Prendre du recul, sortir de ce qu’on croit évident et de nos préjugés, revenir aux définitions.
Terrorisme :
A. – Historique.
Politique de terreur pratiquée pendant la Révolution.
Par extension : emploi systématique par un pouvoir ou par un gouvernement de mesures d’exception et/ou de la violence pour atteindre un but politique.
Par cette définition les États-Unis qualifient totalement au principe de l’État terroriste.
Politique extérieure armée, lois d’exceptions, emprisonnement de « combattants ennemis » hors convention de Genève, politique d’exécution arbitraire de militaires et civils par des bombes venant de drones… Tout y est, le systématisme, le pouvoir en place, les mesures d’exceptions, la violence et le but politique.
Même si les mesures d’exception Vigipirate sont anciennes, les libertés du niveau de l’état d’urgence sont encore fraiches. La France n’en est pas au systématisme et on peut encore discuter du but politique. Attention toutefois : quand on annonce vouloir garder ces mesures d’exception tant que le terrorisme existe, qu’on en fait un outil politique, on glisse justement vers un État terroriste nous-même. Le souhaitons-nous ?
B. −
Ensemble des actes de violence qu’une organisation politique exécute dans le but de désorganiser la société existante et de créer un climat d’insécurité tel que la prise du pouvoir soit possible.
Par analogie : Attitude d’intolérance, d’intimidation dans le domaine culturel, intellectuel et/ou spirituel.
Là aussi, la politique extérieure des États-Unis qualifie totalement à la définition racine.
La France est moins interventionniste, ou pas. Peut-être avons-nous simplement moins de recul sur la motivation de nos interventions militaires extérieures. Difficile de ne pas croire qu’au moins en partie notre motivation n’est pas d’instaurer un nouveau gouvernement qui nous convient mieux, c’est à dire réaliser ou permettre une prise de pouvoir.
On pourraient même dire que l’état d’urgence aujourd’hui est en partie une façon de créer ou entretenir un sentiment d’insécurité et casser les barrières existantes pour des motifs électoraux. Je n’irai pas jusqu’à dire que ça valide l’esprit de la définition de terrorisme, mais au moins nous nous devons de faire attention.
Sur la définition par analogie, la France comme les États-Unis qualifient là aussi très facilement. Quand on voit nos politiques principaux s’enfoncer dans un racisme ouvert, voir parfois une guerre de religion, vouloir contrôler l’apparition de telle ou telle religion en public ou vouloir la modérer telle que la voudrait l’État, parler de droit de l’hommiste, faire peur pour minorer les opinions divergentes…
Après tout est une question de proportion, nous ne sommes pas en Chine, mais faut-il forcément être dans le pire pour s’autoriser à prendre du recul et considérer qu’on est sur le mauvais chemin ?
Par extension : emploi systématique par un pouvoir ou par un gouvernement […]
Le dictionnaire a ses définitions, l’usage en a d’autres.
À l’origine le terrorisme qualifie l’État ou le pouvoir en place. Il est intéressant que ces derniers aient réussi à renverser la définition pour l’appliquer à ceux qui les contestent. Intéressant et effrayant.
Cela dit, même dans la définition populaire du terrorisme, c’est à dire « qui commet des actes de violence sur des civils pour des motifs religieux ou politiques », n’oublions pas que nos pays qualifient tout autant.
Les attaques de drones états-uniens se font pour partie sur des civils. Nos opérations extérieures sont plus discrètes et plus anecdotiques mais les croire différentes serait une grossière erreur.
Je n’ai pas parlé d’Israël. En partie parce que ça déclenche des polémiques à n’en plus finir, mais aussi malheureusement parce qu’il n’y a pas vraiment place au débat. On peut trouver ça justifié mais factuellement on valide chaque définition, formelle ou populaire, sans même l’ombre d’une hésitation.
Ça amène le dernier point, finalement évident, le terroriste c’est celui qui utilise de la violence illégitime. L’illégitime c’est l’autre, peu importe dans quel camp on est. Quand il n’en reste plus qu’un, l’illégitime c’est le perdant, le moins fort.
Aujourd’hui je suis occidental, et nous apparaissons comme les plus forts. Est-ce une justification pour nous autoriser tout cela ?
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