Les salaires des PDG sont sans rapport avec leurs perfor­mances

qu’en­tend-on par “meilleur PDG” ? Celui qui a prouvé une judi­cieuse vision stra­té­gique sur le long terme ? Qui innove ? Qui crée de l’em­ploi ? Celui dont l’en­tre­prise a pris la plus grande valeur en bourse ? Ce dernier critère, très quan­ti­ta­tif, est celui du clas­se­ment cité par Le Monde : il a été établi par l’In­sead, une grande busi­ness school inter­na­tio­nale, à partir des perfor­mances finan­cières des entre­prises sur plusieurs années. Les 100 meilleurs patrons ont accru la valeur de leurs entre­prises de 40 milliards de dollars, les 100 moins bons ont fait bais­ser cette valeur de 14 milliards.

Et cette dernière manière de calcu­ler, qui est aussi la plus admise, est une gigan­tesque arnaque. C’est décon­nec­ter tota­le­ment la rému­né­ra­tion de ce que l’in­di­vidu apporte effec­ti­ve­ment comme valeur, pour le rému­né­rer à partir de ce que tous ses subor­don­nés apportent comment valeur. Il y a comme une erreur dans l’équa­tion.

Qu’est-ce qui peut nous faire croire qu’un homme mérite, par son travail, 120, 200 ou même 800 fois le salaire moyen de tous les autres, et un ratio encore plus grand face à ceux qui bossent toute la jour­née à la chaine dans des condi­tions diffi­cile souvent en mettant en jeu leur santé ?

Tout ça n’a aucun sens, et la dérive est fina­le­ment rela­ti­ve­ment récente : tout juste une tren­taine d’an­nées.

Même en imagi­nant que le diri­geant soit prin­ci­pal respon­sable direct des résul­tats, et donc rému­néré en fonc­tion des gains qu’il fait réali­ser, l’équa­tion est fausse d’après l’étude :

1 – Il n’existe pas de corré­la­tion entre la rému­né­ra­tion des P-DG et les perfor­mances finan­cières de leurs entre­prises.

La classe sociale la plus haute, celle des 1% ou 1‰, s’est tota­le­ment décon­necté du reste de la société. Entre-soi écono­mique, mais aussi rela­tion­nel. Ils ne voient pas la dérive et vont jusqu’à penser méri­ter ces écarts de rému­né­ra­tions, en toute bonne foi.

2 – Le fait qu’une entre­prise crée en interne un Comité des Rému­né­ra­tions a plutôt pour effet de faire monter le salaire des diri­geants.

3 – La présence d’ad­mi­nis­tra­teurs indé­pen­dants au CA de l’en­tre­prise ne garan­tit aucu­ne­ment une modé­ra­tion du salaire du P-DG.

Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Ross Pollack


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Commentaires

Une réponse à “Les salaires des PDG sont sans rapport avec leurs perfor­mances”

  1. Avatar de TheSFReader
    TheSFReader

    Sans oublier que la valeur boursière d’une entreprise sur laquelle se fonde ce critère, même sur une période de quelques années, n’est pas toujours représentative de la valeur réelle de celle-ci…

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