Les écrits avec du recul sur l’obsolescence programmée ne sont pas légion. Celui-ci en est un :
Dès lors, ce serait une faute de conception que de ne pas correctement ajuster les composants puisque cela risquerait d’occasionner des retours coûteux au service après vente. C’est ainsi un impératif rationnel que de calibrer l’ensemble des condensateurs en sorte qu’ils rendent l’âme le plus possible au même instant…
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Un tel écart de prix [choix de la durée de vie des composants] était incompréhensible pour le client à l’époque et il se trouvait déjà des économistes néo-libéraux pour expliquer que le « différentiel » de prix était entièrement dû à l’écart de coût de main d’œuvre…
Au demeurant, on conçoit que l’industrie n’ait pas envie de communiquer sur ce paramètre qui, moyennant un calcul actuariel, permettrait de comparer plus justement les prix…
En outre, le client est, pour des raisons épistémologiques, inéluctablement aveugle sur ce qu’il achète – n’en déplaise aux économistes qui essaient de nous faire croire en la possibilité d’une transparence des marchés. Il pourrait se sentir « le dindon de la farce » s’il savait que le fabricant détermine précisément la durée de vie espérée…
Je me rappelle aussi cette histoire sur les imprimantes qui recueillent un tout petit peu d’encre pendant les nettoyages des têtes à l’allumage. Il y a un bac avec une mousse pour ça, malheureusement non accessible. L’imprimante tient un compte du nombre de nettoyages, et refuse le fonctionnement à partir d’un certain nombre prédéterminé, pour éviter que le bac ne déborde.
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Pas besoin de voir un complot des industriels. La durée de vie de l’imprimante est connue, mais c’est plus une question d’économie – le bac n’est pas accessible pour être vidé – que de volonté de faire raccourcir le temps d’utilisation.
Oui le constructeur définit la durée de vie probable du matériel, parce que cette durée de vie a un coût au niveau de la fabrication et des composants. Ce n’est pas que pour de l’électronique. On peut parler du choix du textile et de son tissage pour les vêtements.
Le problème c’est que cette qualité et cette durée de vie sont invisibles de la part du client. Les deux critères de vente restent le prix et le marketing. Pas étonnant donc qu’on tende vers des prix bas accompagnés d’un beau discours, quitte à avoir une qualité de conception en baisse.
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Que faire ? Étendre les garanties obligatoires (elles sont désormais de deux ans). Imposer une communication sur la disponibilité de pièces détachées (bientôt effectif).
J’ai plus simple, mais ça demande un courage politique : Simplement imposer au constructeur de communiquer officiellement sur la durée de vie probable pour le matériel à sa connaissance. Pas d’engagement autre que la bonne foi, mais au moins on pourra se retourner si jamais il y a mauvaise foi.
Photo d’entête sous licence CC BY-NC-SA à partir d’un travail de Matt Shiffler
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