Sur l’espace public, les publicités lumineuses ainsi que les publicités de plus de deux mètres sont désormais soumises à un régime d’autorisation préalable de la part de la collectivité.
Sur l’espace privé, la mise en place de publicité lumineuse de plus de quatre mètres carrés devra être elle aussi autorisée par la collectivité.
De leur côté, les collectivités qui autorises de telles publicités devront produire un rapport annuel sur l’impact humain et énergétique de ces publicités.
Ce n’est pas la révolution anti-publicité tant attendue par de nombreuses associations, et ça légitimise de fait les écrans publicitaires existants, mais ça marque déjà la fin du toujours plus.
Dites lesnumeriques, quand je viens chez vous j’ai le droit à un superbe cadre pour demander mon consentement à plusieurs usages de mes données personnelles.
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https://www.lesnumeriques.com
Ça pourrait donner confiance dans votre respect de la loi mais…
J’ai soulevé le capot
Pourtant avant même que je consente, me voilà avec pile 139 cookies tous neufs (j’ai compté). La plupart contiennent des identifiants uniques de pistage publicitaires ou de mesure d’audience. Hallucinant !
Je ne compte pas là ceux qui exploitent des « technologies similaires ». Certains ont utilisé le localStorage du navigateur. Je serais étonné qu’aucun ne m’identifie via mon adresse IP, l’exploitation du cache du navigateur ou d’autres artifices. Pas vu pas pris, contentons-nous du certain.
Si je n’étais pas poli je dirais que vous vous foutez de ma gueule. D’autant qu’aucun de ces identifiants n’est supprimé si je refuse mon consentement par la suite. Une fois placés, ils seront utilisés pour recouper avec mes visites sur d’autres sites.
Et pourtant, avant même que je n’accepte ou ne refuse, me voilà déjà pisté par Estat (Mediamétrie), avec un identifiant unique qui expire en 2020. J’ai aussi du Google Analytics et du Weborama.
Rien que ça.
Ces services ne se contentent pas de m’identifier. Je n’ai pas encore pu accéder au contenu de lesnumeriques que j’ai déjà des actions de collecte dans mon audit réseau. Si je visite d’autres sites plus tard, tout ça sera relié sur mon profil chez eux.
J’ai compté, ce fut long. Je suis pisté par au moins 44 services publicitaires ou de profilage suite à mon accès initial à lesnumeriques. Je n’ai compté que ceux dont je suis certain qu’ils m’identifient pour me pister.
À ce stade je n’ai pourtant toujours consenti à rien, accédé à rien. Je suis encore sur la page qui me demande si j’accepte avant d’aller plus loin.
Ça ne s’arrête pas là.
Non seulement tout ça va relier ma visite sur lesnumeriques avec celles que je fais ailleurs, mais dans ces pisteurs j’ai aussi des centres d’échanges.
Il en existe plusieurs mais je peux au moins parler de celui d’Appnexus. Sur lesnumeriques il me relie directement aux identifiants et méthodes de pistages d’au moins 28 services parmi les 44, sachant que eux-même se relient souvent aux autres ensuite. Il ne doit y en avoir qu’une poignée qui refusent d’échanger des informations.
Appnexus est présent sur un tiers des sites majeurs sur le web, sachant que même là où il n’est pas, il suffit qu’un seul pisteur partenaire soit présent pour pouvoir ensuite tout relier. Il y avait une trentaine de partenaires directs rien que sur lesnumeriques.
À côté j’ai de toutes façons désormais un identifiant Google Analytics. Ce dernier est partagé avec Google Syndication, Google Ad Services, Google Tag Services / Manager, Doubleclick, Tradelab et Eversttech. Rien qu’avec ça ma visite sur lesnumeriques est relié à 80% des sites majeurs.
Comme ce n’est jamais assez, lors de ma visite sur lesnumeriques, mon identifiant Appnexus a été partagé à Google Syndication et Eversttech, eux-même liés à Google Analytics.
Tout ça alors que je n’ai toujours consenti à rien. Et me voilà irrémédiablement relié à toutes mes visites ailleurs sur le web.
Lesnumeriques je t’en veux
Je t’en veux parce que tout ça tu le décides toi. Il y a pas mal de choses qui viennent des régies publicitaires mais Appnexus et Google Analytics ont été chargés directement par tes pages, avant que j’aie consenti à quoi que ce soit.
Tu es responsable de tout ça. J’espère juste me tromper, avoir des explications, ou au moins voire des changements rapides.
Et après le refus ?
Après le refus c’est de toutes façons trop tard mais je suis allé jusqu’au bout des tests : J’ai refusé mon consentement, en bloc, sur toutes les options, avant de naviguer plus loin.
Lors de mes premiers tests j’ai simplement cliqué sur « tout refuser ». L’ensemble des coches de la page sont passées au rouge, tout va bien.
Plus tard je suis revenu pour voir les partenaires et j’en découvre un bon tiers au vert, autorisés !?!
Je refais le test avec un profil neuf et je suis capable de confirmer : Quand je clique « tout refuser » le lien tout en bas qui mène vers la page des partenaires me laisse encore actifs un bon tiers des partenaires.
Là on n’est plus dans une mauvaise interface, on est carrément dans la tromperie !
Je décoche tout ça et je continue. Les identifiants posés sont restés. Aucune requête réseau n’a été envoyée aux différents services pour leur dire que je refusais le pistage.
Lors des interactions suivantes les outils de mesure d’audience comme le profilage à visée publicitaire ont continué à envoyer des journaux de collecte, avec les mêmes identifiants de pistage. La plupart en tout cas.
Quelque part c’est le moins grave mais l’outil qui permet de choisir si je consens envoie lui-même des journaux d’audit identifiants à un tiers, avant et après mon choix, quel qu’il soit.
Ça montre juste à quel point tout ceci est une farce.
Peut-être qu’en interne j’ai eu de la publicité non-ciblée au lieu de la publicité ciblée. Peut-être que les traitements réalisés par les divers services se permettent des choses différentes. Je n’en sais rien. Ça ne changerait pas tous les problèmes déjà relevés.
Plutôt discret jusque-là dans la bataille qui oppose les géants du retail français aux Gafa, le groupe Casino passe à l’offensive. Le groupe de distribution français vient d’annoncer le lancement d’une plateforme data baptisée relevanC dans laquelle les annonceurs pourront consulter « la base de données la plus massive, complète et qualitative sur les consommations des Français, leurs intentions et comportements d’achat ». La plateforme proposera à terme près de 50 millions de profils et 1 100 segments d’audience.
Entre ça et Gravity, C’est un peu la course à « regarde, moi aussi je sais mettre fin en masse à la vie privée des gens ».
Ça me rappelle des discussions avec des entrepreneurs dans des solutions marketing. Naïvement j’ai fait remarquer une ou deux fois que les données récoltées leur permettraient au mieux une analyse statistique sur des visites.
On m’a répondu, sourire en coin, qu’il existe des services qui complètent les profils à partir de données incomplètes ou anonymes. Il suffit d’une IP, d’un identifiant de tracker web, parfois d’un nom avec une donnée supplémentaire. On vous renvoie un profil complet, souvent avec identité et coordonnées, mais aussi les habitudes, les catégorisations, les intérêts personnels.
C’est visiblement un secret de polichinelle, et si j’imagine que ce n’est pas parfait, ça semble suffisant et assez fiable pour investir dans du marketing.
Parfois les coordonnées ne sont pas partagées : Il faut demander l’envoi du mailing au détenteur des données. Sur le papier c’est un peu mieux mais ça n’apporte en réalité aucune protection. C’est uniquement pour rester en intermédiaire et monétiser plus longtemps vos données personnelles.
* * *
Rien qu’en écrivant ces souvenirs, je me rappelle qu’une société pour laquelle je travaillais indirectement revendait les coordonnées de livraison, noms, adresse, âge et email de ses clients. Malaise quand je l’ai appris via une connaissance et un spam du loueur de la base (coucou Locadresses).
Quand je l’ai fait remonter naïvement, ils se sont préoccupés des pratiques de spam de leur loueur. Tel que je l’ai interprété, ils voulaient surtout éviter que n’importe qui reçoive en spam le fait qu’ils relouent les coordonnées de leurs clients. Revendre ces informations ne leur faisait par contre visiblement ni chaud ni froid.
« Can we stop using the term advertising, which is based on this model of polluting [content], » he said.
« My particular peeve is pre-roll. I hate it, » he added. « What is even worse is that I know the people who are making it know that I’m going to hate it. Why do I know that? Because they tell me how long I am going to have to endure it — 30 seconds, 20 seconds, 15 seconds. You only have to watch this crap for another 10 seconds and then you are going to get to the content that you really wanted to see. That is a model of polluting content that is not sustainable. »
Le reste de l’article est largement discutable, mais clairement il commence à être tard pour se rendre compte du problème cité. Les gens se sont tournés vers les système de blocages, ou la contrefaçon. Le temps où la rébellion était confidentielle sont finis. Il est un peu tard désormais. La rupture est déjà là, même si le modèle persistera encore quelques années.
Vers 22 heures, une vingtaine de stars françaises se mettent à tweeter plus ou moins les mêmes messages dithyrambiques avec le mot-clé #NewEdgeNight. La même photo du bassin de la luxueuse piscine parisienne revient la plupart du temps et le lien partagé est toujours le même. Un lien systématiquement suivi d’un numéro allant de 2 à 25
[…]
La question de l’éthique se pose encore plus pour les célébrités du petit écran se présentant comme journalistes
On peut parler d’éthique, mais c’est surtout de la publicité dissimulée, illégale.
Je vous laisse juger de l’argumentation :
on est ici « dans les limites juridiques : les tweets renvoient vers une publicité, mais n’incitent pas directement à l’achat »
Les placements produit sont de plus en plus courant, de moins en moins explicités. Quand un journaliste parle en dehors de son journal, participe-t-il en fait à une opération de communication ? Déjà que les frontières sont assez floues dans les journaux eux-mêmes…
The company plans to charge $70/month for gigabit service, but that’s a subsidized price. Subsidized by what, you ask? Your privacy. AT&T says if you want to opt out of letting them track your browsing history, you’ll have to pay $29 more per month. They say your information is used to serve targeted advertising, and includes any links you follow and search terms you enter.
L’information n’est pas surprenante par son contenu mais par ses chiffres. Vos informations personnelles valent 30€/mois d’après AT&T, uniquement pour mieux cibler les publicités (ça laisse donc entrevoir le gain des publicités elles-mêmes, forcément supérieur)
[Le directeur général de HSBC] a doctement expliqué que sa banque avait « recours à la publicité pour vendre plus de produits bancaires », et qu’en conséquence, « ça ne fait aucun sens de placer une publicité à côté d’une couverture journalistique hostile ».
[…]
Ces déclarations font suite à la démission spectaculaire de Peter Oborne, éditorialiste au Daily Telegraph. Mardi 17 février, celui-ci a accusé le quotidien d’avoir sous-couvert les révélations « SwissLeaks » pour protéger son chiffre d’affaires publicitaire. La banque avait déjà privé le quotidien britannique de budgets publicitaires en 2012–2013 après une enquête sur la filiale HSBC de Jersey, avait révélé M. Oborne.
[…]
Ces pratiques ne sont pas rares dans les relations entre médias et annonceurs.
La banque a beau se parer d’un pragmatisme et d’une logique à tout épreuve, et affirmer – probablement avec raison – que l’objectif n’est pas d’influencer la couverture éditoriale… Vous avez une bonne raison pour payer les contenus que vous utilisez, et particulièrement la presse.
Les modèles basés sur la publicité, même partiellement, ne seront jamais suffisamment libres pour servir de base à la culture, à la politique, à l’information ou à la liberté d’expression.
Il y a très peu de journaux qui ne sont pas significativement basé sur la publicité. Abonnez-vous à l’un deux. Je vous recommande Mediapart, mais choisissez celui qui vous convient.