Je sais collaborer avec des divergences de vision et d’opinion. Je sais assez bien m’aligner sur des décisions en lesquelles je ne crois pas.
J’ai beaucoup plus de mal quand il y a désalignement de valeurs. Là c’est parfois difficile, peut-être plus pour moi que pour d’autres parce que mes valeurs sont ce qui me tient en vie, littéralement.
De ces valeurs j’ai au moins un item qui est essentiel pour moi : ce qu’on est prêt à faire pour autrui.
C’est à la fois une force qui peut me pousser extrêmement loin, et un puis sans fond quand il y a un vrai désalignement persistant. C’est vrai socialement, dans la vie personnelle comme dans la vie professionnelle.
C’est simplement qui je suis.
Avec le temps j’ai ajouté un étage.
Je sais comment interagir avec une personne malveillante, égoïste ou individualiste. Ça me coûte, je fuis ces individus quand je le peux mais, quelque part, je sais sur quoi compter ou quoi ne pas compter.
Des erreurs on en fait tous. Personne n’est parfait, moi pas plus qu’un autre. On porte chacun ses compromis, ses démons et ses contradictions, moi comme les autres. Je le comprends et je l’accepte, peut-être même plus facilement que d’autres.
Je ne demande pas de chevalier blanc parfait. La différence tient souvent à comment on vit avec ses erreurs et comment on avance avec.
Parfois ce ne sont pas des erreurs, ni même des personnes mauvaises, juste des personnes sur qui je ne peux clairement pas compter. À chaque fois que je me suis retrouvé face à cette situation, plus rien ne fonctionne. Ce n’est pas juste que c’est difficile de collaborer, c’est que c’est totalement en dehors de mon fonctionnement intellectuel. Je ne sais simplement plus.
Si ça dure et que la collaboration est incontournable malgré tout, ou que ça aurait un coût pour des tiers, le moindre geste et la moindre décision finissent par devenir très difficiles. Quand la découverte se fait progressivement ou après coup, s’y ajoute un sentiment de trahison de ma confiance qui renforce tout ça.
C’est certainement lié à comment je fonctionne puisque j’ai l’impression que ceux qui partagent mes traits partagent aussi souvent ces biais.
J’ai peur de l’effet barnum quand j’écris ces lignes alors que je sais par expérience que ce que je vis ces situations très différemment de la majorité des autres.
Je ne cache plus mes différences. Si la mode de se dire neuroatypique ou avec des traits autistiques m’agace au plus haut point, au moins elle me permet d’assumer un peu plus facilement mon vécu.
Mes mots ici sont pensés, pesés. Quand je parle de réussir à vivre, à penser, à concevoir les choses, ce ne sont pas des images.
Bref, tout ceci est d’actualité. Ça explique certainement au moins en partie ma santé, la façon dont j’interagis ou justement dont je n’interagis pas, et ce que je suis capable ou pas de faire depuis quelques mois, au niveau personnel comme au niveau professionnel.
Amies et amis, j’espère me reconstruire au fur et à mesure parce que ça m’a fait descendre bien bas. Le dire est déjà une première étape.
J’aurai probablement besoin de vous, de ceux et celles qui voudront bien m’accompagner. Vos messages seront bienvenus, même si je sais que j’en donne bien trop peu de moi-même.
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