« Pourquoi est-ce que mon manager ne me passe pas au niveau suivant ?
« Pourquoi est-ce que je suis moins bien payé que Paul alors que je suis manifestement plus compétent et plus productif ?
« J’ai l’impression qu’il faut passer manager pour évoluer !
Pour faire simple je classe souvent en junior, expérimenté et senior.
Le junior est un apprenant. Il n’est généralement pas autonome, découvre encore souvent certaines technos ou certains concepts courants, mais surtout il n’a pas vu suffisamment de choses pour identifier un problème ou un mauvais choix.
Si on ne reste que rarement junior plus de deux ou trois ans. L’évolution qui suit sera d’abord une question d’impact et pas d’expérience ou de niveau technique.
Ce que je demande en général aux seniors — ou ce que je leur demande pour être qualifié comme tel — n’est en effet pas dans la connaissance ou la compétence technique.
On parle de faire grandir les juniors et les expérimentés dans leur travail, d’être un référent technique ou humain, d’être un moteur de changement dans la société, de définir le cadre de travail organisationnel ou technique pour les autres. Plus généralement, il s’agit d’avoir un impact sur les autres, dans son équipe, dans son département, dans la société.
Je préfère quelqu’un qui améliore de 5 % l’impact de tous ceux autour de lui que quelqu’un qui améliore de moitié sa propre contribution individuelle.
Il est aussi possible de juste bien faire son boulot, acquérir une très forte productivité, devenir le seul à fournir une expertise très pointue, ou être à l’origine d’un élément majeur de la société. C’est une voie tout à fait légitime. L’effort à fournir pour avoir le même impact sera simplement beaucoup plus important et, comme le surhomme n’existe pas, l’impact atteignable ainsi aura forcément une limite.
C’est encore plus vrai si on prend conscience que, pour augmenter fortement sa productivité personnelle, on a facilement tendance à s’isoler et donc à diminuer en parallèle son impact extérieur.
Je pense que le mythe du « en France il faut devenir manager pour progresser » vient de là. Non il ne s’agit pas de devenir manager, on peut tout à fait rester dans le pur technique. Il s’agit juste de se rendre compte qu’on a un impact bien plus grand via les autres que via sa propre contribution individuelle isolée.
On gagne tous si on se grandit tous.
Ce déclic là fait que parfois un jeune à cinq ans d’expérience a immensément plus d’impact qu’un expert pointu et reconnu avec quinze ans de bagages derrière lui.
C’est aussi pour ça que, dans les grilles de salaire, le niveau de compétences techniques ou le nombre d’années d’expérience ne sont pas toujours de bons indicateurs.
Laisser un commentaire