Profes­seur des écoles

J’en ai marre de lire les habi­tuels poncifs sur les profes­seurs des écoles fainéants, qui ne travaillent pas et toujours en vacances. Bien loin de la réalité.

Certes,  le temps de cours est assez faible, que ce soit en heures sur la semaine ou en semaines sur l’an­née. Ces heures ne repré­sentent cepen­dant pas la moitié du travail réel. Ajou­tez-y l’ad­mi­nis­tra­tif mais aussi les correc­tions, les prépa­ra­tions des cours et les discus­sions avec les parents. D’un coup on ne parle plus de la même chose.

J’ai du mal à évaluer le temps de prépa­ra­tion mais je sais que quand je faisais de la forma­tion profes­sion­nelle, on comp­tait 1 jour­née de concep­tion pour 1 heure d’ani­ma­tion… et je n’avais pas à adap­ter les conte­nus au fur et à mesure en fonc­tion de l’ap­pren­tis­sage indi­vi­duel de chacun. Je serais étonné qu’on compte moins de 1h pour 1h au moins les premières années (et c’est le résul­tat de l’étude de l’INSEE aussi).

Quant au temps de présence devant les parents, je sais que pour récu­pé­rer ma femme en fin de jour­née c’est une guerre de tran­chées où je compte chaque mètre gagné en direc­tion de la voiture telle­ment elle se fait arrê­ter à chaque parent croisé.

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Plutôt que de me faire confiance, utili­sons les chiffres de l’INSEE. Ils estiment le temps de travail des profes­seurs des écoles à 44h par semaine ; et plus de 52h les premières années.

Rapporté à 36 semaines de cours, on en vient à entre 96% et 113% d’un 35h plein temps annuel effec­tif. Pas les plus à plaindre du monde, mais pas fran­che­ment favo­ri­sés non plus.

Bien entendu tout ça suppose que les profes­seurs des écoles ne travaillent que pendant les périodes de cours, ce qui est bien évidem­ment faux. Il faut bien les prépa­rer les années scolaires, surtout avec les programmes qui changent chaque année pendant l’été. On est donc trèèès large­ment au delà du plein temps dans tous les cas.

On ne parle là que du temps de travail formel. Se faire alpa­guer en sortie des classes pendant 1h30 en discus­sions infor­melles avec les parents, c’est en plus de ces 44h.

Si vous voulez critiquer le temps de travail réel d’un corps de métier, je vous propose de cibler quelqu’un d’autre.

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Pour ce travail on les paye 24 000 € bruts annuels pour deux ans d’ex­pé­rience, 41 000 € bruts annuels en fin de carrière.

Certes, c’est beau­coup par rapport au SMIC (17 750 € bruts) mais bien moins que la moyenne des autres BAC +5 au même niveau d’ex­pé­rience, et pour des condi­tions de travail déplo­rables. Parce que oui, on parle de diplôme BAC+5 obli­ga­toire en plus du concours.

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Les condi­tions ne sont déjà pas faciles : allez ensei­gner dans une classe de 27 gamins, et faire en sorte qu’ils sachent lire et écrire en fin d’an­née. Si les décro­chages et arrêts mala­die s’en­chaînent dans le métier, ce n’est pas par hasard.

La plupart de ceux qui critiquent ne tien­draient pas une année. Person­nel­le­ment je doute d’en être capable.

Main­te­nant ce qui doit être sacré­ment lourd nerveu­se­ment ce sont les commen­taires et les lieux communs à propos de la fainéan­tise, des avan­tages ou des vacances des profs par des gens qui ne connaissent visi­ble­ment rien au métier. Ça a de quoi détruire ceux qui sont conscien­cieux, ou leur faire aban­don­ner leur moti­va­tion. Est-ce vrai­ment votre but ?

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Exemple très person­nel : Hier ma femme devait être sur place vers 7h30 le matin. Elle a dû repar­tir vers 19h le soir. Ce n’est pas tous les jours mais c’est loin d’être la première fois non plus. Parfois à 6h30 elle est en train d’im­pri­mer des choses à la maison (ne comp­tez pas sur la photo­co­pieuse ou les outils de l’école, surtout le matin).

Petite infor­ma­tion pour comprendre : C’est un poste à mi-temps.

À mi-temps et à un poste précaire sans aucune garan­tie d’em­ploi ni cumul d’an­cien­neté pour son salaire, à l’an­cienne grille des insti­tu­teurs plutôt qu’à celle des profes­seurs des écoles malgré qu’on lui ai demandé son BAC+5 avant de l’ac­cep­ter. La rumeur veut même que l’Édu­ca­tion natio­nale refuse les renou­vel­le­ments au bout de 6 ans, pour éviter que les concer­nés ne puisse récla­mer une titu­la­ri­sa­tion.

Fran­che­ment il faut avoir la voca­tion, et le courage de se farcir les bêtises de ceux qui ne connaissent rien au métier.


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Commentaires

Une réponse à “Profes­seur des écoles”

  1. Avatar de Éric
    Éric

    Je ne suis pas contre une augmentation des enseignants mais a condition de travailler autant que le privé. 35h dans l’établissement par semaine. 5 semaines de congés payés

    OK. Mais rien soir et week-ends, un bureau perso avec PC, imprimante et étagères, des fournitures fournies, des rdv parents uniquement sur temps de présence, plus ni réunion ni conseil après les cours, des tickets resto pour déj sur place, et RTT possibles si heures supp. Vendu ?

    Je crois que beaucoup de professeurs verraient ça comme une nette amélioration de leurs conditions de travail même sans réévaluation salariale. Bon, ils tiennent probablement trop à l’avenir des enfants pour jouer les idiots à faire ça, et baisser leur quantité de travail.

    via twitter : https://twitter.com/1profalwest/status/1203084847541035009

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