1– La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes […]
2– La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. […]
Le texte fondateur de la laïcité c’est ça. Rien de plus (si on omet tous les détails de comment on va gérer la séparation entre la religion et l’État, autrefois liés).
Ce sont des contraintes apportées à l’État, et uniquement à celui ci. On peut éventuellement étendre ces contraintes aux représentants de l’État mais le simple citoyen n’a lui aucune contrainte.
L’idée c’est de séparer la religion de l’État, pour retirer l’influence du premier sur le second et garantir la neutralité de l’État, au bénéfice du citoyen. Il ne s’agit pas de retirer la religion au citoyen, ni de le gêner ou de le contraindre à ce niveau en quoi que ce soit. Si vous commencez à vouloir faire porter des règles au citoyen au nom de la laïcité, vous êtes déjà hors piste.
La laïcité n’a jamais eu pour rôle de faire entrer tout le monde dans le même moule et de freiner les manifestations religieuses des citoyens. Quand vous voulez interdire à des adultes de porter un voile, à des citoyens de prier dans la rue, à des enfants d’avoir accès au menu alternatif qu’ils ont toujours eu, ne cachez pas vos desseins derrière votre mauvaise interprétation du principe de laïcité : Ce n’en est pas.
Mieux : l’État garantit au citoyen le libre exercice de son culte. Garantir, le mot est fort, et c’est dans l’article 1. Ça veut aussi dire la libre manifestation de cette religion en public (dans les limites du respect de l’ordre et des droits d’autrui), y compris à des fins de prosélytisme (parce que si quelqu’un a droit de tenter de vous convaincre d’une opinion politique, il en va justement de même d’une opinion religieuse). Pour ceux qui en doutent, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est encore plus claire :
18– Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique a la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.
Rien que ça.
Non, ça ne donne pas droit à un menu alternatif au porc à la cantine. L’absence de telles alternatives serait juste dommage, voire incompréhensible quand elles concernent une part significative des enfants, mais tout à fait légale. Par contre, quand on retire des menus alternatifs existants, ce n’est pas de la laïcité, c’est un simple acte de rejet qui se pare de jolis atours. Que ces alternatives soient motivées par des croyances religieuses, des gouts personnels ou par des impératifs de santé importe peu. La question est de savoir si on souhaite faire des cas particuliers ou pas.
Par contre oui, ça donne droit à porter le voile à l’université, dans la rue, et même à la mairie ou à la bibliothèque municipale. L’interdiction à l’école avec est justifiée par la pression sur des mineurs qui ne sont pas encore en pleine capacité d’exercer leur libre jugement. L’interdiction du voile intégral en public est – maladroitement – justifiée pour des questions d’ordre public. Il est juste extrêmement improbable qu’on arrive à faire de telles pirouettes pour étendre ces contraintes au voile simple dans l’espace public. Nos institutions judiciaires veilleraient au respect des droits de l’Homme, renversant toute tentative d’interdiction, et c’est tant mieux.
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