« J’ai été expulsé d’une place où doivent régner la démocratie et le pluralisme, donc cette démocratie c’est du bobard, ce pluralisme c’est un mensonge.
Il y a sur la place un mouvement de citoyens qui veulent entre autres se réapproprier l’espace politique. Ils avancent effectivement les notions de démocratie et de pluralisme.
Ils ne sont cependant pas la démocratie et le pluralisme. Ils participent à la démocratie en tentant de la faire vivre, et au pluralisme en ouvrant la discussion à d’autres que les personnalités médiatiques habituelles. La nuance est importante parce qu’ils n’ont aucune obligation – pas même morale – de représenter quiconque à part eux-mêmes, juste le devoir de porter leur voix dans un espace qui accueillera aussi celle des autres.
Cet espace, la France, accueille déjà largement Alain Finkielraut, bien plus largement que 99,99% de la population. On ne peut pas dire que la démocratie et le pluralisme soient morts en ne lui donnant pas le micro place de la République.
3– Quand bien même ce serait le cas, accepter ou refuser un dialogue est la décision la plus habituelle, la plus banale, d’un mouvement
— Patrice Lamothe (@patricelamothe) 17 avril 2016
Europe 1 rapporte qu’il a pu écouter sans être gêné quand il était à côté de l’AG. L’incident a eu lieu quand il s’en est écarté, de l’autre côté de la place où des groupes disparates traînent, en marge des débats.
Bref, rien qui ne puisse vraiment être imputé au mouvement lui-même. J’ose penser que Jean-Luc Mélanchon à un rassemblement populaire LR ou Marine Le Pen à un rassemblement populaire de gauche auraient été bien plus chahuté qu’ici, où il n’y a eu que des invectives orales.
Même si c’est un événement lié à des individus et pas au mouvement lui-même, j’y vois justement le plein exercice de la démocratie et de la liberté d’expression :
Alain Finkielraut c’est la figure opposée à la plupart des courants qui animent le mouvement. Au delà, c’est celui qui théorise que la foule mène au totalitarisme. Bref, l’antithèse de ce que les rassemblés à la place de la République tentent de construire.
Nous ne sommes pas ici dans une opinion divergente menant à débat, mais dans l’opposition même à l’idée de construire le débat sur la place.
D’autant que je ne venais que pour écouter, je ne venais même pas pour intervenir et pour faire valoir mes idées mais on a voulu purifier la place de la République de ma présence et donc j’ai subi cette purification, avec mon épouse »
Le choix des termes n’est pas un hasard. Quelqu’un d’habité à lancer des polémiques, qui croit profondément que ces rassemblements sont dangereux et ne sont pas un espace de débat… étrangement il en sort une polémique et une position dans laquelle il peut dire qu’il est victime de la foule, que le rassemblement n’est pas sain.
Chacun a joué le jeu qu’on attendait de lui, et tout le monde y a perdu. Je ne dis pas qu’il y a de quoi être fier de ce qu’il s’est passén ou que ces insultes et invectives sont acceptables. De là à transformer le pyromane en victime, il ne faudrait pas trop se laisser abuser.
1– Sur le fond, que les vieux médias fassent un sujet de l’exclusion d’un #Finkielkraut a quelque chose de crépusculaire
— Patrice Lamothe (@patricelamothe) 17 avril 2016
Le principe même que ce léger fait divers fasse l’actualité montre que quelque chose cloche bien plus profond.
Sérieusement, on est en train de faire la une de tous les médias parce que quelqu’un s’est fait insulté en marge d’une manifestation politique ?
Il semble surtout que ce soit un sujet parce que c’est lui, qu’il appartient aux personnalités et aux sphères médiatiques, et que leur montrer une opposition à eux, que de ne pas les considérer au centre du débat, voire les en exclure eux, ça c’est scandaleux. Ne serait-il pas plutôt là le sujet ?
Finalement tout ça est diablement intéressant, mais à condition de ne pas s’arrêter au premier degré du fait divers.
5– Les habitués de médias réagissent pourtant tous comme si c’était leur micro ou leur édito qu’on avait coupé.
— Patrice Lamothe (@patricelamothe) 17 avril 2016
7– Crispation d’une toute petite caste de privilégiés de la parole, qui sent confusément qu’on emporte son droit de colombier.
— Patrice Lamothe (@patricelamothe) 17 avril 2016
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