C’est vrai qu’on n’entendait plus beaucoup parler de l’Islande et de sa nouvelle constitution. L’occasion de recommencer de zéro est rare. Il y a eu là bas un électrochoc qui aurait pu permettre de casser les résistances et de réformer le système. De loin on y a un peu cru.
[…] en réunissant une Assemblée constituante, formée de 25 citoyens « ordinaires » chargés de réécrire la Constitution islandaise. Mieux encore, chacun était invité à participer à cette réécriture collaborative sur le site web dédié. Cela ressemble fort à un conte de fées démocratique […]
C’était sous-estimer la résistance du corps politique pour éviter sa propre remise en cause. Si nous imaginons très bien qu’il puisse y avoir résistance, l’histoire nous donne un enseignement majeur :
Au contraire, le Parlement a décidé de bafouer ses propres déclarations publiques ainsi que la volonté du peuple exprimée par le référendum national, en gelant le projet de loi. De plus, pour couronner le tout, le Parlement a imposé à la hâte la nécessité pour tout changement constitutionnel sous la prochaine législature d’être approuvé par les deux tiers du parlement et 40% du vote populaire. Un taux de participation minimal de 80% sera nécessaire pour qu’une réforme constitutionnelle soit acceptée à la prochaine session du parlement.
Le problème n’est pas tant que le projet ait pu être rejeté, c’est qu’il a été simplement mis de côté, et que le corps politique au pouvoir a vite mis en place des gardes fous immenses pour empêcher toute remise en cause si jamais ils devaient être obligés d’en venir au vote.
Il faut dire que la pression populaire était forte, et que le besoin de créer autre chose était clairement incontestable vu le résultat du premier référendum :
le référendum national du 20 octobre 2012 sur cette loi, au cours duquel 67% de l’électorat a exprimé son soutien à ce projet de loi ainsi qu’à ses principales dispositions spécifiques, y compris la nationalisation des ressources naturelles (83% de Oui), la démocratie directe (73% de Oui), et « Une personne, un vote » (67% de Oui).
À ce niveau là il y a un tel mouvement que voter des lois pour freiner le changement ça ressemble ni plus ni moins à de l’obstruction.
Quand nous ne sommes plus capables de remettre en cause notre propre système politique, alors nous ne sommes plus en démocratie. Il semble que malgré une quasi révolution dans les esprits du peuple Islandais, ils n’en soient pas capables.
Parti de cette expérience, j’ai bien du mal à imaginer que notre système est plus démocratique que le leur. Il nous faudrait bien plus que leur propre élan pour renverser notre propre structure.
Alors, que fait-on ?
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