Dès que je parle d’héritage on me parle de solidarité intergénérationnelle. J’en parle souvent avec des gens qui gagnent bien leur vie et ils ont des préjugés largement discutables de ce qu’est la réalité de l’héritage.
Voici quelques chiffres extraits de la dernière étude patrimoine et transmission intergénérationnelle de l’INSEE (2015) :
40 % des sommes héritées sont inférieures à 8 000 € ; 66 % sont inférieures à 30 000 € ; moins de 13 % dépassent 100 000 €
Première conclusion : Les héritages réels sont bien loin des fantasmes. Quand on discute d’un héritage évalué à plus de 100 000 € on parle déjà de gens extrêmement privilégiés.
Le second fantasme est sur la solidarité intergénérationnelle.
Coup de théâtre :
78 % des héritiers ont plus de 50 ans. Ils sont même 30 % à avoir plus de 70 ans.
Sachant que nous avons les retraités parmi les plus aisés d’Europe, autant dire qu’on est très très loin de la vision d’Épinal où on aide les jeunes générations à partir avec le fruit du labeur de notre vie.
En pratique non seulement on hérite peu, mais en plus ceux qui héritent le font quand ils n’en ont plus besoin, à la fin de leur vie.
Je sais, vous allez me dire que quand même, les plus âgés sont parfois dans une misère incroyable.
L’INSEE nous donne justement des découpages en fonction des catégories socio-professionnelles ou du niveau de patrimoine des héritiers.
Près de 70 % de mes 13 % recevant au moins 100 000 € appartiennent déjà aux trois déciles les plus favorisés en terme de patrimoine.
Le chiffre vient de recoupement de répartitions par déciles n’est pas précis mais l’ordre de grandeur est bon.
Surpris ? moi pas. Tout va dans le même sens : Les héritages bénéficient principalement aux plus favorisés. On ne parle pas de solidarité intergénérationnelle mais de perpétuation de la richesse par droit de naissance.
Mieux. La même étude nous dit que ce sont aussi ces catégories aisées qui ont déjà reçu des dons intergénérationnels importants par le passé au cours de leur vie (logique, l’optimisation fiscale est l’apanage des plus riches). Ils ont donc encore moins besoin de cet héritage.
Les plus pauvres, eux, reçoivent les montants les plus faibles.
Les deux premiers déciles en terme de patrimoine reçoivent à 67 % moins de 8 000 €. Moins de 20 % de ces ménages ont reçu un des héritages à plus de 100 000 €.
Inversement les deux déciles les plus favorisés en terme de patrimoine reçoivent à plus de 30 % des héritages de plus de 100 000 €.
Bref, impossible de faire un tel croisement de façon fiable mais les jeunes ménages de moins de 30 ans avec un patrimoine inférieur à la médiane française et recevant un héritage suffisant pour avoir des droits de succession à payer… doivent probablement se compter sur les doigts de la main.
Juste et légitime l’héritage ? Laissez-moi rire un coup.
En ligne directe, il faut hériter de plus de 1.8 millions d’euros par personne pour être fiscalisé à la même hauteur que les revenus du capital (flat tax dite « Macron » à 30%) et ça restera dans tous les cas bien en deçà de l’impôt sur les revenus du travail.
Ce qui est formidable c’est que malgré tout ça on continue à moins fiscaliser l’héritage que les revenus.
Mise à jour : J’ai écrit depuis un ajout du point de vue des donateurs, c’est du même acabit.
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