Jiminy Panoz nous fait un très bon résumé des DRM sur le livre numérique et leur interopérabilité. On y parle des différents formats, de leur DRM, et des compatibilités entre écosystèmes.
C’est un indispensable à lire mais Jiminy parle essentiellement de migration entre écosystèmes. J’aimerai tant appuyer sur son second paragraphe. Le passage est mis en gras mais cela ne suffit vraisemblablement pas :
Les DRM ne font pas que restreindre l’interopérabilité. Ils restreignent aussi les usages possibles. Pire : Ils vous forcent à abandonner toute idée de pérennité.
Et cela, même si vous considérez qu’Amazon et les applications Kindle vous permettent d’accéder à vos contenus partout, que l’interopérabilité n’est pas une grande contrainte dans votre cas, vous allez en souffrir.
Tôt ou tard vous voudrez faire quelque chose de non prévu comme faire une annotation sur plusieurs pages, extraire une ou deux pages pour les travailler sous votre traitement de texte, exporter vos annotations pour les retravailler dans votre thèse, lire votre livre sur votre télévision, lier vos lectures à un site de partage social, échanger avec un ami, prêter votre lecture à un parent, etc. Malheureusement la DRM ne vous permettra de faire que ce qui non seulement est permis, mais qui en plus en plus est prévu. Coincé, il n’y a pas d’autre mot.
Mais en plus, tôt ou tard votre liseuse ou le format de vos livres deviendront obsolètes, non supportés. Peut être même que votre distributeur mourra, ou sera racheté. Cela ne posera aucun problème si le format est ouvert : Vous pourrez utiliser un autre appareil ou logiciel, ou simplement convertir vos anciens contenus. Avec le DRM vous serez bloqués. Soit on vous l’a permis et vous l’avez fait à temps, soit votre contenu est définitivement perdu.
Votre distributeur va mourir un jour, vos contenus et notre culture avec.
Dans la musique, il est arrivé plusieurs fois que le distributeur meure, ou change, et vos contenus avec. Parfois on vous proposait de transférer vos données, il fallait le faire dans une fenêtre d’un mois ou moins, sinon tout était perdu.
Ne vous cachez pas derrière l’importance de la société derrière, des produits Yahoo! ou Google son arrêtés tous les mois. C’est déjà arrivé et ça arrivera de nouveau, qu’on s’appelle Adobe, Amazon, Google ou Apple n’y change rien si ce n’est le nombre de personnes touchées.
Le web commercial tel qu’on le connaît aujourd’hui a à peine 15 ans, il serait illusoire de croire que ce qu’on connaît aujourd’hui sera encore là à la fin de notre vie, et encore plus pour celle de nos petits enfants. Que laisserons nous derrière-nous comme culture et comme histoire avec nos fichiers verrouillés et protégés ?
Travailler pour un avenir sans DRM
Quand l’éditeur impose une DRM, le distributeur n’a pas de choix que de l’accepter ou de créer un marché de niche avec uniquement les contenus ouverts et standard. Il n’y a pas de solution unique. En bon psychorigide j’ai une attirance vers la seconde, mais ces contenus sous DRM les gens les veulent tout de même, et il n’est pas illégitime de leur y donner accès. Il nous appartient par contre de travailler avec les lecteurs et les auteurs pour mettre fin au plus vite à cette situation détestable.
Voilà ce que nous pouvons faire pour avancer :
- Refuser d’acheter, recommander, lier ou propager des liens vers des livres sous DRM, sauf avec une mise en garde explicite sur les conséquences de ce système, et écrire aux auteurs correspondants pour les informer.
- Refuser de converser avec ceux, éditeurs, distributeurs ou sites littéraires, qui ne font pas explicitement mention des restrictions d’usage quand ils lient ou parlent d’un livre numérique sous DRM, et leur écrire pour les informer.
- Informer et inciter les tiers à faire de même.
C’est peu mais c’est déjà beaucoup.
Pour ceux qui ont déjà mis la main dans l’engrenage la seule solution serait de casser les DRM de vos fichiers pendant que c’est encore possible. Il est en effet loin d’être certain que cette capacité persistera avec le temps. Malheureusement, même si la procédure est facile à trouver sur Internet et quand bien même ce serait pour des usages légaux, c’est interdit en France. Là ce sont nos politiques qu’il faut contacter.
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