Je suis attaché au patrimoine existant, à son entretien, à sa protection. Parfois je pleure le manque de moyens et je suis scandalisé qu’on imagine faire un « loto patrimoine » plutôt que de débloquer des fonds plus directement.
Et pourtant, je ne comprends pas j’entends parler de reconstruction suite à l’incendie de Notre Dame.
C’est un peu comme une boule à neige. Elle évoque des souvenirs, on s’y attache, on la nettoie quand elle prend la poussière ou on la met dans du papier à bulle pour qu’elle ne casse pas. S’il y a une fuite on peut remettre de l’eau et ajouter un point de colle mais ça n’a aucun sens de la reconstruire si elle casse. Ce ne sera plus la même chose, plus le même souvenir. On va de l’avant.
Je ne sais pas quel sens ça aurait d’avoir un faux souvenir reconstruit. Ce ne serait plus de la sauvegarde mais de la copie. Ce ne serait plus du patrimoine, mais au mieux une attraction touristique.
J’ai l’impression qu’on propose une reconstruction juste parce qu’on a du mal à se détacher, à se dire que quelque chose a disparu. On veut reconstruire parce que ça a toujours été là et qu’on imagine mal autre chose. Peut-être faut-il juste l’accepter, et rediriger tout cet argent vers tout le patrimoine qui lui existe toujours, argent qui y manque cruellement.
À l’heure où tant de monuments encore debout sont prêts à tomber en ruine faute de budget d’entretien, un appel à une reconstruction ne me semble pas anodin. À l’heure où il pleut dans les salles de classe et dans les tribunaux, ça l’est encore moins.
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