Je pourrais encore et encore me scandaliser des sorties de nos représentants en réaction au meurtre récent, toutes plus stupides et dangereuses les unes que les autres, et certaines foncièrement racistes ou xénophobes. Je pourrais expliquer et militer, encore et encore.
Mais surtout je ne comprends pas. Vraiment. Je ne comprends pas cette escalade.
Même en agrégeant une décennie d’attentats en France, nous arrivons à peine à quelques centaines de morts et rien — à part nos propres réactions politiques — qui ait réellement mis à mal nos libertés ou notre sécurité, du moins pas au regard des autres enjeux et des autres risques.
Ce n’est pas rien, ça mérite toute notre attention, mais des morts et des scènes horribles on en a eu d’autres. Une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint, avec plus d’une centaine de viols par jour, rien qu’en France, plus d’un demi-million sur la décennie. Cette mort là est particulièrement barbare mais ce n’est pas non plus unique, malheureusement.
Pour autant c’est ici que nous passons en mode bulldozer écrasant tout sur son passage. Nous faisons fi de toute raison ou de tout dommage collatéral.
Traitez-moi d’insensible ou de détaché mais vous auriez tort. Ce n’est pas un froid relativisme à partir d’une naïve comparaison de chiffres. Je ne cherche pas quel est le pire ni ne rejette l’horreur sous prétexte qu’il y a pire. Ça n’aurait aucun sens.
Si je remets en contexte c’est que je ne comprends simplement pas comment nous justifions des discours d’un tel renoncement à toute mesure, à nos libertés et à nos valeurs. Je ne comprends pas l’emballement de ces jours ci.
Notre président a plusieurs fois dit « nous sommes en guerre » par le passé. Nous venons effectivement de passer dans une logique de guerre, où tout devient possible, où la fin justifie les moyens, et où on accepte de mettre nos principes au placard.
Peut-être que ça va se calmer d’ici quelques jours. Je le souhaite. Je l’espère. Même dans ce cas, nous avons passé des lignes que je ne pensais pas voir de la part des personnes au pouvoir.
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