Pour compléter le lien précédent sur l’affaiblissement du domaine public, entrons encore plus dans un monde formidable :
La veille, ce tableau était encore dans le domaine public [aujourd’hui il ne l’est plus]
Alors certes, on peut juger qu’il y a eu un travail d’auteur et donc qu’il mérite d’être protégé en tant que tel (même si pour moi la restauration c’est une exécution qui peut être exceptionnelle dans le travail et la réalisation, mais qui par principe n’est pas originale et donc ne devrait pas être soumise au droit d’auteur).
Maintenant, si toute réutilisation implique de refaire courir un droit d’auteur, finalement le domaine public devient figé et emprisonné. Tout ce qui en est fait va le limiter encore plus, mettre des barrières quant aux utilisations qui pourraient en être faites par les suivants, et interdire toute élaboration d’une culture commune.
Culture figée dans notre passé, est-ce cela notre futur ?
C’est valable pour un tableau restauré mais on en parle aussi sur des livres qui ne sont plus sous monopole d’auteur mais dont la numérisation ou la republication tente de refaire courir des droits. Pour pouvoir réutiliser l’œuvre il faut alors retrouver une édition originale car toute republication implique de nouveaux droits et une interdiction par défaut. On peut aussi protéger les interprétations musicales, et si un passage est accentué sur une interprétation d’une vieille musique, plus personne n’a le droit de le rejouer avec cette même accentuation.
Plus français, on en vient à interdire la photographie de certains monuments en ce qu’ils ont été repeints ou éclairés, et que ce travail tomberait sous droit d’auteur. Sauf à ne pas photographier de nuit ou enlever subrepticement toute peinture, le monument vient de simplement être monopolisé une seconde fois.
Tout ce qui est susceptible d’être manipulé ou travaillé est en fait sensible à ce système de renouvellement des droits d’auteur. C’est sans quand il y a un travail original en lui même, mais plus que dangereux dans notre capacité à profiter publiquement et culturellement ce cette élévation de l’œuvre hors du monopole de l’auteur.
Plus qu’une culture figée, c’est la réappropriation privée d’un bien public.
Il est vraiment temps de faire du ménage dans le droit d’auteur et le copyright pour mieux protéger l’œuvre et l’auteur dans ce qu’ils ont d’original et afin de permettre le financement de la création, mais aussi pour mieux protéger le domaine public et autoriser tous les usages qui ne mettent pas en péril les auteurs et les créations d’origine. Nous ne pouvons pas continuer ainsi.
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