Une responsable contourne volontairement les procédures de dépense d’argent public. Ce n’est pas une erreur, c’est une faute : Elle le fait malgré les alertes d’au moins un de ses directeurs, puis ajoute d’autres irrégularités pour solder le précédent contournement.
Bref, elle dépense et contrôle un organisme public en s’affranchissant volontairement du mandat et des règles qu’on lui a donné.
Ce n’est *pas* le watergate mais ça me semble gênant pour quelqu’un a qu’on place désormais en position de ministre. Parce que ça concerne sa fonction et son activité publique, ça me semble plus gênant que ce qui a justifié la mise à l’écart récente de Richard Ferrand.
Si cette affaire allait jusqu’à une condamnation, l’application pure et dure du programme de LREM rendrait notre ministre inéligible. Voilà à quel point c’est sérieux.
Je trouve très gênant qu’en France on s’habitue tellement aux entorses publiques que tout beaucoup se résignent à l’accepter, parce qu’il y a pire.
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Ajoutons que cet argent a servi à une opération de communication disproportionnée, dans le milieu startup/entrepreneur tech.
Le porte-parole du gouvernement a officiellement demandé à la presse de ne pas affaiblir cette responsable désormais devenue ministre. Rien que ça est un scandale mais, depuis, la presse a montré l’opération a été pilotée en partie directement par le cabinet du ministre de l’économie de l’époque, désormais président. C’était peu avant le début de sa campagne présidentielle fondée en grande partie sur le soutien de ce milieu entrepreneur.
Je ne sous-entends pas un grand-complot, juste un trop grande perméabilité et une mauvaise hiérarchie entre le mandat public et la personne qui l’occupe. Ce n’est pas le scandale du siècle, mais juste grave pour un responsable public.
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Et non, tout ça ça ne peut pas être justifié par les délais trop courts.
Pour ceux qui ne savent pas, il y a des procédures pour écourter voire sauter les appels d’offre quand une situation urgente le nécessite. Ce ne sont pas les procédures qui ont été employées.
Il aurait été ridicule de justifier en quoi organiser une sauterie pro-startup était suffisamment important pour légitimer une procédure d’urgence, mais au moins ça aurait été plus cohérent avec le discours.
Nous n’avons pas eu une procédure écourtée de façon transparente faute d’avoir les délais. Là tout le monde a nié avoir su, nié être impliqué, jusqu’à ce que la presse publie des extraits d’email qui démontrent le contraire.
L’urgence semble d’autant moins justifiable qu’à défaut d’avoir les délais, on aurait pu réduire les prétentions à moins des 200 000 € qui justifient un appel d’offre public. Ça aurait été d’autant plus pertinent que l’événement et son coût ont ensuite été décrits comme totalement disproportionnés.
Tout ça est un choix, un choix de croire que la loi n’est là que pour embêter ceux qui décident et qu’on peut s’en passer, un choix de ne pas s’embêter avec les règles que le citoyen a imposé à ceux qu’il nomme aux postes de responsabilité publics, un choix de ne même pas essayer.
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Je n’attends pas des ministres parfaits et sans erreur passée. Ce sont des gens comme tout le monde, et je ne connais personne de parfait.
Maintenant à un rôle de ce type, j’attends de l’honnêteté dans les déclarations, un respect des règles, des précautions dans l’utilisation de l’argent public, et la capacité de résister aux coups de force des différents cabinets. Visiblement on n’a rien de tout ça.
À ceux qui pensent que ça ne justifient pas la démission d’un ministre, j’encourage à regarder ce qu’il se passe dans d’autres pays qui prennent les mandats publics et la démocratie au sérieux.
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