Je ne vois pas la différence entre une opinion religieuse et une opinion vestimentaire. […] Tant qu’on ne parle que de la foi elle-même, savoir si mon interlocuteur est catholique ou musulman m’intéresse presque autant que de savoir s’il préfère les t-shirt ou les chemises. Le voir exercer son culte me concerne autant que de savoir s’il porte la chemise dont on vient de parler.
Apathéiste
Plus exactement, je ne fais pas de différence entre quelqu’un qui prie dans la rue et quelqu’un qui y fait son exercice de yoga.
Je ne fais pas non plus de différence entre quelqu’un qui me tend une invitation à une cérémonie religieuse ou un extrait de je ne sais livre sacré et quelqu’un qui me tend une invitation à un meeting politique ou prospectus à propos du nucléaire.
Je ne fais pas de différence entre quelqu’un qui choisit d’exclure le porc de son assiette pour des questions religieuses et quelqu’un qui choisit de l’exclure pour des questions éthiques vis à vis des animaux, qui exclut les produits de l’agriculture intensive sur des croyances sanitaires, ou qui exclut les OGM par peur des conséquences long terme.
Je ne fais pas de différence entre quelqu’un qui choisit une robe noire longue pour des questions religieuses et quelqu’un qui choisit la même robe parce que ça colle avec son affiliation gothique, ou une mini-jupe parce que ça colle avec sa vision de la libération de la femme.
Je ne fais pas de différence entre qui propose une loi qu’il croit intimement souhaitable parce que c’est enseigné ainsi dans sa religion et qui la propose en la croyant intimement souhaitable pour d’autres raisons morales ou éthiques.
Ce n’est pas que je n’ai pas d’avis sur tout ça, mais que le motif de la personne soit religieux ou non n’entre pas en considération. C’est sa conscience, pas la mienne.
Si nous avons des règles spécifiques sur le fait religieux, c’est essentiellement pour des raisons historiques. Parce qu’il le faisait par le passé et parce qu’il a un rôle particulier qui lui permet d’imposer ou d’interdire, il a fallu contraindre l’État. Il a fallu à la fois le contraindre à garantir la liberté de culte et lui interdire de prendre parti.
La laïcité c’est ça (et des questions pratiques sur comment opérer une séparation entre l’état et l’église, un peu comme la gestion des biens et des enfants après un divorce). Rien de plus.
La prière dans la rue n’est pas interdite (et c’est une bonne chose). Prêcher la bonne parole non plus (idem). La religion n’a pas plus à rester privée qu’une quelconque autre opinion.
Il s’agit de séparer le temporel et le spirituel, pas d’interdire ou de limiter ce dernier, y compris dans l’espace public.
On interdit par contre les discriminations, la violence envers autrui, la contrainte sur autrui. C’est ça qui est interdit, peu importe que ce soit pour des raisons religieuses ou non.
Ce qui est dit c’est simplement que votre religion ne vous ouvre aucun droit en plus, ne justifie rien ni en plus ni en moins aux yeux de la loi. Votre opinion religieuse n’est pas plus protégée des critiques qu’une quelconque autre. On s’assure juste que vous ayez le droit de l’avoir et pas de contrainte spécifique à l’exercer.
J’irai même plus loin. La croyance que dieu n’existe pas est une croyance religieuse (liée au rapport au divin). Je la traite exactement de la même façon que celles qui veulent qu’un ou plusieurs dieux existent.
Vouloir empêcher autrui de prier, de s’habiller, d’exprimer sa croyance, me semble aussi dommageable que vouloir forcer la prière, l’habit, ou l’expression d’une croyance.
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