Les statistiques de nosdeputes.fr ont le mérite d’avoir déclenché des discussions. C’est d’ailleurs l’objectif assumé au départ et rien que pour ça, leur article mérite d’avoir été publié et diffusé. L’attitude de certains de nos députés reste à mes yeux incompréhensible ou inacceptable, c’est suivant.
Pour mieux comprendre le décalage entre la vision des citoyens et celle des députés sur le sujet, le mieux est d’aller lire les minutes de la séance du 21 octobre 2009. Quel que soit votre avis sur la pertinence des statistiques d’absentéisme, la lecture est primordiale.
Quelques citations
Pour Jean-Claude Guibal « Nous [deputes] n’avons pas à rendre des comptes aux média », ce qui m’apparait personnellement une drôle de conception de la notion de représentant du peuple, ou de celle des medias don’t le rôle est de collecter et diffuser l’information.
D’autres comme Jean-Michel Boucheron militent tout simplement pour que moins d’informations soient publiées, par exemple que « la mention du nombre des questions posées par chacun des députés disparaisse ». Pourtant la publicité du travail d’un élu est la base même du système représentatif, sinon on ne peut pas juger de ce travail et cela devient un simple concours de publicité le temps de chaque l’élection.
Pour André Schneider tout cela est très dangereux : « Déjà, certains s’intéressent à nos dépenses ». La séance date pourtant d’à peine quelques mois après le scandale des notes de frais du parlement du Royaume Uni. L’importance pour les citoyens de contrôler les finances et les dépenses aurait du sauter aux yeux. Vu les récents déboires actuels au Sénat, on voit bien que la France n’a pas une frontière magique contre les dérapages.
Henriette Martinez va même jusqu’à trouver logique, si on sanctionne les absences du mercredi matin, d’ « attribuer un bonus lorsqu[‘ils] assistent à des réunions hors mercredi matin ». Je n’ose penser qu’elle croit être payée pour une demi-journée et que les réunions du reste de la semaine compensent ou justifient les absences aux commissions permanentes du mercredi matin.
Le plus bel exemple du problème vient d’Alain Cousin qui note « Je suis président du conseil d’administration d’Ubifrance, charge que j’essaie de remplir le plus consciencieusement possible, mais qui m’amène à être souvent occupé les mercredi matins [pour les commissions parlementaires permanentes où il faut émarger] ». S’il fallait une illustration de l’engagement de nos députés et de leurs priorités, je crois que c’est désormais chose faite. Je me demande quelle serait la réponse de cet administrateur si les employés faisaient absence tous les mercredis pour remplir d’autres engagements privés, ou pour leur cours hebdomadaire de piscine.
L’exemple précédent a toutefois la concurrence de Henri Pagnol qui note que « Sinon [si la mesure de sanctions en cas d’absence est appliquée], je ne vois plus l’intérêt d’être député. » Que ceux qui comprennent que le mandat de député n’a d’intérêt que parce qu’on n’a aucun compte à rendre sur son travail et qu’on peut y être absent lèvent la main. Les autres peuvent utiliser les commentaires pour m’expliquer ce qu’ils en ont compris.
Des problèmes et des solutions
Clairement, il y a un agacement de tout ce monde d’être surveillé. Il s’agit là d’un gros problème de démocratie. Que le représentant souhaite une opacité sur ses actions est inimaginable, et pourtant c’est bien ce qui arrive ici.
Plusieurs députés vivent mal la possibilité d’être pris en faute « à cause des excès de certains ». Mais en même temps, vu que le parlement a la totale maîtrise de son fonctionnement et de ses règlements, pourquoi ne pas avoir agit plutôt si ces excès sont connus de tous ? Et en quoi les excès de certains justifient-ils les libertés moins importantes des autres ?
Enfin, il y a ceux qui discutent de la non-pertinence de la statistique, qui ne prend en compte que le mercredi matin, qui ne montre pas le travail effectué, ou qui pourrait compter les interventions sans en noter l’utilité. Malheureusement la solution de nos députés semble être de vouloir cacher les informations au lieu de les détailler pour permettre au citoyen de faire une réelle analyse plus sérieuse.
Il est peut être temps de faire avancer les mentalités : Députés, ces sanctions stupides sont de votre faute. Vous avez encore la main mais si vous n’avancez pas, nous le ferons sans vous.
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