Google+ et Face­book demandent votre vrai nom, tiens donc

Les ques­tions d’ano­ny­mat et de vie privée ressortent avec Google+. Comme Face­book, Google+ impose aux parti­ci­pants de révé­ler leur « vrai nom », c’est à dire grosso modo leur état civile (c’est un peu plus souple que ça mais vrai­ment à peine).

Plus que de l’im­po­ser, Google a une poli­tique très agres­sive de désac­ti­va­tion des comptes qui n’ont pas un nom qui semble vrai. Ils ont aussi choisi d’im­po­ser que votre profil et votre nom réel soient publics. C’est d’ailleurs la seule infor­ma­tion qu’il est néces­saire de publier.

Google et Face­book défendent féro­ce­ment leur posi­tion

Pour Mark Zucker­berg de Face­book « Vous n’avez qu’une seule iden­tité. Avoir deux iden­ti­tés de vous-même, c’est l’illus­tra­tion d’un manque d’in­té­grité. »

Pour Eric Schmidt de Google « La vie privée n’est pas la même chose que l’ano­ny­mat. Si vous essayez de commettre un terrible crime, il n’est pas normal que vous puis­siez le faire dans l’ano­ny­mat le plus complet. »

Ce n’est pas une posi­tion morale ou de sécu­rité

Enten­dons nous bien, il n’est pas néces­saire de lire entre les lignes. Il ne s’agit pas de posi­tions morales. L’ano­ny­mat sur Inter­net est tout rela­tif. Il est souvent possible de remon­ter vers vous à partir de votre adresse IP. C’est d’ailleurs ce qui est fait à chaque fois qu’il s’agit d’un fait chassé par la loi, ou même pour savoir qui a télé­chargé tel ou tel morceau de musique à la mode.

Mais surtout Face­book et Google ne peuvent que véri­fier la vrai­sem­blance des noms. Rien ne m’em­pêche d’en donner un faux. C’est un peu comme si on basait les contrôles aux douanes sur les décla­ra­tions d’iden­ti­tés à l’oral, sans véri­fier de passe­port.

Ce n’est pas une posi­tion pratique pour l’usage du service

aussi il faut cher­cher ailleurs. Le web s’est déve­loppé depuis plusieurs années autour d’iden­ti­tés qui lui sont propres. Si Maître Eolas ou @super­cu­rio indiquent leur nom réel sur Google+, vous aurez bien du mal à les retrou­ver. Connaître leur nom de m’ap­por­tera rien et ne simpli­fiera en rien l’ex­pé­rience.

Même quand vous connais­sez les noms, que votre mère recherche votre profil par votre nom de nais­sance est une chose, que vous soyez obli­gés de donner votre nom complet dans un groupe d’entre-aide de malades ou de victimes en est une autre. En rien la recherche n’im­pose de devoir montrer votre nom en public.

Plus proba­ble­ment d’ailleurs, vous voudrez faire deux comptes sépa­rés pour certaines acti­vi­tés, l’un public avec votre nom, et l’autre plus privé, sans, afin de ne pas risquer de mélan­ger les deux. La poli­tique du vrai nom va rendre plus diffi­cile l’usage.

C’est une pure ques­tion commer­ciale

La raison est plus simple : Votre nom est rému­né­ra­teur. Souve­nez-vous : Si vous ne payez pas, c’est que c’est vous le produit vendu.

Mais diable, si Google+ impose que le profil soit public, c’est simple­ment pour pouvoir publier une page qui se retrou­vera dans les moteurs de recherche. Si cette page a votre nom complet civil, voilà que Google trus­tera la première place et centra­li­sera toutes les recherches à votre nom. C’est que ça se monnaye ça d’être le point de passage obligé de votre iden­tité.

Pas la peine de cher­cher plus loin.

Alors Eric, Mark

Puisque nous avons le même prénom, Eric, lais­sez-moi vous dire que la ficelle de votre assi­mi­la­tion est grosse. Nous préfé­rons tous un anonyme respec­tueux des lois qu’un crime horrible dont on connaît le nom de l’au­teur. Présenté ainsi, l’ano­ny­mat ne peut être qu’une bonne chose, non ? Et j’ai­me­rai bien savoir en quoi impo­ser un nom complet sur Google+ empê­chera mon voisin de faire un crime horrible de façon anonyme, ou en ayant saisit un faux nom, mais vrai­sem­blable, sur votre service.

Et quand bien même nous n’avons pas ce même prénom Mark, quand vous aurez des enfants j’ai­me­rai bien savoir si effec­ti­ve­ment vous leur conseille­rez d’ins­crire leur nom de famille en toutes lettres quand ils s’ins­cri­ront à un jeu en ligne ou sur un forum de discus­sion, si votre nom ne risque pas de leur atti­rer pas mal de situa­tions pénibles qu’un pseu­do­nyme ne déclen­che­rait pas. Même vous, s’il vous arrive d’avoir une acti­vité privée en ligne, donne­riez vous réel­le­ment votre nom complet pour vous inscrire sur un site de rencontre ou pour parler d’une future mala­die grave « honteuse » sur un forum ?

Il est facile d’être dans sa bulle et de consi­dé­rer que parce que vous avez choisi d’être des personnes publiques, que chacun doit forcé­ment faire le même choix, ou peut simple­ment le faire. N’ou­bliez-pas que si vous pouvez deman­der un coach, un expert, un méde­cin ou un inter­ve­nant person­nel pour toute ques­tion privée que vous pour­riez avoir, pour beau­coup de gens il ne reste qu’In­ter­net et les réseaux sociaux. Ne leur coupez pas ça.

 


À rappro­cher de J’ac­cepte d’être iden­ti­fiable, pas d’être iden­ti­fié, publié peu après.


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Commentaires

4 réponses à “Google+ et Face­book demandent votre vrai nom, tiens donc”

  1. Avatar de Damien B
    Damien B

    « N’oubliez-pas que si vous pouvez demander un coach, un expert, un médecin ou un intervenant personnel pour toute question privée que vous pourriez avoir, pour beaucoup de gens il ne reste qu’Internet et les réseaux sociaux. Ne leur coupez pas ça. »

    Mais ils ne coupent absolument rien, ils ne privent de rien. Personne n’oblige personne à être sur Gogole+ ou sur FesseBouc, d’autres réseaux sociaux existent, à commencer par l’email, le SMS et la messagerie instantanée. Maintenant si les gens se sentent obligés d’aller se confier chez Schmidt ou Zuckerberg, grand bien leur fasse : ces entreprises mettent des règles légales à leurs services, ces règles sont acceptées, tout va bien. Ce ne sont pas à ces règlements intérieurs de se mettre en conformité par rapport à une morale quelconque.

  2. Avatar de nabellaleen
    nabellaleen

    @openid-48926:disqus  : Ta vision peut paraître logique, mais dans les faits elle est toute autre. En effet, lorsque des services atteignent un degré de pénétration aussi fort que Facebook ou Google+, ils deviennent une sorte de « norme », qui peut alors se retourner contre ceux qui voudraient passer outre. Une sorte de position de monopole.On voit ça dans les recrutement, où ne pas avoir de page Facebook est parfois mal vu …

    Partant de là, on peut dire qu’ils « coupent » des possibilités à des gens. C’est certes relatif mais définitivement factuel.

  3. Avatar de Damien B
    Damien B

    Tu décris bien le problème primaire qui doit être adressé. Ici on n’attaque pas Google+ sur le fait que c’est un outil supplémentaire dans la hotte de ce GfK du net pour acquérir des données marketing à pas cher, mais parce que cet outil nous force à exposer une information en plus (mais qui vaut cher). Alors effectivement, comme cet outil se présente sous la forme d’un réseau social, et que les pigeons volent, alors la réaction est « oui on est d’accord pour tout donner, mais mon pseudo c’est mon identité, je suis triste, qui va me reconnaître sur ce 48ème réseau social, hein ? ». Alors pour les 50.000 personnes qui rechignent à mettre le vrai nom dans l’outil, la seule réponse que Google pourrait donner c’est « ha oui, vous êtes signifiants pour nos analyses marketing, on va lever la contrainte ».
    Et les faits sont que Google+ on peut passer outre, Facebook aussi, Twitter aussi. Ce sont des choix d’interactions avec les autres. Si les autres se comportent en troupeau, il faut se demander qui est le berger et décider si on veut suivre.

  4. Avatar de nabellaleen
    nabellaleen

    C’est finalement toute la difficulté : réussir à ménager la chèvre et le choux, réussir à conserver ses convictions et son éthique tout en restant « in » pour ne pas perdre son « réseau ».

    Perso’, c’est certes réactionnaire, mais, alors que j’ai décidé depuis des années d’utiliser mon vrai nom pour Facebook, qui ne m’a officiellement jamais forcé à le mettre, j’ai changé mon vrai nom en pseudonyme sur Google+ le jour où j’ai entendu parler de leur politique « anti-pseudo » XD

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