On a parlé ((trop) longuement) des l’impact du financement de la RATP suite aux grèves.
Discussion de départ : Le service étant non rendu, serait-il légitime de rembourser le versement transport aux entreprises pour les mois concernés* ? ou plus généralement de diminuer les subventions et paiement de la collectivité à la RATP.
Et ma grande question : Pourquoi et qu’en attendrait-on ?
Pour une entité publique comme la RATP ça me parait plus difficile. La réduction du financement peut avoir plusieurs effets :
- On créé une dette sans rien toucher par ailleurs (et la dette reste donc à vie, gonflant avec les intérêts).
- On améliore la gestion et la productivité pour compenser la perte ;
- On diminue le service, idéalement d’abord là où ça coûte cher par rapport au service rendu ;
- On fait un report sur les tarifs des périodes hors grèves de façon à ce que ça compense les moindres financement quand il y a grève.
Je mets d’office de côté le (1) qui n’a aucun sens.
Le (2) me gêne aussi. Chercher des améliorations est un travail permanent, forcément déjà en cours. Réduire le budget n’y changera rien et peut même limiter les marges de manoeuvre nécessaires à la transformation.
Si on pense que la contrainte budgétaire peut forcer la transformation, cette politique peut être menée indépendamment des grèves actuelles (et l’est déjà, c’est comme ça que fonctionnent nos politiques publiques, avec des effets pas toujours heureux). Les sujets ne sont donc pas liés.
Même réflexion avec le (3). Si on pense que le ratio bénéfice/coût de certains services est trop faible, on peut déjà prendre les décisions adéquates indépendamment de la grève.
Réduire le service apporté hors grève n’aidera ni à terminer la grève actuelle ni à éviter une future grève. Ce d’autant moins que la grève n’est pas liée à un conflit interne à la RATP
Reste le (4) mais si ce sont les mêmes personnes qui paient en temps normal et qui évitent de payer en cas de service non rendu lors des grèves, même indirectement, j’échoue à voir l’intérêt de l’artifice comptable.
Alors quoi ? J’entends ceux qui veulent responsabiliser, mettre des limites et des sanctions, mais j’échoue à voir quelle est la rétro-action qui soit limiterait soit la grève actuelle soit de futures grèves nationales similaires en cas de réduction de financement de la RATP.
Les principes c’est bien mais il ne faut pas en perdre le sens.
Sanctionner une entité publique est déjà difficile à la base. Vu que l’entité est censée être pilotée par nous et à notre unique bénéfice, ça revient vite à se tirer dans le pied.
C’est encore plus vrai ici. On parle d’une grève, donc de salariés dont on retire déjà le salaire des jours concernés et qui sont (à raison) protégés par la loi contre toute autre action à leur encontre. On manque de leviers sur les acteurs.
On parle en plus d’une grève nationale liée à une réforme nationale. L’entité de transport à peu de moyens d’action. Elle ne peut même pas promettre des conditions plus favorables vu que c’est justement ce qu’on leur retire. On manque de leviers sur les causes.
Au final j’échoue à comprendre comment retirer des moyens financiers à la RATP va permettre aux usagers de moins sentir les effets de cette grève ou d’une future grève nationale liée à des enjeux hors RATP.
Le seul levier que j’envisage côté RATP est d’accélérer fortement les automatisations de lignes pour éviter de futures baisses de financement lors des grèves.
Malheureusement, impossible de mener une telle politique avec des baisses de financements. Il faudrait au contraire des augmentations massives.
Et quand bien même, c’est un faux calcul. Jamais on ne laisse une entité publique avec le fruit de ses investissements. Si les marges de manœuvres s’améliorent, on les réinvestira ailleurs (et potentiellement dans des baisses de subventions).
Si le sujet est intéressant, une baisse de financement aujourd’hui ne sera pas un réel moteur (par contre un espoir de meilleur service ou d’économies futures, oui).
S’il y a des leviers ça peut être entre la région (qui paye) et l’État (qui gère). On peut envisager la baisse des financements de la région et des entreprises à la RATP incite l’État soit à abandonner sa réforme actuelle soit à investir massivement pour réduire les effets d’une future grève.
Le premier effet me semble totalement irréaliste. Le second serait réaliste si l’État n’avait pas de toutes façons moyen de contraindre les montants des financements et si les investissements d’automatisation n’étaient pas déjà en cours. Bref, choux blanc
Où fais-je erreur ? Voyez-vous une rétroaction possible ?
(*) On parle de la contribution des entreprises locales de plus de 11 salariés au financement des transports en commun, pas du remboursement de la moitié des abonnements transports aux salariés.
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