Le salaire moyen en France est de 2410 euros mensuels bruts d’après l’INSEE, soit 28920 euros annuels (ne lancez pas un scud à votre département RH tout de suite pas : on parle du salaire moyen, le salaire médian est lui bien en dessous, dans les 1700 € par mois).
On peut y ajouter les charges patronales (je prends 40%, en sachant que ça fait moins, surtout si on parle de les diminuer), de l’espace au sol, un bureau, des fournitures, et du temps de gestion (faire la paie, le management, etc.). À vue de nez on peut tabler sur un coût vraiment-tout-compris de 50 000 euros par personne et par an.
Avec 50 milliards sur trois ans, disons 15 milliards par an, on finance donc à vue de nez 300 000 emplois au salaire moyen (qui vous l’admettrez n’est quand même pas super bas). C’est à peu près l’estimation du MEDEF, sur laquelle ils ne s’engagent pas.
Sauf que… cette équation considère que les emplois sont uniquement source de coûts, qu’ils ne produise rien, ne rapportent rien, ce qui est juste inimaginable.
Avec ce pacte de responsabilité, on supprime des prestations sociales (les charges retirées, se sont des cotisations pour la famille, la santé, …) pour offrir des emplois gratuits aux entreprises, qui bien sûr empocheront le résultat produit au niveau des actionnaires, accélérant le déséquilibre croissant entre capital et travail.
Bien entendu ceci est le scénario positif. Comme le MEDEF ne souhaite pas s’engager formellement, il est probable qu’une partie des charges économisées aille directement grossir la marge et les revenus des actionnaires. Ce serait juste plus simple ainsi, surtout dans une période sans demande, donc où on n’a pas vraiment besoin de nouveaux salariés.
Et si…
Le salaire moyen d’un fonctionnaire est de 2950 € mensuels bruts. Toujours avec le même type de calcul, on arrive à quelque chose comme 62 000 euros annuels vraiment-tout-compris.
15 milliards permettrait de créer 242 000 fonctionnaires, ou du moins d’arrêter de baisser leur nombre. C’est un peu moins mais ils profiteront à l’ensemble de la société.
Imaginez qu’on créé des crèches, qu’on assure une éducation à un niveau bien meilleur, surtout là où c’est difficile, qu’on résorbe un peu le gigantesque délai d’attente judiciaire, qu’on ait des policier en patrouille dans les rues pour éviter les problèmes au lieu de caméras pour les observer, qu’on ait des hôpitaux avec un personnel qui travaille mieux…
Nous n’aurons fait baisser le chômage que de 7% (que…) mais il ne s’agit plus d’une parole en l’air non engageante d’un représentant du MEDEF, il s’agit d’un fait concret qui ne demande qu’une décision.
On a donc un effet court terme plus fort. On perd probablement l’effet moyen terme sur les emplois induits par la relance d’activité (impossible à chiffrer) qu’aurait de mettre 300 000 emplois de plus dans les entreprises. Mais d’un autre côté un gagne des effets long terme et très long terme indéniables en terme d’éducation, d’attractivité du territoire (qui est loin d’être uniquement une question de charges et de coût salarial).
Bien entendu, si on regarde le salaire médian (donc qu’on ne prend pas de hauts fonctionnaires très bien payés), on fait baisser le coût et c’est 315 000 emplois possibles.
Et sinon…
Et sinon, si le côté « fonctionnaire » fait peur : quid de financer plutôt des créations d’entreprises, des grands projets publics d’infrastructure, des productions utiles ?
3 réponses à “Petit calcul sur 50 milliards”
Tu ne peux pas facilement créer des postes de fonctionnaires avec un budget sur 3 ans, la fonction publique n’étant pas flexible du tout.
Ce que tu ne comptes pas non plus est que si l’État « donne » 50 milliards au secteur privé qui crée des emplois avec, il va théoriquement en récupérer une bonne partie en charges et impôts, ce qui n’est pas le cas s’il crée des postes de fonctionnairs.
Heureusement certains des emplois que tu proposes de créer ne sont pas des postes de fonctionnaires. Par exemple, sauf erreur, il n’y a pas de fonctionnaires dans les crèches. Après, le monde de la petite enfance est déjà intégralement financé par de l’argent public. En fait, en province, même dans une structure familiale associative, mettre son enfant en accueil collectif coûte maintenant *moins cher* que le garder chez soi (i.e. le prix de la garde payé par les parents est souvent inférieur au prix des consommables : couches, repas, etc), le reste étant financé par des subventions.
Personnellement, que l’État encourage à ce point les parents à déléguer l’éducation de leurs enfants me gène un peu. Ça me gènerait encore beaucoup plus si des fonctionnaires qui s’occupaient des enfants, des fonctionnaires avec des directives ministérielles sur comment en faire de « bons citoyens ». Je sais pas, ça me fait un peu penser à certaines dystopies…
Parce que bon, ouvrons un peu les yeux : l’État ne va pas donner 50 milliards aux entreprises, il va juste leur prendre 50 milliards de moins. Alors, on peut penser que les patrons sont méchants et s’en mettent plein les poches, qu’il faut moins d’emplois dans le privé et plus de fonctionnaires. Mais n’ayons pas peur des mots, ça s’appelle du communisme.
L’économie est sensée est durable, je ne parle pas de recruter sur 3 ans.
Quant aux charges, elles ne sont pas collectées dans le budget de l’état, mais dans des caisses sociales, qui existent aussi côté fonctionnaires. Reste les impôts, mais les fonctionnaires les payent aussi.
Ce n’est pas « simplement » qu’on va prendre moins aux entreprises. C’est qu’on va modifier l’équilibre entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif. Ce qu’on donne d’un côté on le prend de l’autre. Penser fonctionnaire ce n’est pas une histoire de communisme, c’est dire que l’argent public sert à des services publics. Sinon ce qu’on fait ce n’est pas une opération pour l’emploi mais changer l’équilibre de société (pas dit que ce soit une mauvaise chose, mais c’est différent).
Et si pour toi imaginer plus de fonctionnaire s’appelle du communisme, il va falloir qu’on parle. Pour rappel ça fait des années que l’équilibre entre le travail et le capital, le collectif et l’individuel baisse en continu au profit du capital et de l’individuel. Si dès qu’on parle d’aller dans l’autre sens sur un truc ou un autre on brandit le communisme, il y a un problème dans l’argumentation.
Après si tu préfères voir ça sur de grands travaux d’infrastructures (qui sont de fait délégués au privé) ça me va aussi. Je ne suis pas attaché comme une moule au principe des fonctionnaires (mais je n’en fais pas non plus un problème de principe comme toi tu sembles le faire)