Embauche : les patrons de PME ne cherchent pas des Bac+5

Les hauts diplô­més à BAC+5 sont plus souvent en situa­tion précaire qu’on ne le pense. C’est navrant quand on regarde le manque de personnes pour certains postes niveau CAP.

Et voilà qu’on déclare

L’offre de travail doit mieux s’adap­ter aux entre­prises ; une réforme est urgente pour favo­ri­ser des forma­tions courtes et adap­tées à la demande sur le marché du travail

Sérieu­se­ment, il faut vrai­ment qu’on soit malade en France pour imagi­ner un truc pareil. On doit être le seul pays dans l’his­toire à penser qu’il faut réduire le niveau d’édu­ca­tion. Pire, le seul à penser que ça amélio­rera l’em­ploi.

Que les gens soient instruits n’a jamais été un problème, ou ne devrait pas l’être, sauf à vouloir créer une société de classes avec une élite instruite et un peuple qui ne doit pas penser trop loin pour éviter de faire des vagues.

Pourquoi un diplômé d’école de commerce serait-il fonda­men­ta­le­ment moins bon qu’un BEP pour vendre en maga­sin ? Pourquoi un master en psycho­lo­gie ne pour­rait pas garder des enfants à domi­cile ? Je ne dis pas que c’est néces­saire, mais ce n’est en rien disqua­li­fiant.

Des études pous­sées c’est une chance, pour mieux travailler, mais aussi mieux comprendre le monde qui nous entoure, amélio­rer les pratiques… Même une forma­tion longue en sciences humaines peut être béné­fique à la commu­nauté pour un poste de tour­neur/frai­seur.

Le gros défaut c’est au contraire qu’on entraine tout le monde à penser via ce système de classe avec ceux qui « pensent » d’un côté, géné­ra­le­ment à partir BAC+4, et ceux qui « font » de l’autre. Si tu appar­tiens à la première caté­go­rie, tu ne dois jamais t’abais­ser à accep­ter un emploi dans la seconde, et si tu t’y astreins alors on pensera que tu y seras inef­fi­cace (et peut être à raison telle­ment on t’a entrai­ner à délais­ser tout ce qui peut ressem­bler au « faire »).

Et si au lieu d’es­pé­rer dimi­nuer le niveau d’édu­ca­tion — je n’en reviens toujours pas — on tablait plutôt sur un chan­ge­ment de valeurs et d’état d’es­prit pour que les gens aient envie de « faire », et arrê­ter de se sentir « trop bien » pour ça ?


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Commentaires

2 réponses à “Embauche : les patrons de PME ne cherchent pas des Bac+5”

  1. Avatar de Yannick

    Le soucis est peut-être de penser que la rémunération est fonction du nombre d’année d’études aussi ? Je pense que le problème des master en psychologie pour garder des enfants, c’est le salaire proposé…

    Ce qui ne veux pas dire que ces salaires sont justes, mais qu’il faudrait rémunérer les taches réalisé plutôt que les années d’études ou encore le nombre de personnes dont on est « chef »…

    1. Avatar de Jean-Pierre
      Jean-Pierre

      La rémunération n’est qu’un des éléments ,car même un senior en recherche d’emploi pas exigeant sur le salaire n’est ni retenu, ni même contacté, en raison de son âge, de ses diplômes ou de son expérience jugés excessifs ou superflus. Est-ce la crainte de la part du cadre ou du chef d’entreprise de faire entrer quelqu’un de plus difficile à gérer qu’un moins qualifié/diplômé/âgé, voire même un concurrent potentiel en cas de restructuration ?
      L’argument le plus « politiquement correct » est qu’il faudrait investir sur des employés dont la durée dans l’entreprise sera plus longue, comme si on embauchait de nos jours pour des dizaines d’années, sans voir qu’il est aussi intéressant d’acheter une expérience autre, que de sanctuariser une prétendue expérience interne (déniée d’ailleurs par les frais de formations, évaluations, actions d’améliorations ou de coaching dispensées par les gourous de tous poils). Malheureusement il est probable que cet argument serve d’alibi à l’inavouable ambition qu’un employé sous-diplômé ou sous qualifié aura plus de mal à démissionner en cas d’insatisfaction, faute de trouver facilement ailleurs un autre job.
      Sans être marxiste, je crois qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil et que c’est maintenant en universités ou en grandes écoles que sont formés les prolétaires d’aujourd’hui.

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