Les attentats exigeaient des réponses. On ne pouvait pas rester les bras ballants. François Hollande a frappé fort. A-t-il frappé juste? Je n’en suis pas sûr. Quand j’étais contrôleur général des lieux de privation de liberté, j’avais mis en exergue une histoire que j’avais appelé la fable du soutien-gorge. C’est le fait d’enlever systématiquement son soutien-gorge à une femme lorsqu’on la place en garde à vue, au motif que c’est dangereux. J’avais demandé à la police de m’expliquer pourquoi c’était dangereux et combien d’attaques et de suicides par soutien-gorge avaient été comptabilisés. Elle était incapable de donner le moindre chiffre évidemment. Je veux dire par là qu’en matière de sécurité, on est souvent dans l’irrationnel. L’exécutif prend régulièrement des mesures destinées uniquement à prouver sa force.
— Jean Marie Delarue, ancien contrôleur général des lieux de privation de liberté et ex-président de la Commission de contrôle des écoutes, via Challenges
C’est tellement ça. Par peur d’être vus comme des faibles qui ne font rien, on montre la force. Par peur d’être traités de laxistes, la gauche sur-réagit.
L’utilité de ces mesures est secondaire. Plus exactement, l’utilité est d’apparaitre comme l’homme et le parti fort en période de crise. Peu importe que les mesures soient des atteintes graves aux libertés, on ne pourra pas les accuser de n’avoir rien fait.
Si aucun nouvel attentat n’arrive d’ici les prochaines présidentielles alors ça sera grâce à eux. Si un nouveau survient, c’est qu’ils auraient du aller encore plus fort.
Aucune réflexion aucun recul. C’est au point où un politique a demandé récemment d’arrêter de discuter l’utilité des mesures, que le temps n’était pas venu, que le temps d’aujourd’hui était celui de l’action. Quel aveu !
Je voudrais qu’on équipe la police dans chaque département de modalités de réaction extrêmement rapides. J’aurais rêvé que le soir du 13 novembre, il y ait une équipe de six motards lourdement armés qui soit d’astreinte à la préfecture de police et qui prenne en chasse les assaillants. Il faudrait aussi créer un compte Twitter de la police accessible à tout moment. Ce compte serait certes saturé de fausses alertes mais quand une attaque d’ampleur se produirait dans un lieu donné, la police serait très vite alertée. Le 13 novembre, le 17 était inaccessible par téléphone, les pompiers sont arrivés sur les lieux beaucoup plus vite que la police. Ce n’est pas normal.
Je ne sais pas si cette idée est la bonne, je vois par contre très bien quel sens elle a vis à vis des événements passés, quel impact elle aurait pu avoir ou non. Ce qu’on est en train de faire ou de prévoir aujourd’hui… aucunement.
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