Je suis gêné que quelqu’un comme Daniel Cohn-Bendit tombe dans de piège. La démocratie n’est pas de savoir si le peuple a raison, mais de donner le pouvoir au peuple.
Parce que… il n’a pas toujours raison mais qui juge quand il a raison et quand il a tort ? Il y a quelqu’un qui a raison envers et contre tout ? Comment savoir ?
Les politiques parlent de prendre leurs responsabilités. Quand une personne décide seule à l’encontre du peuple, moi j’appelle ça prendre le pouvoir au peuple, donc une dictature. Oui, même si l’histoire révèle ensuite que cette personne aura eu « raison ». Au mieux c’est une dictature éclairée, mais dès que le peuple ne décide plus, c’est une dictature quand même. N’ayons pas peur des mots.
On oublie tellement facilement que non l’histoire ne donnera forcément pas « raison », et que retirer le pouvoir au peuple est bien trop grave.
En moins de deux minutes demander à la fois plus de représentativité à l’Assemblée Nationale et dire que le pouvoir n’a pas à respecter la décision du peuple, c’est assez osé quand même. Daniel, tu me déçois.
2 réponses à “[vidéo] Non, le peuple n’a pas toujours raison”
Dans l’absolu je comprends ta réaction, mais j’interprète plutôt cet extrait comme une critique des référendums qui réduisent des questions complexes à des slogans simplistes. Cohn-Bendit ne dit pas qu’il faut donner le pouvoir à une seul individu omniscient mais bien au parlement représentatif du peuple. Si les chiffres donnés sont exacts, il est tout de même effarant de voir qu’en une semaine 10% des personnes regrettent un choix impliquant une nation pour des dizaines d’années.
Le problème c’est d’une part qu’on ne sait pas si les chiffres sont exacts (le prisme médiatique a un biais européaniste forte, et on parlait déjà de regret dans l’heure qui suivait les résultats, ce qui est peu crédible, ne serait-ce que par le temps nécessaire à collecter un retour suffisamment sérieux). Même s’ils le sont, nous ne savons pas s’il en aurait été autrement avec un résultat inverse. Même là encore, le changement est toujours plus difficile que le statut quo. Ils ont choisi le changement et il n’est pas étonnant que beaucoup fassent demi tour juste devant la falaise. Je ne dis pas que ce n’est pas à prendre en compte, mais on peut en tirer 1000 conclusions différentes.
Regardons nos députés, regardons comment certains réagissent à n’importe quel fait de société, les propositions qui ont été faites sur l’état d’urgence. Il y a même eu un député pour demander à ce qu’on remette les pleins pouvoirs dans les mains des militaires. Nos députés ne sont pas meilleures que toi et moi, malheureusement.
Mais à vrai dire peu importe. Je ne dis pas que sa voie est mauvaise ou que les choix pris ne sont pas les bons. Je dis qu’être fier d’aller contre l’opinion du peuple, c’est le contraire de la démocratie. Je refuse qu’on cache cette attitude derrière le terme de démocratie, qui veut dire exactement l’opposé.