Lisez en numé­rique qu’ils disaient…

Mis à jour, expli­ca­tion en bas du billet

Vous lisez une série sur papier, vous venez de finir le tome 4 et vous cher­cher le tome 5. Tout le monde vous parle de numé­rique et vous déci­dez de tester tout ça.

Vous avez aussi bien véri­fié que le livre était « sans DRM » comme on vous a dit de le faire. Toutes les boutiques ne le précisent pas, vous avez du cher­cher un peu mais c’est bien tombé : celui là est sans DRM.

Vous ache­tez votre ebook à 15 €. Bon, 14,99 en réalité mais on ne va pas chipo­ter. Vous avez pris l’EPUB et pas le PDF. Tout ça c’est du chinois mais comme c’est ce qu’on vous conseille partout, vous suivi ce qu’on vous disait. Vous ne compre­nez toute­fois pas bien pourquoi on tente de vous vendre l’autre s’il ne faut pas l’ache­ter mais vous faites comme si de rien n’était.

Là les ennuis commencent. Le livre vous donne une méchante impres­sion de déjà vu. Véri­fi­ca­tion faite, c’est marqué « tome 5 » mais c’est en fait la première moitié du tome 3 que vous avez déjà lu. Vous fouillez et confir­mez votre méchante impres­sion : L’édi­teur publie chaque livre papier édition poche en deux livres numé­riques, en renu­mé­ro­tant toute la série. Malheu­reu­se­ment bien que les titres indiquent en gros « tome X », la numé­ro­ta­tion des poches et des numé­riques est diffé­rente. Il faut deux livres numé­riques pour faire un poche. Les tomes 1 et 2 numé­riques corres­pondent au tome 1 édition poche et les tomes 3 et 4 numé­riques au tome 2 édition poche. Le tome 5 numé­rique est donc la première partie du tome 3 édition poche. Rien ne le signa­lait expli­ci­te­ment, il fallait faire très atten­tion aux sous-titres pour s’en rendre compte. Ce n’est clai­re­ment pas votre faute : Les bonnes librai­ries avaient même chaîné le tome 5 édition poche avec le tome 5 numé­rique comme s’ils étaient équi­va­lents.

Vous avez un peu l’im­pres­sion de vous être fait avoir, surtout à 2×15 € le couple d’ebook alors que le papier n’est pas à 30 €. Un doute vous prend d’ailleurs : Vous n’aviez pas payé si cher que ça les tomes précé­dents, 10 € tout au plus. Seconde méchante impres­sion. Vous véri­fiez et avec la réduc­tion de 5% appliquée presque partout, le tome 5 papier édition poche vaut seule­ment 8 € pour l’équi­valent de deux tomes numé­riques. Bon, 7,98 € mais on ne va pas chipo­ter.

Oui, vous venez d’ache­ter un ebook qui vaut entre 3 et 4 fois plus cher que sa version papier, et qui de plus est tota­le­ment renu­mé­roté par rapport à votre lecture précé­dente.

Sérieu­se­ment, comment le lecteur peut-il s’en sortir ?

Oui c’est un cas réel, même si romancé. Non, pas de nom (et je ne parlais pas de Game of Throne même s’il semble d’après les réac­tions que le problème soit simi­laire), parce que ça n’ap­porte rien, que mon objec­tif n’est pas de poin­ter du doigt X ou Y, et que je veux bien croire que les concer­nés soient de bonne foi avec juste d’une mauvaise orga­ni­sa­tion. Heureu­se­ment ces cas relèvent de l’ex­cep­tion, mais la pilule doit parfois être diffi­cile à avaler.


Mis à jour et expli­ca­tion : Le billet a été légè­re­ment modi­fié après publi­ca­tion pour tenir compte des raisons du problème. Nous avons ici trois facteurs qui se cumulent :

Premier facteur : Tout d’abord, il arrive qu’un livre broché grand format soit publié en plusieurs tomes lorsqu’il passe en édition poche. Plus rare à ma connais­sance, il peut aussi arri­ver l’in­verse : Plusieurs tomes grand format sont réédi­tés en un seul livre poche. C’est ce qu’il s’est passé ici.

En papier cela ne pose pas de problème majeur vu que l’édi­tion poche est éditée long­temps après l’édi­tion brochée grand format. Souvent cette dernière n’existe plus et les deux ne circulent pas en paral­lèle. Dans notre cas le premier tome de l’édi­tion poche est paru trois ans après la fin de commer­cia­li­sa­tion de l’édi­tion brochée grand format du même tome. Pris isolé­ment c’est maladroit mais tout va bien.

Deuxième facteur : Au lieu d’in­diquer « tome 1 et 2 » sur le poche, la série a été entiè­re­ment renu­mé­ro­tée. La numé­ro­ta­tion des uns et des est indiquée assez visi­ble­ment sur la couver­ture, ce qui peut induire faci­le­ment le lecteur en erreur s’il cherche à suivre la série d’une édition à l’autre.

Malheu­reu­se­ment ici, c’est l’édi­tion grand format qui sert de support à l’édi­tion numé­rique. Elle hérite donc de la même numé­ro­ta­tion, concur­rente à celle de l’édi­tion poche. Là aussi, pris isolé­ment c’est compré­hen­sible, mais au final les deux se retrouvent bien en vente au même moment, avec le risque que le lecteur glisse du papier au numé­rique avec une très mauvaise surprise après achat.

Troi­sième facteur : L’édi­tion numé­rique est basée sur l’édi­tion brochée grand format. Si elle est bien déco­tée par rapport au prix origi­nal, c’est par rapport au prix de cette édition grand format que le calcul a été fait : 15 € au lieu de 19 €.

Entre temps les poches sont sortis, avec un prix entre 8 et 10 € suivant les tomes, et le prix du numé­rique n’a pas été impacté. Chaque poche regroupe deux tomes de l’édi­tion grand format, ce qui veut dire qu’un tome édition poche à 8 € contient le même texte que deux livres numé­riques à 15 €. C’est tout de même un facteur de 3,75 entre les deux prix, en faveur du papier. Incom­pré­hen­sible pour le lecteur.

Les prix numé­riques plus chers que l’édi­tion poche corres­pon­dante c’était assez fréquent par le passé. Désor­mais on en trouve de moins en moins. On est juste tombé sur un éditeur qui n’a pas encore fait sa tran­si­tion sur ce point là.

Comme je le suppo­sais, plus qu’une mauvaise volonté c’est proba­ble­ment simple­ment le cumul d’une maladresse et d’un manque de coor­di­na­tion ou/et d’or­ga­ni­sa­tion commer­ciale entre la divi­sion numé­rique et la divi­sion papier.

Le problème c’est que non seule­ment tout ça reste incom­pré­hen­sible pour le lecteur mais surtout que ce n’est pas son problème. Lui se retrouve à payer 15 € la moitié d’un titre qu’il a déjà lu alors que la version papier de ce qu’il cher­chait coute moins de 10 €. S’il revient au numé­rique plus tard c’est qu’il est sacré­ment motivé, et ce sera avec un autre libraire/distri­bu­teur. On est en train de se tirer une balle dans le pied avec ce type d’his­toires.


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Commentaires

3 réponses à “Lisez en numé­rique qu’ils disaient…”

  1. Avatar de karl

    « Sérieusement, comment devons-nous avancer avec de tels boulets aux pieds ? »

    Créer des réseaux collectifs d’achats de livres d’occasion. Numériser soi-même et finalement partager en réseau avec corrections pour les erreurs de numérisations. Ce n’est bien sûr pas ce que je prône mais face à l’idiotie commerciale de certains éditeurs et de certains ayant-droits, les gens trouveront d’autres solutions.

    Tristounet comme tu dis.

  2. Avatar de Pierre
    Pierre

    …et il n’y a pas qu’avec les livres numériques qu’on nous prends pour des cons dès qu’on n’est né (air connu…) mais aussi avec la musique. J’ai acheté de la musique (tout le contenu d’un CD, enregistrement récent de musique de jazz) en version MP3 su un site bien connu dont le nom commence par un A et avec un Z dedans, sans DRM, 9.99€ au lieu de 14.45€, mais aussi sans aucune note, rien pas le moindre petit pdf avec une photo ou les titres des morceaux ni ce que les musiciens aiment bien mettre sur leur pochette, le nom des musiciens etc et je ne parle pas de la qualité de l’encodage, assez médiocre (ce qui passerait sur un lecteur portatif, mais sur une chaine hifi, la pauvreté du son saute aux oreilles).
    Je n’ai jamais piraté de musique, mais je sens que je vais m’y mettre, comme ça, je piraterai les pochettes aussi; quant aux liseuses, je vais encore attendre pour investir…

  3. Avatar de TheSFReader

    Génial pour inciter tous es petits lecteurs à passer à l’abordage et se renommer Jack Sparrow !
    Criminel par négligeance, ça existe ?

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