Je crois que c’est un des points contre-intuitif les plus mal connus sur le poids environnemental :
Acheter localement n’est pas forcément plus respectueux vis-a-vis des enjeux climatiques.
Je ne dis pas non, je dis « c’est plus compliqué que ça ».
Le transport maritime par conteneur est extrêmement optimisé. On parle de 3 grammes équivalent CO2 par kilomètre soit 60 kg équivalent CO2 la tonne à transporter sur un Shangaï – Rotterdam de 20 000 km par le canal de Suez. Votre paquet de 1 kg va consommer 60 grammes équivalent CO2 pour son trajet.
On peut aussi comparer au volume. Le transporteur nous dit qu’un TEU (conteneur de 20 pieds) de 38,5 m3 coûtera entre 0,8 et 0,9 tonne équivalent CO2 pour le trajet. Votre paquet de 30×20×15 cm va consommer 210 grammes équivalent CO2 pour son trajet.
Il n’y a pas de petit gain mais on parle là au mieux de l’équivalent de 1 km en voiture ou d’une bouteille d’eau en plastique. C’est probablement totalement insignifiant sur le coût équivalent CO2 de ce que vous achetez.
Si vous devez faire un trajet spécifique via les transports en commun (bus) pour favoriser le produit en Europe, vous êtes probablement déjà perdants.
Si votre producteur local fait des petits volumes, même géographiquement très proche de vous, il émettra peut-être même plus d’équivalent CO2 que celui qui fait venir de gros volumes par bateau depuis l’Asie du sud.
Pourquoi ai-je dit que c’était plus complexe ? Parce que les normes environnementales des différents pays ne sont pas forcément les mêmes, ni leur mix de production électrique, ni le moyen de transport de leurs employés, ni le besoin de chauffage de l’usine, ni la norme d’intensité d’éclairage, ni la productivité de l’usine, ni les volumes en jeu et leurs effets d’optimisation, ni… et considérant le faible coût CO2 dont on parle, n’importe quel critère annexe peut avoir 10 ou 100 fois plus d’impact d’un côté ou de l’autre.
Laisser un commentaire