[Lecture] Ghosn, Tavares : les raisons de l’ex­plo­sion des rému­né­ra­tions des grands patrons

[S]i le niveau absolu de cet écart peut légi­ti­me­ment choquer, c’est bien son évolu­tion au cours des dernières décen­nies qui consti­tue le phéno­mène le plus surpre­nant.

En effet, cet écart n’était que de 1 à 20 aux États-Unis en 1965. C’était d’ailleurs l’écart maxi­mal de rému­né­ra­tion que recom­man­dait au début du XXe siècle le célèbre banquier J.P. Morgan, peu réputé pour son mili­tan­tisme égali­taire. L’écart est ensuite monté à 1 à 30 en 1978, à 1 à 60 en 1990, à 1 à 300 en 2000 et donc à 1 à 373 en 2015.

Le bon entre 1990 et 2000 est impres­sion­nant : x5 en 10 ans. On peut se réjouir en se disant que l’écart augmente moins vite depuis mais nous avons eu deux crises gigan­tesques entre temps. Que l’écart augmente encore de 25% pendant cette période reste juste indé­cent.

C’est l’ex­pli­ca­tion de l’ar­ticle qui est inté­res­sante : la publi­cité des salaires des diri­geants incite les action­naires à parti­ci­per à l’in­fla­tion.

Payer moins cher son président que la société voisine ? Ce serait dire qu’on est plus petit, ou qu’on prend un président moins bon, ou qu’on a moins confiance dans l’ave­nir. Ce serait faire bais­ser le cours de l’ac­tion.

Ne pas donner un bonus ou dimi­nuer la rému­né­ra­tion ? Ce serait dire que la société va mal et qu’on a peu confiance dans le président pour avoir de bons retours à court terme mais qu’on le garde quand même. Là aussi, bonjour la baisse à la bourse.

Paraitre est plus impor­tant que tout pour la bourse, bluff et fumi­gènes en face d’un trou­peau de moutons. Entre temps on entre­tient un modèle idiot et contre-produc­tif.


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