tions, l’en­semble de l’opé­ra­tion a pour­tant été, en grande partie, pensé autour d’un Français, Salim Bengha­lem, 35 ans, origi­naire de Cachan (Val-de-Marne), présenté par les services de rensei­gne­ment comme « le respon­sable de l’ac­cueil des Français et des fran­co­phones au sein de l’Etat isla­mique ».

    — Sur Le Monde

    Donc la France fait des assas­si­nats ciblés à l’étran­ger – pas très ciblés en fait puisque ça touche plusieurs personnes. On le fait après avoir annoncé à la popu­la­tion de simples vols de recon­nais­sance – alors que bien entendu on savait déjà quelle était l’in­ten­tion.

    *Mais* ce qui nous préoc­cupe c’est de savoir si la cible était française ou non. Est-ce vrai­ment l’im­por­tant ? Quand en est-on arri­vés là ? à consi­dé­rer normal d’avoir le droit de mort sur les tiers tant qu’ils ne sont pas « des notres » ?

    Je déses­père, non seule­ment qu’on s’en­fonce ainsi, mais en plus que la majo­rité des popu­la­tions occi­den­tale a l’air de soute­nir cette évolu­tion. Tout est prêt pour la troi­sième guerre mondiale, il ne manque plus qu’un archi-duc.

    Ou alors nous conti­nuons ainsi mais arrê­tons de croire aux droits de l’Homme et arrê­tons de nous regar­der dans une glace.