Sérieusement, chaque année on rediscute de l’assiette de la redevance télévisuelle.
Ça en devient ridicule, surtout avec la frontière qui s’atténue entre la télévision « à l’ancienne » et les nouveaux écrans permettant de réceptionner les mêmes émissions. Je ne connais pas les chiffres mais je ne serai pas étonné que la gestion de cette redevance coûte une somme non négligeable : vérifier qui a coché la case, faire des contrôles, gérer le flux des déclarations des vendeurs pour notifier de qui achète un poste de télévision, etc.
Je ne parle même pas du temps politique gâché à savoir si les cartes tuner doivent être décomptées. Même chose pour les magnétoscope et enregistreurs numériques comportant un tuner, les box internet permettant de recevoir la tv, les forfaits smartphone avec option tv inclue… et j’en passe.
Je ne parle même pas de ceux qui ont l’impression de payer pour des chaînes qu’ils ne regardent pas et qui se plaignent du niveau des programmes ou de l’absence de différence avec TF1 (je remarque juste que ceux qui se plaignent de l’absence de différence sont aussi ceux qui souhaitent arrêter la redevance, ce qui ne me semble pas cohérent dans l’intention). Notons tout de même que la redevance paye aussi nombre de radios, par exemple France Info.
Un rôle public ?
Alors de deux choses l’une. Soit on considère la TV publique comme juste des chaînes et des programmes en plus, soit on considère que ça a une utilité publique un peu plus grande que ça.
En effet, même si ce rôle s’atténue année après année, la TV publique peut être vue encore comme une garantie contre la prise de contrôle de l’opinion publique par un nombre restreint de patrons de chaînes TV. Ce medium a une influence gigantesque, et la présence d’une TV publique permet de poser une référence et d’éviter de potentiels dérapages. Là bas la TV publique n’a pas suffit à contrebalancer, mais ceux qui ont jeté un oeil à Mediaset sur la TV italienne doivent comprendre de quoi je parle.
Tenir ce rôle n’impose pas d’avoir des contenus hautement intellectuels, juste de jouer un rôle neutre si jamais le privé commence à vouloir « créer l’opinion » au lieu de la refléter. Au contraire d’ailleurs : Pour que ce rôle fonctionne il faut une TV publique avec une audience du même ordre de grandeur que la TV privée. Si les gens demandent des jeux idiots et des séries policières, alors donnons des jeux idiots et des séries policières.
Rien n’empêche de chercher un rôle secondaire culturel ou éducatif avec une chaîne un peu plus orientée sur les contenus et un peu moins sur l’audience. Si vous reconnaissez France 5 / Arte dans ce paragraphe et France 2 / France 4 dans le précédent, ce n’est peut être pas une coïncidence.
Étendre ou arrêter
La particularité de la seconde vision, avec un vrai rôle public, c’est que la TV publique bénéficie à la société dans son ensemble, pas qu’à ses spectateurs. On paye l’école, les musées, les routes, l’éclairage public même si on ne s’en sert pas personnellement. Dans le pire des cas on en bénéficie indirectement avec toute la société. La TV publique peut être simplement vue de la même façon.
Donc voilà, si nous croyons à ce rôle public, assumons le et arrêtons les frais avec cette redevance conditionnée par des critères en discussion permanente et qui ont de moins en moins de sens avec l’évolution technologique : Passons directement à un impôt payé par tous, progressif, probablement fusionné dans l’impôt général.
Et sinon ? et bien sinon c’est que nous avons simplement des chaînes de divertissement avec abonnement obligatoire, ce qui est tous sauf satisfaisant. Arrêtons ce qui n’a plus de sens et vendons le reste. Dans tous les cas oublions cette idée de redevance.
Note : Je parle de TV mais il en va de même pour la radio, qui étonnamment est payée uniquement par ceux qui ont une télévision, c’est dire la cohérence.
La situation actuelle est juste impossible où certains regardent sans payer, d’autres payent sans regarder, et les derniers regardent mais n’ont pas l’impression d’en avoir pour leur argent par rapport au privé. Faire payer un bien public n’a de sens que si les gens comprennent pourquoi ils payent.
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