Quelle honte d’accorder 33% de son revenu à son espace de vie. À l’éducation que l’on a reçu, aux soins dont on bénéficie. Mais rassurez-vous, vous pouvez en être dispensé grâce au fabuleux statut de JEI qui fait pâlir d’envie outre-atlantique
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Et cerise sur le gâteau, on peut virer ses salariés dans les 6 mois sans aucun risque. Sous réserve de rester en-dessous des 50 salariés (excluant les stagiaires bien entendu). Et puis un développeur français est si peu cher, pourquoi s’en priver ?
Voilà, Tariq, les talents français du code sont au mieux de la chair à canons publicitaires US
Voici la meilleure réponse à l’article du NewYork Times. Parce que oui, la France est attractive pour des startup. Les 33% de cotisations sociales ne sont en réalité pas payées par les JEI, et la prétendue rigidité des contrats de travail ne l’est pas tant que ça. Factuellement la plupart des études mettent la France comme bien moins chère pour les startup technos que les US ou Londres.
D’autres ont fait des réponses sur les critères financiers (pas de meilleure foi) mais on tape à côté. Pourquoi est-il si choquant de payer 30% du salaire en retraite, assurances et santé ? C’est encore plus crétin quand on compare avec des pays où ces frais sont décomptés du salaire net que reçois le salarié au lieu d’être pris plus haut au niveau de l’employeur.
Mais même en dehors de la comparaison, nous devrions être heureux d’avoir un tel équilibre. Comment est-on arrivés à s’enorgueuillir de ne pas payer de prestations sociales, d’échapper à l’impôt collectif, de payer moins cher nos développeurs ou de pouvoir les virer facilement ? Est-ce vraiment de ça que le monde a besoin ? L’innovation et les nouvelles technos ne savent-elles se développer que sur ce terreau ? Si vous répondez « oui » alors il faut vite arrêter ce désastre.
D’autant que c’est juste crétin. Si Google ou Github attirent autant c’est par l’environnement qu’ils offrent (ou offraient). Sur le campus il y a tout ce qu’il faut, au restaurant d’entreprise on fait venir les meilleurs chefs, l’espace de travail est large, éclairé, attirant, en interne on glorifie ceux qui agissent et renforce les développeurs.
Ici on se fait concurrence au moins disant social, on abaisse les développeurs à de l’exécution technique, on leur retire l’idée qu’ils peuvent être le moteur.
Ce n’est pas d’un Github à la française dont nous avons besoin, mais d’une multitude de projets citoyens. Pour créer du lien social, du lien inter-générationel, du lien local, du lien politique. Pour se sentir utile en tant que développeur, pour se sentir agile en tant qu’humain.
Notre objectif ne doit pas être de créer des sociétés de 50 milliards et de copier le voisin en étant plus profitable ou plus gros financièrement. L’innovation se nourrit du lien, de l’utilité, d’une culture. La réduire à son sens économique et aux copy-cat ne ne mènera nulle part.
Il y a une culture à avoir, et ce n’est pas une culture business, c’est une culture de l’utilité, de collaboration sociale. On ne la créera pas en jouant à celui qui propose le moins au niveau social pour un meilleur profit des investisseurs.
À lire entièrement : Talents publicitaires de David Larlet
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