Catégorie : Climat

  • Isola­tion et clima­ti­sa­tion

    Je vois encore parler d’iso­la­tion pour la lutte contre les très fortes chaleur, en l’op­po­sant à la clima­ti­sa­tion.

    Je crois qu’il y a mauvaise compré­hen­sion : L’iso­la­tion ne rafrai­chit rien, elle se contente d’ajou­ter un peu d’iner­tie. Ce qui est chaud mettra plus long­temps à capter le frais exté­rieur. Ce qui est froid mettra plus long­temps à capter le chaud exté­rieur.

    C’est parfait en hiver. On a une source de frais (l’air exté­rieur) et une source de chaleur (notre présence, notre frigo, notre télé­vi­sion, notre plaque de cuis­son, notre four, et tous les appa­reils élec­triques ou élec­tro­niques). Plus on isole, plus on limite l’im­pact de la source de frais. Si ça ne suffit pas, on ajoute une source de chaleur inté­rieur avec le chauf­fage.

    En été c’est plus compliqué.

    En jour­née on cumule une source de chaleur exté­rieure cumu­lée à une source de chaleur inté­rieur (notre présence, notre frigo, notre télé­vi­sion, notre plaque de cuis­son, notre four, et tous les appa­reils élec­triques ou élec­tro­niques). Ça chauffe, inva­ria­ble­ment. L’iso­la­tion permet de limi­ter un des deux apports mais ça chauffe forcé­ment.

    Idéa­le­ment on évacue la chaleur récu­pé­rée en jour­née en lais­sant entrer l’air frais la nuit. Bonus pour ceux qui peuvent créer un courant d’air avec un appar­te­ment traver­sant.

    C’est là que ça commence à coin­cer.

    En périodes cani­cu­laires, la nuit ne rafrai­chit pas, ou pas assez. On gagne donc de la chaleur chaque jour, sans rien pouvoir y faire. L’iso­la­tion peut même empi­rer le problème puisqu’elle limite les trans­ferts de chaleur autant pour en gagner que pour en perdre.

    Avec le réchauf­fe­ment clima­tique ces périodes sont chaque année de plus en plus chaudes, et surtout de plus en plus longues. C’est explo­sif, surtout en zone urbaine où le béton régur­gite la chaleur de la jour­née, où beau­coup d’ap­par­te­ments ne béné­fi­cient d’au­cun courant d’air.

    Graphique montrant les vagues de chaleur entre 1947 et 2024. Les points sont placés en fonction de l'intensité maximale en °C (ordonnée) et de l'année (abscisse). La taille du point dépend de la sévérité. 

La densité des événements augmente très largement avec le temps.
    Si vous avez l’im­pres­sion que la densité des événe­ments augmente drama­tique­ment avec le temps, c’est que vous avez bien lu le graphique.

    L’iso­la­tion ne suffit pas, il faut aussi une source de frais en paral­lèle. Les deux agissent de concert.

    Malgré tout ce que ça implique, il va être de plus en plus diffi­cile de se passer de clima­ti­sa­tion. On peut juste en limi­ter l’usage en isolant le mieux qu’on peut.