Version courte : Je vous remercie de ne pas mettre mon nom complet si je me présente avec un pseudonyme ou un nom de famille tronqué dans le document cité, si je ne suis pas un intervenant officiel à un événement, ou sur des photographies sans mon accord. En cas de doute la bonne pratique est de tronquer mon nom de famille à l’initiale.
Gardez le pseudonyme ou le nom que j’utilise sur la ressource que vous référencez, ou à défaut ne gardez que mon prénom accompagnée si nécessaire de l’initiale du nom. J’y tiens même si j’y fournis moi-même un lien vers une page avec mon nom complet. Vos lecteurs pourront eux-même suivre les liens nécessaires s’ils cherchent à en savoir plus sur mon état civil.
Vous pouvez toutefois faire un lien vers la page de l’écrit que vous citez, vers la page adéquate de l’organisation ou de l’événement auquel vous faites référence, ou à défaut, si vraiment rien d’autre n’est pertinent, vers la page de mon profil en ligne. Un tel lien est même encouragé afin de donner le contexte nécessaire.
Je vous remercie de prendre contact avec moi si vous pensez que votre contexte nécessite absolument de publier un état civil complet.
Pourquoi cette recommandation
Je souhaite protéger mon identité et ma vie privée pour mon futur. Le droit d’évoluer ou la faculté de laisser ses erreurs passées derrière soi sont mis à mal par l’indexation automatique et permanente sur le web. Cette dernière a de plus tendance à écraser les contextes et les sphères de discussion, posant de sérieux problèmes de collision entre différentes sphères publiques, et donc de vie privée. Pour ces raisons, je souhaite restreindre ce qui est mit en avant à mon nom par les moteurs de recherche, particulièrement les textes d’opinion, rédigés à chaud ou liés à l’actualité.
Pour autant, je trouve sain de pouvoir identifier l’auteur de propos, pour faire des commentaires et pour comprendre le contexte : expérience de l’auteur, compétences, crédibilité, position et objectivité. Les journalistes ont intégré cette bonne pratique depuis longtemps en attribuant à leur auteur tous les propos rapportés.
Afin de concilier ces deux besoins légitimes, l’identité que je mets en avant est réfléchie suivant le contexte et la publication. Il peut s’agir d’un pseudonyme, ou d’un prénom, accompagné ou pas du nom de famille ou de l’initiale de celui. Il vous appartient de respecter la forme choisie pour la publication de mon identité dans chaque document, et je vous en remercie.
Les réflexions derrière ce choix
Pourquoi et par quoi suis-je gêné
Nous tenons nos actes et nos propos dans différents contextes, liés à un groupe d’appartenance, à une actualité, un auditoire spécifique, une discussion, etc. Hors de leur contexte ces actes et ces propos peuvent facilement donner un ressenti négatif ou simplement inapproprié.
Ainsi un maillot de bain serait aussi mal vu au bureau qu’un complet-cravate bloquerait les interactions sociales sur la plage. De même, un extrait d’un discussion à chaud avec un auditoire précis, lié à un contexte d’actualité, aurait toutes les chances d’être mal interprété plusieurs années après, hors ce contexte, par des tiers, qui potentiellement ne me connaissent même pas.
À cela s’ajoute qu’un homme doit pouvoir évoluer, laisser ses erreurs passées derrière lui, ou même simplement changer d’avis. Le contexte même du monde qui nous entoure change lui aussi d’année en année et rend certains documents problématiques quand ils ne sont pas précautionneusement remis dans leur contexte.
Alors voilà, je ne souhaite pas, pour ma vie privée future, pour la maîtrise de mon identité et de ma réputation future, générer d’inutiles conflits ou des problèmes liés à des télescopages de contexte. Je ne souhaite pas, entre autres, voire remonter à mon nom dans les moteurs de recherche, des documents ou des références qui pourraient poser problème.
Indexation et segmentation temporelle
Ce genre de remontées est pourtant de plus en plus fréquent sur le web. C’est un changement significatif par rapport aux usages précédents.
Quand bien même nommer une personne dans une citation ou un document pouvait lui porter préjudice, la circulation de l’information était fortement limitée dans le temps. Un journal n’a d’impact important que le jour ou la semaine de sa publication, ensuite c’est principalement un outil de recherche et d’archive.
Les moteurs de recherche, eux, indexent tout le web, automatiquement, sans distinction, à vie. Quand bien même le document disparaît, il reste cité, repris, re-publié, archivé. La photo de vos vacances d’adolescent ou votre humeur du jour lors de la promotion de votre collègue il y a dix ans peut à tout moment ressortir dans les premiers liens lors d’une recherche à votre nom.
Sens de lecture de l’information
Mais surtout les moteurs de recherche indexent hors contexte, et sans respecter le sens de lecture de l’information. Quand bien même on accède aux archives du journal papier, on sait qu’on a un ancien contenu, dans quel journal on le cherche, sa couleur politique ou son angle d’attaque, et c’est ce contenu qu’on a cherché. Le contexte est connu, ou au moins suffisamment distinct du contexte présent, et c’est seulement par ce contexte et par le document consulté qu’on accède à votre identité.
Le moteur de recherche ne réutilise pas le contexte et n’assure pas ce sens de lecture. Il permet non seulement d’accéder à votre humeur du jour en recherchant le fait générateur de cette humeur, mais aussi en recherchant simplement par votre identité. Dans ce dernier cas l’absence de contexte et le sens de lecture ont toutes les chances de générer une réaction sans rapport, potentiellement préjudiciables ou avec un préjugé difficile à retirer. La lecture rapide en diagonale qui est d’usage sur le web rend ces dégâts probables même avec un lecteur bien intentionné et conscient du problème.
Différents niveaux entre public et privé
On pourrait faire un classement entre ce qui est mis en public ou en privé, mais la frontière est loin d’être évidente. La rue est un lieu public. Ma présence en ce lieu est-elle publique et peut-elle être publiée au journal avec mon nom ? ce que je dis à ma femme dans la rue le peut-il ? et si c’est à un inconnu ou un groupe que je m’adresse ?
Même sans que parler ou interagir, une photo de moi, seul, prise dans la rue peut-elle être publiée au journal ? y compris en l’accompagnant de mon nom que le photographe aura demandé à la concierge ? Peut-on m’attendre spécifiquement moi et prendre prétexte que je suis dans la rue quand je sors de chez moi ? Pourrait-on publier au journal l’intégralité de mes déplacements dans la rue, les commerces, les administrations sous prétexte qu’il s’agit de lieux publics ? Que dire d’une conversation privée à voix haute dans un café public avec un groupe d’amis ?
Il y a autant de niveaux entre public et privé que de contextes différents. Force est de constater que le fait que le support ou le lieu soit public ne rend pas toute publication légitime, surtout si elle est accompagnée de mon identité.
Les interactions sociales sur le web rendent encore plus difficile ces classifications : Les propos sont quasiment toujours publics, c’est-à-dire accessibles à tous ou au moins à un groupe large comportant des gens plus ou moins connus. Ces propos ne sont pas forcément dénués d’un aspect privé pour autant. Il est difficile voire impossible de préjuger la publicité que l’auteur souhaite à son propos, à son identité, et du préjudice porté par une re-publication.
Différentes sphères publiques
Même en se contentant d’une sphère publique, la gestion de l’indexation sur le web écrase trop de contexte. Nous n’avons pas qu’une seule identité publique. Même si nous utilisons le même nom et le même état civil, mes présences dans une association, sur mon lieu de travail, dans un bar, sont des sphères publiques distinctes les unes des autres.
Seules les personnes extrêmement publiques qu’on appelle communément « people » ont du mal à faire séparer ces différentes sphères publiques ou semi-publiques. Si elles ne sont pas totalement étanches, pour tout un chacun, il est d’usage de ne pas mélanger les contextes et de garder une certaine retenue sur ce qu’on a pu voir, entendre ou lire d’un tiers dans une autre sphère.
La façon dont sont lus, stockés, indexés et échangés les contenus en ligne écrase tout ce contexte, et n’en reste plus que la notion de public et de privé. L’usage des pseudonymes ou des indirections permet de recréer cette opacité entre nos différentes vies publiques en créant des identités distinctes (pas forcément étanches elles non plus).
Anonymat et maîtrise de son identité
Malgré tout, je trouve sain de pouvoir identifier l’auteur d’un propos, pour faire des commentaires et pour comprendre le contexte : expérience de l’auteur, compétences, crédibilité, position et objectivité. Mieux que cela, je souhaite assumer mes propos, c’est une position morale pour moi. L’anonymat n’est donc pas une solution ici.
Pour reprendre la notion de sens de circulation de l’information, l’anonymat permet de couper la liaison d’une information vers sa source. Ce qui m’intéresse c’est de maîtriser ou diriger l’utilisation de mon identité, dans l’autre sens, de l’auteur vers sa production.
Le pseudonyme n’est pas non plus une réponse à ma problématique spécifique, entre autres parce qu’il revient rapidement à être un second prénom, et donc à générer les mêmes problématiques que mon nom de naissance.
Équilibre entre intérêt de l’information et préjudice privé
L’autre garde fou existant c’est courant dans la presse, c’est aussi par celui-ci qu’on juge probablement partie des questions de vie privée : l’équilibre entre le droit à l’information (l’intérêt de l’information) et le droit à la vie privée (le préjudice qui découle de la publication). Aucun droit n’est absolu, il doit y avoir une proportionnalité et une balance entre les deux.
L’ennemi de ce garde fou est l’habitude. L’habitude veut qu’on cite et qu’on identifie, qu’on ne réfléchisse à deux fois que si le contexte ou l’information est manifestement négative. Or les problématiques ont changé avec la numérisation des contenus et leur indexation massive. L’aspect négatif d’une information en elle-même et sur le moment n’est pas le seul critère de nocivité une fois dans le réseau, à terme.
Je suis convaincu que les habitudes doivent évoluer en conséquence, et restreindre plus fortement la divulgation d’identité. En tout cas c’est ce que je souhaite pour ma propre identité.
Sources et attributions
Les journalistes ont cette habitude d’identifier tous les intervenants, sauf danger explicite reconnu, et d’attribuer tous les propos et les actes à leur auteur. C’est une sécurité pour la crédibilité du journal, et l’objectivité du propos. C’est ce qui permet de remonter à l’information première.
Cette très bonne habitude sur papier a logiquement été transposée telle quelle en ligne. Elle n’y a pourtant ni la même portée ni la même utilité. En ligne la source est bien plus indiquée par un simple lien. Ce lien garantit totalement la crédibilité de l’information, et permet d’aller se faire une idée complète de l’objectivité du propos si besoin. Remonter l’identité de la personne citée directement dans l’article n’a plus de sens que pour une personne connue, dont l’identité apporte immédiatement une information de contexte pertinente.
C’est sur cette base que je réalise la politique liée à ma propre identité. Je ne me considère pas comme une personne publique, hors du milieu très spécifique du développement web. Et même dans ce milieu mon identité n’a de raison d’être mise en avant que pour les écrits liés aux développements web, réfléchis et publiés pour un usage large. Sur les opinions diverses, sur les discussions à chaud, sur l’actualité, cette identité n’a pas de valeur ajoutée. Elle ne sert que d’attribution et de reconnaissance à l’auteur. Dans tous ces cas, un pseudonyme ou un nom tronqué associé à un lien pour plus de détails m’apparaissent un bon compromis entre la nécessité de citer les sources et la maîtrise de l’identité d’autrui.
Laisser un commentaire