J’ai vu dans des arguments de débat « et si plus tard certains veulent se marier à trois au nom du mariage pour tous ? ».
La question ne se pose pas, c’est « non ». Pour autant je trouve que la question n’est pas si mauvaise. Je ne vois pas en quoi trois personnes qui veulent s’unir soit plus « mal » que deux ni pourquoi on chercherait à les en empêcher. Sauf qu’ainsi on peut aller loin. On peut parler de douze personnes, ou même un mariage avec un chat. Quelle est la limite ? En quoi serait-ce plus « mal » finalement ?
Mon problème c’est que je n’ai pas de réponse, ou plutôt je ne vois pas vraiment de nécessité à en chercher ou à en trouver une. Je n’en ai simplement rien à faire et plus j’avance plus le mariage est une question privée dont l’État ne devrait simplement pas se mêler. Et si certains souhaitent se sentir mariés à leur chat, grand bien leur fasse.
Mais alors, c’est quoi le mariage ?
Trois parties au mariage : La partie « famille pour élever un enfant », la partie « union civile entre deux personnes, avec tout un tas d’engagements mutuels légaux », et l’aspect religieux.
La partie « famille » est déjà vide. On élève des enfants hors mariage et les mariages recomposés posent déjà des problèmes sérieux de responsabilité parentales (non) partagées. Bref, abandonnons l’idée que le mariage structure l’éducation des enfants ou changeons radicalement les régimes de responsabilité parentaux.
La partie contractuelle civile est la partie dont s’occupe actuellement l’État. Le mariage est en fait un contrat bien définit d’assistance mutuelle avec une grosse liste d’engagements et de responsabilités communes.
Le problème c’est que dans l’esprit de tous, le mariage est surtout religieux. Pas religieux dans le sens « je crois en Dieu », mais religieux quand même : On y attache des croyances et des valeurs communes (ou qu’on veut communes). C’est bien pour ça qu’il n’est pas vraiment possible de traiter ce débat avec des arguments objectifs. On en vient forcément à se perdre dans des chemins bien tordus.
Ce n’est pas l’État qui met cette connotation religieuse, c’est vous et moi. L’État ne peut pas faire grand chose à part essayer de gérer la réalité contractuelle laïque tout en ménageant les susceptibilités en fonction de ce que chacun attache ou pas comme croyance au mot « mariage ».
Supprimons le mariage
On finira forcément par ouvrir ce mariage à trois, parce que ça sera un jour vu comme une discrimination ou comme une contrainte non justifiée. Peut être pas de mon vivant, mais sauf à ce que notre culture fasse un virage vers moins d’ouverture et plus de religieux, on y viendra forcément.
Plutôt que d’aller de divisions en divisions, pourquoi ne supprime-t-on pas l’institution légale du mariage ? L’État n’en gère déjà plus que l’aspect contractuel, et c’est plus par des raisons historiques et de tradition. L’aspect contractuel pourrait tout à fait trouver un cadre hors des mairies et des collectivités publiques. Perdre son temps à des querelles religieuses sur ce que doit être l’aspect « croyance » du mariage ne me semble pas de l’intérêt supérieur de l’État.
Certains ont dit que l’Église ne devait pas intervenir dans le débat, moi j’aurai tendance à dire l’inverse : C’est l’État qui n’aurait pas du participer. Laissons les gens faire des cérémonies entre eux ou avec leur chat si ça les amuse, et laissons les faire des contrats de vie commune entre personnes de même sexe ou à plus que deux si ça les amuse. Je ne vois aucune raison pour laquelle l’État devrait interférer avec tout ça.
Bon, en raison de la tradition et justement en raison de l’aspect religieux, je doute qu’on arrive à détacher le mariage de l’État, mais finalement ne serait-ce pas ça la solution ?
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