Ils évoluent dans un monde où la souffrance au travail n’existe que dans les livres d’histoire, et ils ne manquent pas de reprocher systématiquement à leurs adversaires de « faire du Zola » quand ils évoquent les horaires décalés des femmes de ménage, le burn out des soignants ou le taux de mortalité des ouvriers. Infoutus d’admettre que leur position de dominants leur assure, du berceau à la tombe, un rapport enchanté au travail, les macronistes ne comprennent pas que si eux « ne comptent pas leurs heures », l’ensemble des salariés français ne le fassent pas aussi.
Leur « émancipation » n’est pas la nôtre, Regards.fr
Ailleurs, mort au travail jugée en fin d’année dernière
Les conditions de travail sont particulièrement difficiles, comme le décrit l’un de ses collègues, entendu par la police : « Il fait très chaud, et il y a beaucoup de poussière. Par exemple, ce matin, j’ai mesuré la température sur le casque de mon collègue et j’ai relevé une mesure de 350 degrés, donc imaginez ce que nous subissons… Parfois, nous pouvons rester pendant trois heures exposés à la chaleur, puisque nous devons enchaîner les convertisseurs les uns après les autres. »
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« Notons que sur la majorité des salariés entendus, très peu savent que l’azote est utilisé pour le gunitage et très peu en connaissent les propriétés dangereuses ! » Et pour cause, dans le plan de prévention porté à la connaissance des ouvriers, l’employeur n’avait mentionné ni l’utilisation de l’azote, ni les risques encourus, ni les moyens de s’en protéger. […] La machine de commande dans laquelle était penché M. R. lors de son décès présente plus de 40 non-conformités. Au vu de ces irrégularités, l’inspecteur n’exclut pas qu’un échappement excessif d’azote ait pu provoquer l’asphyxie brutale de la victime.
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Le 17 avril, au lendemain du décès, l’inspecteur du travail alerte déjà, par mail, le parquet : « J’ai pu constater que l’environnement du poste de travail de la victime et les tâches qu’elle exécutait dans la nuit de son décès présentaient plusieurs facteurs de pénibilité qui pourraient être à l’origine de son décès (…) toutefois seule une autopsie de la victime permettrait de le déterminer. Je pense qu’il conviendrait de demander l’autopsie de la victime M. R. » La requête a été renouvelée trois jours après et six mois plus tard. Toutes ces réclamations sont restées lettre morte.
La justice épargne ArcelorMittal, Mediapart
Même endroit, jugé il y a quelques jours
« C’était un gars très courageux qui n’arrêtait jamais. C’est un garçon qui a été dans la galère du marché de l’emploi avant d’être là. Il m’a confié qu’il ne faisait que des petites missions d’intérim en alternance avec le chômage. Je pense qu’il voulait montrer aux responsables qu’il avait envie de rester »
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« Le haut-fourneau, comme nous l’explique Alexandre, fondeur depuis plus de 15 ans, pour ArcelorMittal, c’est comme une sorte de marmite géante de plus de 80 mètres de hauteur qui peut produire 270 000 tonnes de fonte par mois. Cette fonte est portée à une température de plus de 1 500 degrés. Des trous sont faits dans cette marmite pour laisser couler la fonte en fusion, qui passe par des rigoles et est ensuite récupérée pour être utilisée. On travaille aux bords de cette rigole qui fait 1,6 mètre de large et de 1 à 1,5 mètre de profondeur. Il y a des nuages de fumée, de poussière. Il faut aussi s’habituer au bruit. Il peut y avoir parfois de fortes détonations, semblables à des gros pétards, déclenchées par certaines machines. Rajoutée à cela, l’extrême chaleur. C’est l’un des métiers les plus pénibles et les plus dangereux. Mais on s’y habitue. »
Le 13 juillet 2015, une détonation, plus forte qu’à l’accoutumée, sort de l’une des machines. Surpris, Jérôme est « d’un coup poussé en arrière, il n’avait plus d’équilibre et il est tombé dans la rigole en arrière sur son côté gauche. Je me suis immédiatement rendu sur place, mais il était trop tard. Il a tendu son bras vers moi, mais je ne pouvais pas l’atteindre. (…) Il y avait des flammes d’au moins cinq mètres de haut. Je me suis écroulé (…) puis j’ai été pris en charge pour aller au centre médical », raconte Laurent, témoin de l’accident. Traumatisé, Laurent a été en arrêt maladie pendant deux ans et vient tout juste de reprendre en mi-temps thérapeutique.
Les premiers constats de l’inspection du travail relèvent une infraction flagrante de la part d’ArcelorMittal : aucune protection n’a été installée pour prévenir le risque de chute. Les ouvriers travaillent ainsi à quelques centimètres d’un liquide qui coule à plus de 1 500 degrés sans qu’aucun dispositif ne les protège de ce danger.
Accident mortel dans une usine: la justice épargne encore ArcelorMittal, Mediapart
Mais « la justice épargne ArcelorMittal », et la ministre du travail pavoise dans un gouvernement qui nous parle de valeur travail comme d’un accomplissement et qui pour le valoriser ne propose que de réduire les contraintes des employeurs ou de réduire la qualité de vie de ceux qui n’ont pas d’emploi.
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