Catégorie : Immigration

  • Droit du sol, droit du sang

    J’ai toujours beau­coup de mal à ne pas consi­dé­rer le droit du sang comme la vision raciste de la natio­na­lité : Peu importe depuis combien de temps on vit ensemble, avec les mêmes règles, les mêmes contraintes, les mêmes valeurs, la même culture, les mêmes voisins, ils refusent le mélange des sangs.

    La réalité c’est que j’ap­par­tiens au temps et au lieu où je vis, peu importe qui m’a enfanté. La géné­tique n’a rien à voir avec la natio­na­lité, ou ne devrait pas. Ma vision tient donc plus du droit du sol.


    Bruno Retailleau préfère le droit du sang. Je ne m’en étonne malheu­reu­se­ment pas.

    « Le droit du sang corres­pond plus à l’époque »

    Bruno Retailleau, via le jour­nal Huma­nité

    Je crains d’être cette fois d’ac­cord avec lui. Notre époque est fonda­men­ta­le­ment raciste et ce racisme se libère de plus en plus.

  • Petite réjouis­sance. Lundi 11 décembre 2023.

    J’au­rais pu l’ap­pe­ler « Le monde tel qu’il a été » mais la fron­tière aurait été trop mince avec mes utopies habi­tuelles.

    Cette fois ci c’est le monde qui a dépassé mes espoirs. Les dépu­tés ont rejeté l’im­monde projet de loi immi­gra­tion dans une motion de rejet préa­lable. J’ai plei­ne­ment conscience que les raisons de ce rejet par l’ex­trême droite ne sont pas les miennes, que c’est une manœuvre dans l’es­poir que la prochaine fois le gouver­ne­ment tendra plus vers la droite pour éviter l’échec.

    Chaque chose en son temps. Aujourd’­hui c’est une réjouis­sance.

    Parfois il faut croire en ses utopies.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Mardi 28 novembre 2023

    Silence. Personne dans la presse n’a parlé de la déci­sion de la Cour euro­péenne des droits de l’homme. Elle a pour­tant enjoint la France à ne pas procé­der à l’ex­pul­sion d’un Ouzbek soupçonné de radi­ca­li­sa­tion mais qui risque­rait la mort ou la torture dans son pays.

    Un média étran­ger rapporte que les services du minis­tère de l’in­té­rieur ont éclaté de rire au télé­phone quand il a tenté d’ob­te­nir leur réac­tion offi­cielle. Il cite :

    « Mais monsieur, les droits de l’homme c’est ancré dans notre histoire et dans notre consti­tu­tion. Jamais nous n’ex­pul­se­rions une personne qui risque­rait des trai­te­ments inhu­mains ou illé­gi­times, encore moins pour de simples soupçons.

    Nous allons juste le garder à l’œil, et nous assu­rer que les services sociaux fassent ce qu’il faut pour lui assu­rer des condi­tions dignes en France. C’est ainsi que nous espé­rons qu’il s’in­té­grera, que nous élimi­ne­rons le risque qu’il commette l’ir­ré­pa­rable sur notre terri­toire.

    Ça ne fonc­tion­nera peut-être pas, mais nous essaie­rons, comme à chaque fois.

  • [Lecture] Un convoi britan­nique d’aide aux migrants refoulé à Douvres par la France

    « Un camion de 38 tonnes rempli d’aide a réussi à passer mais la plupart des 250 voitures indi­vi­duelles l’ac­com­pa­gnant ont été refou­lées. C’est la France qui nous empêche de passer », […]

    La préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, avait pris mercredi, au nom de « l’ordre public », un arrêté inter­di­sant la circu­la­tion du convoi vers Calais, où se trouve le plus grand bidon­ville de France dans lequel s’en­tassent entre 4 000 et 5 000 migrants. Un arrêté simi­laire a égale­ment été pris vendredi par la préfec­ture du Nord, dépar­te­ment voisin qui abrite un autre camp, celui de Grande-Synthe, où vivent un peu moins de 800 réfu­giés, prin­ci­pa­le­ment des Kurdes.

    Les auto­ri­tés françaises ont expliqué l’in­ter­dic­tion de ce convoi par la « très forte mobi­li­sa­tion des forces de sécu­rité » pour la lutte anti­ter­ro­riste et pour le main­tien de l’ordre à l’ap­proche du match France-Suisse pour l’Euro 2016, dimanche à Lille (Nord). De ce fait, « les forces de l’ordre ne pour­ront être mobi­li­sées en nombre suffi­sant » à Calais, arguent-elles, redou­tant des « troubles graves à l’ordre public ».

    Le Monde

    Nous n’in­ves­tis­sons pas les moyens pour gérer les réfu­giés chez nous et nous arri­vons à empê­cher d’autres pays d’ap­por­ter l’aide néces­sai­re… parce qu’on a l’Euro de foot.

    Nous sommes vrai­ment malades. Il est plus que temps de se rappe­ler que l’hu­main doit passer avant tout, y compris avant une mani­fes­ta­tion de sport.

  • [Commen­taire] We don’t have an immi­gra­tion problem. We have a moral issue …

    It is litte­raly impos­sible to steal a job.

    Think all the jobs are being stolen by ille­gal immi­grants? Abso­lu­tely impos­sible. An employer is inten­tio­naly hiring someone they can under­pay for more profit.

    We don’t have an immi­gra­tion problem. We have a moral issue regar­ding busi­ness owners taking advan­tage of people and pushing the blame on those being taken advan­tage of.

    C’est criant de vérité. Nous consi­dé­rons comme acquis qu’il est normal et sain que les entre­prises aient des compor­te­ments immo­raux et exploitent autrui autant que leur permet la loi.

    Nous repor­tons la faute sur tout le contexte qui met l’en­tre­prise en capa­cité de le faire, au lieu mettre en respon­sa­bi­li­tés ceux qui mettent en œuvre ce qu’on juge immo­ral.

    Il est temps d’ar­rê­ter de trou­ver normal que les entre­prises soient amorales. Notre problème est là, sur beau­coup de points.

  • [Lecture] Les égoïsmes euro­péens ont tué Aylan une deuxième fois

    À lire :

    En quelques mois, la plupart des pays euro­péens ont jeté par dessus bord leurs valeurs, celles héri­tées de la Seconde Guerre mondiale et de son cortège d’hor­reurs et qui ont fondé la construc­tion commu­nau­taire.

    […] Aujourd’­hui, la bien-pensance n’hé­site pas à accu­ser ces pays d’avoir créé un appel d’air en se montrant géné­reux, comme si la Grèce ou l’Ita­lie auraient pu seules stop­per les arri­vants ! Si les diri­geants euro­péens veulent créer des camps de concen­tra­tion à Lesbos, à Leros ou à Lampe­dusa ou souhaitent que les garde-côtes de ces pays coulent les bateaux avant qu’ils ne touchent les côtes euro­péennes, qu’ils le disent.

    […] Pétri­fiés par la peur d’une inva­sion fantas­mée qu’ils entre­tiennent par leurs réac­tions, ils jettent par dessus bord les valeurs sur lesquelles reposent les démo­cra­ties. Des régimes auto­ri­taires, natio­na­listes et mépri­sants des droits de l’homme, voilà la réponse de diri­geants médiocres à un drame huma­ni­taire sans précé­dent depuis la guerre.

    par Jean Quatre­mer

    L’au­teur n’a pour­tant rien d’un alter­mon­dia­liste. À lire en entier. Ce qu’on dira de nous dans les livres d’his­toire risque de nous faire honte, à nous et à nos enfants.

  • [Lecture:] Nouvel An à Cologne: 55 des 58 agres­seurs n’étaient pas des réfu­giés

    Lu sur le web :

    L’enquête fait la clarté sur les agres­seurs de la nuit de la Saint Sylvestre à Cologne. […]

    Sur les 58 suspects, seuls trois d’entre eux sont origi­naires d’un pays en guerre: deux Syriens et un Irakien. Les 55 autres sont pour la plupart Algé­riens et Maro­cains et ne seraient pas arri­vés récem­ment en Alle­magne. Trois Alle­mands figurent aussi parmi les personnes arrê­tées.

    […] Sur 1054 plaintes […] 600 autres plaintes concernent des vols.

    via RTBF.be

    Donc en réalité 95% ne venaient pas de migrants, et plus de la moitié n’avaient aucun carac­tère sexuel. L’im­pact restera pour­tant long­temps et le démenti aura bien peu d’im­pact par rapport à l’em­bal­le­ment média­tique.

    Des sources anonymes de la police avaient dit, début janvier dans les médias, que la plupart des agres­seurs étaient des réfu­giés syriens.

    Des sources anonymes de la police.

    Dans le meilleur des cas il s’agit d’un poli­cier qui a exprimé un ressenti faussé via la très petite fenêtre de sa vision person­nelle, et les média qui ont repris l’in­for­ma­tion sans chiffre objec­tif ou en extra­po­lant les maigres chiffres en ques­tion.

    Dans le moins bon des cas il s’agit d’une mani­pu­la­tion de la source poli­cière, ou pire, et des média qui ont joué à qui faisait le plus gros titre qui faisait vendre.

    Ce qui est certain c’est que l’émo­tion­nel sur le fait avant d’avoir le moindre chiffre offi­ciel n’a rien amené de bon.

    S’il faut un respon­sable clair, c’est au moins l’État alle­mand qui n’a jamais modéré les titres de la presse en donnant quelques chiffres ou annonçant l’ab­sence de chiffres. Reste à comprendre pourquoi.

  • La France a accueilli 62 réfu­giés « relo­ca­li­sés », sur les 30 000 promis

    Il faut un début à tout. Quarante-trois migrants origi­naires de Syrie, d’Irak et d’Ery­thrée sont arri­vés, lundi 25 janvier, à Saint-Nazaire (Loire-Atlan­tique) depuis un centre d’en­re­gis­tre­ment (« hots­pot ») en Grèce. Après les 19 Erythréens accueillis près de Nantes, en novembre 2015, le nombre de réfu­giés « relo­ca­li­sés » en France passe donc à 62.

    Le Monde, Les déco­deurs

    Pas 62.000, juste 62.

    Après autant de foin poli­tique, après des maires qui ont offi­cia­lisé leur envie d’ac­cueil, après la peur d’une inva­sion telle que nous ne pour­rions sauve­gar­der notre iden­tité, après plusieurs mois, nous avons accueilli 62 réfu­giés. 62.

    C’est telle­ment énorme que je n’ose y croire. Et pour­tant Les déco­deurs sont atta­chés aux chiffres et à leur véri­fi­ca­tion.

    Il y a des baffes qui se perdent.

    62 é »ç(è&) ! seule­ment 62 ! Pour 65 millions de personnes dans un des pays les plus riches de la planète. Nous sommes ridi­cules, et j’ai honte.

  • France, Para­dise Lost

    When I moved to France 12 years ago, it was like arri­ving in an unfriendly para­dise. Sure, hardly anyone spoke to me. But there was natio­nal paid mater­nity leave and free pres­chool. Prac­ti­cally everyone seemed to agree on the need for strict gun laws, and access to birth control and abor­tion. Not only did the whole coun­try have health insu­rance; most undo­cu­men­ted immi­grants could get medi­cal and dental care free.

    […] The French believe “they have a duty to think not just for them­selves but also for the rest of the world,”

    […In 1970’s…] France took in nearly 130,000 “boat people” from Viet­nam, Laos and Cambo­dia. That influx, and others like it, have helped make France a nation of immi­grants. Nearly a quar­ter of the popu­la­tion has at least one foreign-born grand­parent.

    […]

    I assu­med that France would be welco­ming.

    It wasn’t. President François Hollande said in Septem­ber that France would take in an addi­tio­nal 24,000 refu­gees over the next two years. In a natio­nal poll after­ward, 70 percent of respon­dents said 24,000 was “suffi­cient” or “very suffi­cient,” and half said they would refuse to accept refu­gees in their own city.

    New York Times

    Où est passé notre France ? Que sommes-nous deve­nus ? Nous nous sommes perdus, ou est-ce moi qui appar­tient au passé ?

  • Asile : droit de réponse à la bien-pensance

    « Aujourd’­hui, un réfu­gié poli­tique, en France, il a droit à 700 euros par mois, il a une prio­rité au loge­ment, il a droit au trans­port gratuit, toutes sortes de choses auxquelles la famille modeste ici n’a pas droit »

    Comme je m’y atten­dais, j’ai immé­dia­te­ment été accusé d’ « intox » […]

    Je main­tiens la tota­lité de ces propos. […] allo­ca­tion jour­na­lière éche­lon­née entre 6,80 euros par jour et pour une personne seule, et 37,40 euros pour une famille de dix personnes. Si bien que l’aide versée dès l’ar­ri­vée en France à quelqu’un qui demande l’asile, s’éche­lonne entre 200 et  1200 euros par mois.

    Le chiffre que j’ai cité, de 700 euros, corres­pond à une famille de six personnes.

    Pierre Lelouche, sur son site

    Parce que oui, dire « un réfu­gié poli­tique a droit à 700 euros par mois » et « une famille de 6 personnes réfu­giée poli­tique a droit à 700 euros par mois », c’est la même chose pour lui.

    Pour moi ça n’a rien à voir, et si c’est effrayant, c’est surtout par le ridi­cule de l’aide dans le second cas.

    Ques­tion d’hon­nê­teté intel­lec­tuelle. Visi­ble­ment pour lui tout ça n’est qu’ar­gu­ties juri­diques, et bien évidem­ment pas une présen­ta­tion malhon­nête des choses.

    Triste poli­tique.

    Pour cari­ca­tu­rer une phrase qui tourne souvent : Le jour où bien-pensant/ce est devenu une insulte, on aurait du se méfier.