L’image du jour, que je met permets de reprendre ici directement :
Vous trouverez aussi des vidéos de la scène. Je vois difficilement ce qui pourrait motiver pareil fait, mais le pire est à lire dans la lettre ouverte Open Letter to Chancellor Linda P.B. Katehi. La photo est finalement la moins gênante car on les autorise encore à se protéger. On en voit d’autres où les victimes ont le visage rouge de spay, ce qu’on peut difficilement comprendre. Au final au moins deux sont partis à l’hôpital. Dans les textes on raconte des spray directement dans les gorges. Dans tous les cas c’est de toutes façons un abus de la force publique.
L’aspect spectateur de tout les journalistes sur place me fait aussi peur. La neutralité et l’indépendance ont leur limite, quand vient le laisser faire et la non assistance. Et finalement, ne sommes nous pas aussi des spectateurs qui laissons faire en ne bougeant pas de notre chaise et en nous disant « c’est à l’autre bout de monde de toutes façons ? ».
Ici c’est mieux, mais notre police réquisitionne les sandwich, les cartons, les couvertures, tout ça bien entendu illégalement puisque si occuper une place peut être interdit, apporter son sandwich ne l’est pas et qu’aucune mesure ne justifie légalement ces retenues. La question n’est pas celle de la légalité des manifestations ou de leur dispersion, ni même de savoir si on soutient le mouvement, mais bien si on accepte de transformer nos policiers en militaires qui obéissent sans broncher à des ordres manifestement illégaux et qui oppressent la population qu’ils sont sensés défendre, hors du cadre de ce que la loi leur demande et leur permet.
Qu’on les déloge si c’est nécessaire. Qu’on utilise la force si c’est indispensable. Mais rien ne devrait nous faire accepter que nos propre policiers utilisent de moyens illégaux et inacceptables. Comme à chaque fois, l’inaction face à des dérives graves c’est une petite part de lâcheté, mais une grande part de responsabilité et de complicité.
3 réponses à “Photo of Police Officer Pepper Spraying UC Davis Students”
Un militaire (français) n’a pas à obéïr à un ordre illégal, inutile de comparer les policiers aux militaires ;) Source à lire avec des pincettes : http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article1161 mais c’était déjà le cas en 1999.
J’ignore ce qu’il en est pour les policiers. J’imagine qu’ils sont à mi-chemin entre d’une part les fonctionnaires sans lien avec la justice ou la force publique et d’autre part les militaires qui n’ont même pas le droit de se syndiquer.
Pour ce qui est d’UC Davis, les étudiants bloquaient le passage (le trottoir) dans toute sa largeur, l’université avait prévenu qu’il fallait que ça cesse et qu’elle allait agir (manifester oui, bloquer non en substance). La dispersion aurait ensuite (conditionnel) commencé assez calmement en prenant un par un les étudiants qui se tenaient les uns les autres bras dessus bras dessous puis l’officier Pike aurait fait arrêter ça pour aller tranquillou asperger tout le monde de lacrymo. A priori un acte disproportionné. La direction de l’université a ensuite déclaré qu’elle avait pas demandé ça, que si elle avait su, blabla … Pike est si j’ai bien compris viré avec paiement de son préavis de départ (comme en France, on peut être viré sans même préavis de départ en cas de faute lourde où il faudrait éviter que la personne ne se repointe sur son lieu de travail mais sinon on fait son préavis au boulot ou chez soi …).
Oui, on peut (et doit) refuser un ordre illégal, mais la réalité est plus complexe que ça. Ici c’est un abus tellement grossier et sans gants que ça a permis d’agir mais on a ça aussi en France. Il y a quelques mois (un an ?) on parlait d’une manifestation locale sur une ligne de chemin de fer ou un élu avait subit un spray identique sans réel besoin.
À La Defense c’était non agressif mais la police réquisitionnait la nourriture, détruisait les tentes et retirait les cartons et couvertures, alors que tout ça était purement illégal.
Le problème n’est pas celui de l’ordre donné. L’ordre est généralement simplement de disperser et d’employer la force si nécessaire, ou de faire appliquer la loi, trouver les étrangers illégaux, etc. Le problème c’est la pression pour les faire appliquer envers et contre tout, l’autonomie laissée dans les moyens, le soutien indéfectible de la hiérarchie quoi qu’il se passe (au lieu de défendre le citoyen, elle défend son administration), et le sentiment d’impunité et de « j’ai le droit » global de toute la force publique.
Demandes donc à un policier pourquoi il contrôle ton identité, de justifier la raison du contrôle, de te montrer sa carte professionnelle et son numéro d’agent. Le sentiment que c’est lui qui décide va vite se faire sentir. Ca se voit aussi dans les libertés prises dans l’exécution des gardes à vue, dans les interrogatoires, ou simplement dans le fait que la même police qui contrôle la circulation met vite le girophare et la sirène pour sauter les feux ou les bouchons quand il est l’heure de rentrer.
C’est toute cette hiérarchie entre le policier et le citoyen qui dérive et qui amène à des abus chaque jour un peu plus marqués, et à des dérapages comme celui ci un peu trop fréquents.
Il faudrait que la hiérarchie ou le gouvernement se décide à vraiment se réappliquer les règles à leurs propres administrations, ou que les citoyens les y forcent.
Je ne faisais que réagir à la comparaison (statut) policier-militaire. Ils ne sont pas très différents dans leur statut mais leurs missions sont autrement plus risquées pour les militaires (territoire à considérer a priori comme hostile) que pour les policiers (d’ici à ce qu’ils sortent une arme léthale …). Ce qui ne veut pas dire qu’il faut accepter les petits arrangements avec la loi, si on ne veut pas plus tard avoir à en subir de plus graves.
J’ai bien conscience qu’un policier ne va pas jouer sa carrière (*) en refusant d’aller saisir illégalement des sandwichs (dès fois qu’ils causeraient véritablement un trouble à l’ordre public ^^) alors qu’un militaire refusera plus facilement de tirer sur des civils en opération à l’étranger, vu la gravité de l’acte.
(*) sa hiérarchie directe aura bien assez de moyens de pression et de rétorsion pour ça (notation annuelle, avis considérés lors des mutations, etc) après qu’il soit allé se plaindre aux plus hautes autorités de son ministère …