Si vous travaillez dans le domaine universitaire, l’article de Lucie Deloporte dans Mediapart, à propos d’une décision de justice attendue sur le plagiat universitaire devrait être éclairante.
On y trouve un maître de conférence à l’université de Paris VIII qui fait des recherches sur le plagiat. Il se rend compte que de nombreux travaux sont partiellement et parfois entièrement constitués de copier-coller. Cela met en cause des étudiants, mais aussi des enseignants.
Il n’y a là rien de finalement très étonnant. Ce qui l’est plus c’est la réaction du corps enseignant et de l’administration. On y voit rapidement que personne ne souhaite que tout ça apparaisse au grand jour, au risque de montrer au grand jour que le jury attribue des thèses avec félicitations sur de grands copiés-collés, voire des recopies traduites avec un outil de traduction automatique. Plus que les étudiants, dont on attend bien qu’ils le tentent, c’est ce corps enseignant qui risque d’être éclaboussé.
Quand on connaît un peu le milieu ce n’est pas si étonnant, mais si on commence à avoir des éléments indiscutables tendant à prouver que les thèses sont attribués à des travaux qui n’ont rien d’originaux et qui ne sont probablement même pas lus (on vous a dit que des thèses de recherche de plusieurs centaines de pages sont parfois rendues au jury une semaine avant ? croyez-vous vraiment qu’elles sont lues en entier ? sans même parler d’être étudiées ?).
Mais je crois que le plus amusant c’est l’argument du « sanctionner serait injuste par équité avec ceux qui ne se feraient pas prendre ». Il faudrait un bon coup dans la fourmilière et rien que pour ça j’espère bien que ces travaux feront du bruit.
Par contre je déteste cette réaction qui veut qu’on traite de délateur celui qui dénonce, comme s’il faisait là un acte des plus mauvais. Il y a un jour il faudra se rendre compte que celui qui dénonce un problème rend aux intérêts communs contre des intérêts particuliers. S’il le fait avec le bien commun en objectif c’est un acte qui mérite des félicitations et non l’opprobre.
Dernier rebondissement, le maitre de conférences en question vient d’être blanchit d’une accusation de diffamation. Difficile pour ses collègues de se faire pointer comme plagieurs, mais ils vont avoir désormais la vie encore plus difficile maintenant que la justice a refusé de leur donner raison.
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