[Lecture] Appli­ca­tion SAIP – Le minis­tère de l’In­té­rieur lance un nouveau système d’alerte

Nommée SAIP, pour système d’alerte et d’in­for­ma­tion des popu­la­tions, l’ap­pli­ca­tion vous permet­tra d’être alerté lors d’évé­ne­ments excep­tion­nels (alertes nucléaire, produits dange­reux, rupture d’ou­vrage hydrau­lique, etc.) suscep­tibles de résul­ter d’un atten­tat, surve­nant dans une zone géogra­phique précise, sous réserve que la géolo­ca­li­sa­tion soit acti­vée et que l’ap­pli­ca­tion soit active.

via Android France

Bras­sage de vent.

Il faut que les gens aient installé l’app. Pas besoin d’être grand sorcier pour penser que ça va concer­ner une poignée de personnes, même à grand renfort de pub.

Il faudra ensuite que les gens ne l’aient pas désins­tal­lée. Parce que oui, l’app demande un canal data tous les quart d’heure pour télé­char­ger les alertes du moment, plus poten­tiel­le­ment une loca­li­sa­tion (j’es­père qu’ils ne font pas de géolo­ca­li­sa­tion en l’ab­sence d’alerte mais je n’y mettrais pas ma main au feu). Réduire signi­fi­ca­ti­ve­ment l’au­to­no­mie de l’ou­til de tous les jours pour aucun béné­fice direct visible, ça va être diffi­cile à faire accep­ter.

Il faudra ensuite que la noti­fi­ca­tion serve. La véri­fi­ca­tion de nouvelle alerte se fait toutes les 15 minutes. C’est peu mais ça reste énorme. L’alerte concer­nera un événe­ment vieux d’un quart d’heure. Comme il faut le temps que la chaîne hiérar­chique décide d’en­voyer l’alerte, mettons plutôt un événe­ment vieux d’il y a trente minutes. Ensuite il faudra que la personne ouvre ses noti­fi­ca­tions.

* * *

Facile de critiquer mais le bon outil existe : le SMS.

  • On peut envoyer l’in­for­ma­tion unique­ment aux personnes dans le rayon d’ac­tion de l’an­tenne radio concer­née. Pas besoin de géolo­ca­li­sa­tion sur le télé­phone.
  • On peut toucher tout le monde, y compris les étran­gers de passage, sans besoin d’avoir installé une appli­ca­tion spéci­fique aupa­ra­vant.
  • On peut le faire en temps quasi réel, sans la latence de 15 minutes néces­saire pour le télé­char­ge­ment régu­lier de l’app android.
  • On peut le faire sans toucher à l’au­to­no­mie du télé­phone. La veille GSM clas­sique suffit. Il n’est même pas utile d’avoir un canal de donnée activé.

Mieux, il existe un type de SMS parti­cu­lier dit « flash SMS », prévu spéci­fique­ment pour ce type d’usages, qui s’af­fiche d’of­fice sur le télé­phone, en prio­ri­taire.

Le défaut ? Il faudrait une loi pour obli­ger les opéra­teurs à relayer ces messages d’alertes (ou au moins une conven­tion, parce que j’ima­gine qu’il serait diffi­cile pour eux de refu­ser publique­ment d’y sous­crire) et… il faudrait payer les envois de SMS. D’après un autre article c’est surtout ce dernier point qui pose problème au gouver­ne­ment.

C’est sur que c’est moins cher de bras­ser du vent (quoique… l’app a bien du coûter 50k€, plus la licence de la tech­no­lo­gie d’alerte utili­sée et louée par un pres­ta­taire).

* * *

Et sinon, pour les vrais qui s’en rappellent, on a juste­ment un SAIP depuis la guerre : un système d’alerte et d’in­for­ma­tion aux popu­la­tions, qu’on teste le midi tous les premiers mercredi du mois via des alarmes bien sonores.

Sauf qu’on ne prend même pas la peine d’in­for­mer les gens de ce que c’est – de mon expé­rience une partie de mes connais­sances ne le savait même pas – et encore moins les codes pour diffé­ren­cier un test d’une vraie alerte.

Ce SIAP était prévu pour survivre aux catas­trophes. Aujourd’­hui il est laissé à l’aban­don. On le teste, on inven­to­rie (en théo­rie), mais plus personne n’est en charge de corri­ger les problèmes et assu­rer la main­te­nance (ne parlons même pas de l’étendre aux nouvelles zones d’ha­bi­ta­tion). France Tele­com consi­dère que ce n’est plus son rôle depuis que la société a migré du public au privé. Ni les collec­ti­vi­tés ni l’État ne veulent mettre la main à la poche.

Le problème est connu depuis long­temps, mais ça ne permet pas de faire des commu­niqués de presse aussi sympa qu’un gadget de smart­phone.


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Commentaires

6 réponses à “[Lecture] Appli­ca­tion SAIP – Le minis­tère de l’In­té­rieur lance un nouveau système d’alerte”

  1. Avatar de Jean-François RENAULD
    Jean-François RENAULD

    Et je rajouterai que cette application est anxiogène. Mais c’est un autre problème.

  2. Avatar de Chibani

    Encore un beau gaspillage en règle.
    Un de nos ministre a du se laisser convaincre par l’argumentaire d’une bonne grosse SS2I, qui lui a vendu un beau projet :
    – moderne (avec des technos de OUF ! Geoloc, push de notification… OUH lala !)
    – jouant sur l’insécurité
    – à 2-3j de l’Euro de foot (car les tous Français ne vivent que pour l’Euro, hein)
    – avec une « technologie innovante » (et brevetée, tant qu’à faire) garantissant l’anonymat

    Le SMS flash (+ localisation via antenne relais auprès des opérateurs) est une solution technique :
    – simple
    – existante
    – fonctionnelle
    – capable de toucher une énorme part de la population (+92% d’après ce site : http://fr.statista.com/statistiques/530840/part-population-disposant-telephone-mobile-france/ )
    Mais où est le challenge ? Quel intérêt d’utiliser des trucs existants ?
    On a une French Tech à faire rayonner, voyons !

    Le « gag » (malheureux, j’en conviens) serait que le système tombe en rade, faute d’utilisation (et par conséquent de surveillance) pendant une crise majeure. Ce serait triste, certes, mais tellement probable…

    1. Avatar de Gilles

      Pas besoin qu’il tombe en rade : il sera déjà trop tard donc inutile quand il sera activé, comme l’a décrit Eric.
      Et ne touchera que 10 % des gens voire moins.
      Par contre, bizarrement, aucun média « tradi » n’en parlera, histoire que le gouvernement, qui devra gérer une crise ma bonne dame pas un SAV, ne soit pas attaqué, à juste titre pourtant.
      Je suis toujours content quand on jette mes impôts par la fenêtre.

  3. Avatar de Jean-Marc Fontaine

    J’aime ton alternative à base de SMS mais elle a un gros défaut : l’impossibilité de garantir l’absence de son lors de la réception du message.

    Un son peut signaler la position d’une personne cachée et la mettre en danger.

    1. Avatar de Éric
      Éric

      Inversement, dans le cas d’une alerte, l’absence de son fait que quasiment personne ne relèvera le téléphone pour voir qu’il y a alerte. Bref, encore moins utile.

      S’il faut résoudre la quadrature du cercle en sachant qui est caché (et ne doit pas avoir de son) et qui ne l’est pas (et doit avoir du son pour éviter de se retrouver dans le premier cas), on va avoir du mal quel que soit l’outil.

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